Cri du pauvre, cri de Dieu

Cri du pauvre, cri de Dieu

Ces pages sont très belles. Et comme toujours avec Jean Vanier à la fois simple et limpides et en même temps si profondes...

Pour qui connait ses écrits et la spiritualité des communautés de l'Arche ou pour qui a déjà entendu Jean Vanier parler de ce qui est vécu à l'Arche avec les personnes porteuses d'un handicap mental et comment cela vient éclairer sa foi, rien de bien nouveau. Et en même temps c'est toujours bon à relire, à réentendre...

Au vu de l'âge du fondateur de ces communautés de vie avec les personnes handicapées mentales, ces pages sonnent comme un testament spirituel, une sorte de synthèse de sa foi, de ce qu'il a vécu et de comment ces rencontres viennent éclairer qui est Jésus pour lui et son message pour nous et comment celui-ci vient donner sens à ce qui se vit au coeur des fragilités de chacun et des rencontres qui révèlent celles-ci.

Le 1er chapitre, notamment, me paraît comme une belle synthèse méditative de la spiritualité de l'Arche, prolongée et développée dans les chapitres suivants. Certains d'entre eux sont clairement un commentaire de chapitres de l'évangile, notamment deux chapitres de l'évangile de Jean auxquels notre auteur se réfère souvent : la rencontre de Jésus avec la samaritaine (en Jn 4, avec le cri de Jésus qui a soif, comme plus tard sur la croix) et l'épisode du lavement des pieds (en Jn 13 ; un geste si important à l'Arche).

Je suis toujours fasciné par cette mise en écho entre la foi de ce prophète qu'est Jean Vanier avec ce qu'il vit et ce qu'il a découvert dans la vie partagée avec les personnes porteuses d'un handicap mental. Et combien cela vient nous éclairer sur ce que veut dire aimer, guérir, pardonner. Mais aussi sur le sens de l'eucharistie ou de la prière. Tout cela est abordé dans ces pages, sans grandes théories spéculatives mais comme le fruit d'une expérience qui se raconte pour nous aider à avancer dans notre propre quête de sens et pourquoi pas de Dieu.

On sent que par ces pages Jean Vanier aimerait que ses lecteurs ou ceux qui vivent un temps à l'Arche, pas forcément chrétiens, découvrent que Jésus peut devenir leur ami, et l'ami de ceux qui souffrent, et qu'une force de vie, une présence, leur est promise, nous est promise à tous, l'Esprit Saint. Mais que cette présente consolatrice, pour la recevoir, encore faut-il reconnaître notre propre vulnérabilité...

Un livre qui se veut donc une méditation spirituelle, un témoignage aussi, et qui devient une sorte de confession de foi, en un Dieu qui est là, un Dieu qui voudrait se faire connaître, un Dieu qui nous laisse libre, un Dieu qui pourtant peut se faire présence aimante et consolatrice au coeur de nos fragilités, un Dieu qui se fait tendresse par les mains qui prendront soin et qui révèleront à l'autre qu'il a de la valeur, qu'il est plus beau qu'il n'ose le croire. Un Dieu qui se livre entre nos mains, pourrait-on dire, même si nous ne le reconnaissons pas ou si nous ne le nommons pas. Un Dieu dont la présence consolatrice qui peut être notre force nous habite et agit par nous. Elle se nomme l'Esprit Saint pour qui est disciple de Jésus. Ce livre dont le sous-titre est "Méditation sur l'Esprit Saint" en est empreint, mais juste en en parlant ci et là, presque l'air de rien... A l'image de cette présence presqu'imperceptible, difficilement explicable, qui nous échappe, mais qui est là, bien souvent sans qu'on s'en rende compte, et qui est promise...

Vous l'aurez compris ces pages sont belles et même bonnes. Elles disent l'essentiel d'une foi à vivre en actes, et d'un appel à aimer, guérir, et se laisser aimer.

---------------

Jean Vanier, Cri du pauvre, cri de Dieu. Méditation sur l'Esprit Saint, Salvator, mars 2016, 118 pages (petit format), 15€.

Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :