Homélie samedi 6 oct. 2018

Samedi 6 octobre 2018 [Saint Bruno]

Maison Ste Thérèse (Bruxelles)

 

Jb 42,1-3.5-6.12-17 / Ps1 18 / Lc 10,17-24

 

En méditant ces textes, la première chose que je me suis dit c’est : il en a fait du chemin, notre ami Job, au long des jours, au long des discussions ; il en fait du chemin au cœur de son épreuve.

 

Et voilà que ce matin il nous est donné à entendre combien sa vie redevient féconde ; ou plutôt, combien dans la reconnaissance de la grandeur de Dieu et dans cette évidence, désormais, pour Job, de faire retour vers lui – de faire retour vers Dieu –, combien la vie est féconde, à profusion. Dieu bénit Job en réponse à sa prière.

 

Oui, comme dit Job, Dieu peut tout, pour lui rien n’est impossible. Et les pourquoi de cette traversée incompréhensible ne sont plus la question. Job a découvert, il a compris avec le cœur, avec les yeux de la foi, que Dieu est, qu’il est là. Et que seul cela compte.

 

Il lui en a fallu du chemin, il en a fallu à tous des détours – tous c’est-à-dire lui, ses proches et ses amis. Et voilà que la vie est abondante, à profusion. C’est du quasi inimaginable ce qui nous a été décrit de cette vie nouvelle. Et sans doute qu’il entre, notre ami Job, dans la louange, la même louange que celle de Jésus dans l’évangile qu’on vient d’entendre…

 

Avec Job je ne peux pas ne pas penser à celles et ceux que nous rencontrons ou que vous rencontrerez, qui souffrent, qui n’en peuvent plus, qui se demandent quel sens et quelle fécondité à tout cela… C’est à la fin du chemin, comme Job, que l’on peut prendre conscience… Je prie pour que ces malades et ces souffrants ne s’arrêtent pas en cours de route, qu’il leur soit donné de pouvoir aller jusqu’à cette prise de conscience, que pour cela ils rencontrent des témoins qui cheminent avec eux, qui entendent et qui portent leur cri, qui les soutiennent et qui prient pour eux et avec eux.

 

Evidemment – vous m’en excuserez – je pense ce matin au chemin que je fais avec le Seigneur depuis de longs mois, avec ces mêmes questions que Job et que tant d’autres malades, cette même question du sens, cette question aussi de la fécondité d’un ministère qui n’est plus dans nos catégories habituelles et spontanées du don de soi. Et comme Job, il s’agit d’entrer dans la confiance et la reconnaissance qu’on ne peut pas comprendre, et que ce n’est plus la question. Comme Job entrer dans la reconnaissance seule que Dieu est là et que cela seul compte. Que là sera toute fécondité…

 

Sur ce chemin on peut faire siens les mots du psalmiste : « Apprends-moi à bien saisir, à bien juger : je me fie à tes volontés » ; apprendre à consentir à ce qui est donné chaque jour, pour entendre, là, la volonté du Père. Et reconnaître, alors, comme le psalmiste : « ainsi, ai-je appris tes commandements », ainsi ai-je appris ou redécouvert combien toujours, en toute situation, on peut apprendre à aimer et se laisser aimer… « Aimer Dieu et son prochain comme soi-même »…

 

Et au cœur de cette traversée, pouvoir alors s’écrier, comme le psalmiste encore : « Je suis ton serviteur, éclaire-moi » ! ... « Non pas ma volonté, Père, mais ta volonté »…

 

Le chemin qui est à vivre, le chemin que vous aurez à accompagner pour les souffrants à qui vous serez envoyés, c’est celui de la confiance. L’enjeu il est de croire, d’entendre aussi – mais pas intellectuellement, avec le cœur –, l’enjeu il est de croire et de faire siens ces mots de Jésus qu’il adresse aux 72 : « absolument rien ne pourra vous nuire... réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux »… Il le leur dit à propos de la mission, mais c’est vrai aussi de notre vie, notre spirituelle, c’est vrai de notre vie avec lui…

 

Alors j’aimerais juste, ce matin, que nous laissions résonner ces mots en nous, pour qu’ils s’inscrivent en nous, pour la mission comme pour nos combats spirituels à venir : « absolument rien ne pourra vous nuire… réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux »… Seul cela compte, non pas nos réussites, vivre cette bonne nouvelle et permettre à d’autres de le croire, malgré ce qu’ils traversent, au cœur de ce qu’ils traversent.

 

Alors nous pouvons et nous pourrons rendre grâce, exulter de joie avec Jésus et proclamer la louange de Dieu. C’est le mouvement même de ce que nous vivons et célébrons à chaque eucharistie.

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