Danser au bord de l'abîme

 

Un roman bouleversant. Un roman d'amour, ou plutôt de désir, l'histoire d'un vertige qui vous prend, et de ceux qui restent. Oui, l'histoire de ceux qui restent car c'est l'histoire aussi d'un deuil. Et même de plusieurs deuils. Bouleversant.

Elle s'appelle... on le saura assez tard... Elle est mariée à Olivier. Ils s'aiment. Ensemble ils sont parents de Manon, Louis et Léa. Ils sont visiblement heureux. Elle le dit, d'ailleurs, dès les premières pages : « J'aimais la vie. J'étais l'une de ces femmes heureuses. » Elle allait avoir 40 ans, ils étaient mariés depuis 18 ans.

Elle va nous raconter son histoire. Comme elle nous le dit, elle va transcrire pour nous « l'enchaînement des faits tel qu'il s'est déroulé. [Elle ne commentera] pas l'irrépressibilité de [son] désir – elle est sans doute à chercher du côté du sacré. [Elle veut] juste essayer de démonter la mécanique du désastre. De comprendre pourquoi, plus tard, [elle a] incisé le cœur de ceux qu['elle aimait]. »

Son histoire, leur histoire, Emma nous la raconte en trois tableaux. La brasserie, d'abord, avec ce regard de celui qu'elle va découvrir s'appeler Alexandre. Puis dans ce camping dont il faut dire que c'est un « hôtel de plein air » . Et enfin sur cette route des vins et des châteaux, dans le sud, avec ce qui reste de sa famille. Et ce qu'ils ont à vivre encore.

Le tout, au fil des petits chapitres, comme des ponctuations, ou comme si cette histoire en était un déploiement, une illustration contemporaine et humaine, le récit de La chèvre de monsieur Seguin.

Vous ajoutez sa mère, le deuil de son père, celles et ceux qu'elle va croiser dans sa chute.

Et c'est bouleversant, entre puissance du désir et fragilité de nos existences.

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Grégoire Delacourt, Danser au bord de l'abîme, JC Lattès éditions, 320 pages, janvier 2017.

 

 

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