Homélie mardi 8 janvier 2019

Mardi de la semaine après l’Epiphanie

Carmel St Joseph (Bruxelles)

1Jn 4,7-10 / Ps 71 / Lc 6,34-44

 

Ces textes, il me semble que nous les connaissons plutôt très bien – je pense. Et on pourrait sans doute en tirer pas mal de choses pour notre vie spirituelle et pour notre agir concret. Mais la question que je me suis posé c’est de savoir pourquoi ces textes là pendant cette semaine après l’Epiphanie, qu’est-ce que ça nous dit de ce temps de Noël.

L’Epiphanie c’est la manifestation de Dieu – vous le savez –, c’est l’ouverture des promesses de Dieu à toutes les nations. C’est – j’ai envie de dire – l’entrée dans l’incarnation comme mystère qui concerne non pas seulement Israël mais toutes les nations et donc nous tous, nous aussi.

Je fais ce petit détour par des choses bien connues juste pour nous faire remarquer que les pages d’Evangile de cette semaine sont comme des flashes de ce qu’est, justement, l’incarnation, des flashes du pourquoi, du sens, de la venue de Jésus en notre monde et pour notre vie à chacun. Ces textes d’Evangile de cette semaine sont comme une synthèse ou un « teaser », un avant goût, de ce que nous allons déployer et entendre tout au long de l’année :

  • hier c’était l’accomplissement des promesses d’Israël avec la reprise dans l’évangile de la prophétie d’Isaïe 9 que nous entendions dans la nuit de Noël ;
  • aujourd’hui c’est cette page que nous connaissons bien de la multiplication des pains ;
  • demain nous poursuivrons avec la scène de Jésus qui marche sur les eaux et qui invite ses disciples à la confiance, une scène qui est une annonce de la victoire de Jésus sur les forces du mal, ce qu’il dira à la synagogue de Capharnaüm, comme accomplissement – ce sera jeudi – et ce que nous entendrons très concrètement vendredi par un récit de guérison ;
  • samedi, enfin, il nous sera donné de réentendre que nous sommes appelés à devenir Amis de l’Epoux et à trouver là notre joie profonde.

Alors, cette page d’évangile, ce soir, cette multiplication des pains ? J’ai envie de la laisser résonner en écho à la 1ère lecture. Quelques mots, rassurez-vous.

Vous avez remarqué qu’il nous est donné depuis Noël de faire une écoute quasi continue de la 1ère lettre de Jean. Avec aujourd’hui ce passage capital, je crois, qui dit le sens de l’incarnation, ces versets qui disent le pourquoi de la venue de Jésus. Et qui disent en même temps, pour nous aujourd’hui, le pourquoi, le sens, de notre vie consacrée.

Si nous avons donné notre vie au Christ et à l’Eglise, et si nous la donnons ainsi pour le monde, ou si nous discernons où Dieu nous appelle aujourd’hui, c’est au nom de l’amour même de Dieu qui est premier, cet amour qui s’est manifesté par la venue de Jésus, cet amour premier de Dieu pour nous qui est révélé par le don qu’il a fait au monde de son Fils unique.

« Dieu est amour, avons-nous entendu. [Et] Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. » Et St Jean d’ajouter : « Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. »

Tout le mystère de l’incarnation est dit dans ces quelques mots. Dieu nous donne son Fils parce qu’il nous aime. Et c’est bien pour cela que nous avons donné notre vie en réponse d’amour. En réponse à cet amour révélé par Jésus Christ. Et pour vivre l’Evangile à sa suite, vivre l’appel à aimer dont il était question en début de cette même 1ère lecture, car nous avions compris, ou nous pressentions déjà, que là et la clé du bonheur et de la paix pour notre monde, que là serait le sens de notre vie.

Aimer. Aimer l’autre malgré nos manquements à cet appel ; aimer l’autre comme il est, du moins apprendre à l’aimer comme il est, à l’aimer avec le regard même de Dieu, un regard de pardon mais aussi un regard de compassion, comme celui de Jésus dans la page d’évangile de ce soir, un regard qui perçoit les besoins et les attentes, un regard qui se met à l’écoute, un regard qui entend, tout simplement parce qu’il aime, parce qu’il aime gratuitement…

C’est facile à dire, je le sais bien, et c’est vrai que c’est parfois difficile à vivre ou à vouloir vivre. Et Dieu le sait très bien. Il connaît nos cœurs, mais il croit en nous ; et sans cesse il veut nous redire à nous aussi sa confiance, son amour, son pardon. Il a donné pour cela son propre Fils, il l’a envoyé en notre humanité, et lui-même s’offre encore, mystérieusement mais réellement, à chaque eucharistie, il s’offre pour naître et renaître toujours et encore en ce monde et dans nos vies à chacun, il s’offre pour être notre force pour vivre l’Evangile et pour servir la mission, comme les disciples de notre page d’évangile. 

Et ce soir encore, dans cette eucharistie qui nous rassemble, il se livre en nos mains pour que nous soyons et devenions sa présence dans ce monde traversé par le mal et le péché. Que nous le soyons et le devenions à notre mesure mais toute notre mesure, comme nous sommes, mais surtout et toujours en réponse d’amour… Amen.

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