15 Janvier 2019
Mardi de la 1ère semaine du Temps Ordinaire
Carmel St Joseph (Bruxelles)
He 2,5-12 / Ps 8 / Mc 1,21-28
J’aimerais m’arrêter quelques instants sur la 1ère lecture, et plus exactement sur un aspect essentiellement…
Je reste toujours spontanément un peu perplexe quand j’entends ou quand je lis ce qui nous a été dit de la souffrance du Christ quand l’auteur de l’épître aux Hébreux écrit : « il convenait que [Dieu] mène à sa perfection, par des souffrances, celui qui est à l’origine de leur salut », à savoir le Christ… Soit on laisse filer, on fait comme si on n’avait pas entendu ou mal compris, soit on est spontanément un peu choqué et on se dit que c’est une théologie particulière et d’une époque et on passe à autre chose, soit il faut qu’on s’interroge. Qu’est-ce que ça veut dire ?
Juste avant ce verset nous avons entendu que Jésus est « couronné de gloire et d’honneur à cause de sa Passion et de sa mort. Si donc il a fait l’expérience de la mort c’est, par grâce de Dieu, au profit de tous. » On a ici la clé pour comprendre et surtout pour entendre en quoi il y a une Bonne nouvelle à trouver et plus encore à recevoir.
Je reviens à mon verset problématique : « il convenait que [Dieu] mène à sa perfection, par des souffrances, celui qui est à l’origine de leur salut. » Dans ces mots on retrouve l’expression des évangiles « il fallait que le Christ souffrit tout cela, qu’il meurt et qu’il ressuscite au troisième jour », verset que l’on trouve par exemple en Lc 24, sur le chemin d’Emmaüs, de la bouche même de Jésus. « Il fallait »… « il convenait que [Dieu] mène à sa perfection, par des souffrances, celui qui est à l’origine de leur salut. »
La question que cela pose c’est de savoir si le Christ aurait pu ne pas souffrir pour nous conduire au salut. C’est du moins celle que nous nous posons assez spontanément, je crois. On y entend la question de savoir si la souffrance est un chemin indispensable, incontournable, pour notre salut… Question terrible…
On a pu faire cette lecture là au nom du fameux « prendre sa croix » pour suivre le Christ.
Et la réponse, de fait, c’est bien que la souffrance était inévitable. Mais attention, pas d’abord la nôtre, en ce monde, mais bien celle du Christ. Et je ne dis pas « indispensable » ou « incontournable » mais « inévitable ». Il y a une petite différence qui est en fait de taille. Et c’est « inévitable » par consentement libre. C’est-à-dire qu’il ne pouvait pas en être autrement et que Jésus le sait, du moins il l’assume !
C’est inévitable pour au moins trois raisons :
Voilà ce que j’avais envie de vous partager ce soir… Parce que je crois que dans ces quelques mots de l’épître aux Hébreux c’est tout le mystère de l’incarnation qui se dit déjà, le mystère de toute vie traversée et questionnée par le mystère du mal et de la souffrance. Et c’est finalement le mystère de notre salut qui nous est déjà annoncé. Ce que nous célébrons ce soir encore dans cette eucharistie.
Nous rendons grâce pour la vie de Jésus et le don de lui-même, jusque dans nos souffrances, pour les porter avec nous en les traversant comme nous, chemin de mort et de résurrection.