Homélie dimanche 26 janvier 2014
3ème dimanche du Temps Ordinaire / Année A
St Marcel-Bel-Accueil [avec baptême] / Maternités catholiques (dim. soir)
Is 8,23b – 9,3 / Ps 26 (27) / 1Co 1,10-13.17 / Mt 4,12-23
Vous l’aurez remarqué, l’évangile qu’on vient d’entendre reprend mots pour mots l’annonce qui nous a été faite par Isaïe dans la 1ère lecture et que nous avons d’ailleurs déjà entendue il y a quelques semaines, au cœur de la nuit de Noël ; comme s’il s’agissait d’une nouvelle, une bonne nouvelle, qui n’est pas si facile à faire descendre en nous, comme si nous aurions du mal à y croire pour de vrai. Il faut l’entendre et la réentendre… Cette bonne nouvelle, quelle est-elle ? Au cœur des ténèbres, les ténèbres de nos vies et de toute vie, nous dit Isaïe, il y a une lumière, une présence. Elle nous est promise, elle est là. [C’est la lumière que Timothée recevra tout à l’heure, ou plutôt c’est la présence que cette lumière qu’il recevra tout à l’heure veut signifier. Quelle présence ?] Nous croyons qu’elle dit quelque chose de Jésus, Jésus qui se tient là à nos côtés ; Jésus qui a promis à ses disciples, après la résurrection : quoi qu’il arrive, je suis avec vous pour toujours…
Au cœur de ce que la vie nous donnera à traverser, il y a une présence, une lumière, à laquelle nous allons pouvoir nous accrocher ; il nous faut l’entendre et le reéentendre encore et toujours. Parce que la vie pourrait parfois nous engloutir et nous faire perdre cette confiance là. Il n’y a qu’à entendre les cris de révoltes contre Dieu quand le mal est trop fort ou qu’il est incompréhensible. Qui de nous ne serait pas tenté de dire à Dieu qu’il y a là des injustices flagrantes, que certains n’ont pas mérité tout ce qui leur tombe dessus ? Je crois que je comprends très bien ces révoltes là, je comprends qu’on puisse en vouloir à Dieu. Sauf que je crois aussi qu’il n’y peut souvent pas grand-chose si ce n’est traverser tout cela avec nous… [Tout à l’heure, dans quelques instants, le geste de l’imposition de la main nous dira cela : l’Esprit est donné, l’Esprit qui est la force de Dieu, sa présence, mais il est sans cesse à accueillir, et sans cesse il nous faudra apprendre à discerner ce qu’il nous souffle. Et bien souvent, c’est après coup que nous prendrons conscience que dans telle rencontre ou tel événement ou telle intuition de vie profonde en nous, Jésus était là, sa présence qu’est l’Esprit Saint était là…]
La venue de Jésus au milieu de nous veut témoigner de cette espérance avec force. Non seulement il est mort lui-même dans la souffrance, la souffrance de la croix et la souffrance du rejet de presque tous ; mais en plus, il a été un témoin en actes, tout au long de sa vie, d’un Dieu qui veut nous relever, un Dieu qui veut nous réconcilier avec ce que nous vivons, un Dieu qui nous aime malgré toutes nos incompréhensions de la vie. Et un Dieu qui veut combattre le mal, mais pas de façon magique, grâce à ce que nous serons les uns pour les autres, et grâce à notre désir de lutter à notre mesure contre toute forme de mal, [ce que nous allons redire tout à l’heure, juste avant que je baptise Timothée].
Je crois et j’ai fait l’expérience que la présence mystérieuse et si peu palpable de Jésus peut de fait éclairer notre vie et nous soutenir dans nos épreuves. Avec lui nous pouvons découvrir qu’au cœur des ténèbres il y a toujours et malgré tout un petit quelque chose qu’on ne pourra pas nous enlever, cet essentiel qui peut nous faire vivre et nous faire tenir…
C’était la 1ère bonne nouvelle de ce texte. Mais il nous dit aussi une deuxième chose capitale ; c’est la suite de notre texte avec l’appel des 1ers disciples. Pour avancer sur le chemin de la vie et de la foi, et pour tenir au milieu l’épreuve ou du le doute, nous avons besoin les uns des autres, nous avons besoin de témoins en actes de la présence du Christ à nos côtés. Nous pouvons dans la prière faire l’expérience qu’il est là, mais ça ne suffit pas toujours ; nous avons besoin, je crois, que d’autres nous aident à voir et à sentir la vie autour de nous et la vie en nous, et au cœur de cela, cette présence de Jésus. Ce sont deux dimensions complémentaires et indissociables. Il nous faut prier pour ceux qui traversent l’intraversable de la maladie ou ceux qui traversent l’épreuve du doute ou du non sens de leur vie, mais il nous faut aussi être là à leur côté, concrètement, et vivre pour eux des gestes de tendresse et de consolation, en témoins de la présence de Dieu pour chacun.
C’est la mission que nous avons tous reçue au jour de notre baptême. [Ce sera pour une part le sens de l’onction de saint chrême, tout à l’heure pour Timothée ; pensez aussi à cette petite flamme fragile qu’il recevra à la fin de cette célébration, cette petite flamme fragile allumée au cierge pascal qui veut signifier que nous sommes appelés à devenir lumières les uns pour les autres, comme le Christ, cette petite flamme qui dira aussi combien notre foi peut être fragile et combien elle a besoin d’être protégée, entourée, pour qu’elle puisse rester vive et allumée.]
Nous avons besoin les uns des autres ; c’est ce que nous dit notre texte aujourd’hui avec cet appel des 1ers disciples, ceux que le Christ fait pêcheurs d’hommes. Il nous faut comme eux apprendre à lancer nos filets autour de nous pour que ceux qui nous entourent soient repêchés quand la vie pourrait les engloutir ; il nous faut oser nous lancer pour risquer notre présence auprès de ceux qui ont besoin d’une présence aimante et consolatrice…
Vivre c’est une aventure, c’est parfois une traversée. Mais soyons assurés, vraiment, que le Christ est là avec nous, et aussi que nous pouvons compter les uns sur les autres. Essayons, à notre mesure, d’être de ces témoins là… Et que cette eucharistie qui nous rassemble [et que Timothée recevra un jour à son tour] soit vraiment nourriture pour la route, qu’elle nous donne d’accueillir et de vivre de la tendresse du Père que Jésus veut nous offrir et qu’il nous appelle à transmettre au nom de notre baptême.