Trois prêtres au service du Haut-Grésivaudan

Paraît aujourd'hui dans le Dauphiné Libéré un article sur les trois jeunes prêtres du Touvet, dans un dossier sur la question de l'avenir des communautés catholiques dans notre diocèse et de la baisse du nombre de prêtres.

L'article sur ce qu'à trois nous allons essayer de vivre dans cette vallée du Haut-Grésivaudan est plutôt pas mal, même si des fautes importantes traînent par ci par là ; par exemple : quand la journaliste dit que nous gagnons 800 euros et qu'il faut donc avoir la foi, il a en fait été dit qu'on gagnait en gros 900 et quelques euros, plus le logement de fonction, donc un gros SMIC, que certes ce n'est pas forcément beaucoup au regard des années d'études et du taux de travail horaire dans la semaine, mais que ce qui comtpe c'est bien notre foi ; par exemple encore quand elle dit que les trois "pôles" - je vais y revenir - sont Crolles, Pontcharra et Domène, il faut en fait lire Crolles, Pontcharra et Allevard ; enfin quand elle écrit que notre expérience est un laboratoire expérimental et qu les maires ne sont pas contents, elle fait un amalgame entre cette expression utilisée par notre évêque lors de notre envoi en mission et le fait que ça bouscule les habitudes que nous habitions tous les trois sur le même lieu et qu'à ce propos là le maire de Theys - où j'habitais avant - n'avait pas forcément été très content que je déménage au Touvet, perdant ainsi le curé sur sa commune... Ce sont donc quelques raccourcis...

Je profite, du coup, de cet article de ce jour pour publier ici le témoignage donné à La Salette, il y a 15 jours, que tel ou tel délégué au rassemblement me demande. Voici donc quels furent mes mots :

"Il y a 15 jours à Goncelin - le 11 septembre - les trois paroisses du Haut-Grésivaudan étaient en fête. Une belle fête. Nous étions invités à entrer ensemble dans une nouvelle dynamique. "3 prêtres pour 3 paroisses et 3 pôles". Trois prêtres nommés ensemble au service d'un doyenné - les trois paroisses nouvelles de la vallée. Quel est l'enjeu : (1) mutualiser nos forces, (2) nous soutenir les uns les autres alors que le risque est d'être de plus en plus isolé dans nos grandes paroisses, et (3) valoriser nos charismes - tout le monde, comme prêtre, n'a pas le même profil, ni les mêmes savoir-faire ou les mêmes talents.

Concrètement, ces trois prêtres que nous sommes, avec Philippe Rey et Thibault Nicolet, sont invités à vivre sous le même toit, à la cure du Touvet, au centre du doyenné. Nous ne nous srions pas forcément choisis. Et la vie commune n'est pas forcément évidente... Nous nous sommes donc posé la question : qu'est-ce qui nous rassemble ? Et il apparaît qu'un des enjeux pour nous est de fonder notre vie ensemble et notre mission dans le Christ lui-même et dans la prière. Concrètement nous avons donc commencé par trois jours au Carmel - de Surieu, au sud de Vienne - ; concrètement encore nous prions tous les matins les laudes, précédées d'un temps d'oraison en silence ; nous faisons aussi le choix d'un temps d'adoration, en soirée, une fois par mois, et d'un temps de travail et de célébration de l'eucharistie, chaque semaine, le vendredi matin ; enfin, à chaque temps liturgique important nous prendrons une journée de récollection, ouverte à tous les paroissiens qui le souhaitent.

Nous sommes nommés ensemble, au service du doyenné, mais chacun a une responsabilité territoriale propre, chacun sera référent d'une des paroisses et plus particulièrement d'un des trois pôles. Car notre vallée s'organise en 3 paroisses et en 3 pôles de vie, ou bassins de vie, que sont Crolles, Allevard et Pontcharra.

Le constat est le suivant : certes il y a une baisse du nombre de prêtres mais ce sont aussi nos communautés qui s'amenuisent ou qui fatiguent. De plus, le rythme, notamment des parents, a changé, marqué par une certaine irrégularité due à plein de facteurs. On sent dans le même temps une aspiration forte à des messes qui soient dynamisantes et ressourçantes - ce qui fut pour beaucoup le cas de la messe de rentrée du doyenné, le 11 septembre. La proposition que nous faisons : favoriser trois lieux, trois "centres" qui correspondent aux bassins de vie, nos fameux 3 "pôles" qui soient des lieux ressources qui rassemblent, qui soient dynamisant, et où l'on trouve l'eucharistie chaque semaine. Concrètement : le dimanche matin, il n'y aura plus qu'une messe sur chacun de ces pôles (même si pour l'heure, on garde une alternance Allevard et St Pierre d'Allevard). Sur ces lieux là on trouvera aussi la catéchèse mais  également l'accompagnement des demandes de sacrements, des propositions de ressourcement et de formation pour les équipes qui assurent un service. C'est aussi sur Crolles et Pontcharra qu'on trouve actuellement des choses comme le parcours Alpha...

Vous allez me dire : et le reste, et les villages ? C'est bien toute la question et un des enjeux... La catéchèse sera aussi assurée dans les relais et les communautés qui la vivent déjà. Et il y aura quelques messes, de temps en temps, qui tournent le samedi soir. Maisil est vrai que cela ne suffit pas... Que proposer ? Que vivre ?

Comme les prêtres de La Mure et alentours, nous pourrons visiter les villages et reconntrer alors, avec les membres des équipes relais, tous ceux qui le souhaitent. Mais plus fondamentalement, j'ai cette intuition, qui rejoint des demandes de personnes engagées et mêmes d'autres qui sortent par exemple d'un parcours Alpha, que ce que nous allons vivre entre prêtres, et la réflexion qu'on a eue de savoir ce qui nous rassemble, cela ne serait-il pas transposable, à un rythme propre, à nos communautés, que ce soit dans les villages mais aussi dans les quartiers de nos pôles ? Ne pourrait-on pas former des petites "communautés de base" ou "fraternités de foi et de vie" autour du partage de la Parole et des questions que nous portons, avec la dimension convivilaité et échange de nouvelles et la prière ensemble et les uns pour les autres ? Il me sembel que dans de telles "équipes" on pourrait vraiment avoir le souci des uns et des autres, y compris celui de s'emmener à la messe pour se retrouver avec les autres, le dimanche, sur les pôles. Alors nous serions dynamisés ensemble.

Tout cela est en chantier... Et ce n'est pas sans tout un tas de questions. C'est clairement une conversion à vivre - y compris pour nous prêtres. Tout reste ouvert, dans cette écoute des besoins des uns et des autres, avec ce réalisme de regarder ce qui est faisable. Il ne s'agit pas de restructurer nos paroisses mais bien de vivre et de voir, au coeur de ce que nous vivons, ce qui est en germe.

Trois prêtres, donc, au service de tout cela... !"

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