7 Mai 2019
Mardi de la 3ème semaine du temps pascal
Carmel St Joseph (Bruxelles)
Ac 7,51 – 8,1a / Ps 30 / Jn 6,30-35
Dans l’évangile de ce jour les disciples veulent un signe. Pour croire ce que Jésus vient de dire et pour voir qui est celui dont il vient de parler. Rappelez-vous ce qu’on entendait hier, juste avant notre passage de ce soir : « L’œuvre de Dieu, disait Jésus, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé »… Ils veulent donc un signe pour reconnaître cet envoyé, qui est pourtant celui-là même qui leur parle, et pour le croire, lui qui leur parle.
Sacrés disciples ! Ils sont marrants quand même ! Car ils viennent d’en avoir deux de ces signes qu’ils demandent. Deux signes qui leur ont bien montré que Jésus agit au nom du Père. Il y a eu la multiplication des pains puis Jésus qui les a rejoint sur leur barque en marchant sur les eaux.
Mais visiblement ça ne leur suffit pas pour croire, pour comprendre, pour faire le lien entre lui, Jésus, et ce qu’il leur annonce, et entre lui, Jésus, et Dieu qu’il vient pourtant révéler. Comme dira Jésus en Lc 24 : leurs cœurs sont lents à croire !
Le signe que Jésus va leur donner en réponse à leur demande c’est lui-même, ou plutôt c’est une parole où il se révèle, une parole qui est elle-même en réponse ou en écho à la Parole de Dieu que les disciples lui citent : Dieu avait donné la manne au désert, car le peuple avait faim et doutait de son bonté, peut-être même de sa présence ou de sa puissance, oubliant un peu vite la libération d’esclavage et la passage de la mort à la vie par la traversée de la mer Rouge. Désormais, dit Jésus, il y a plus que la manne…
Désormais, Dieu se donne lui-même. Et il va même se livrer aux mains des hommes, jusque dans les nôtres ce soir encore. Dieu se donne lui-même et veut ainsi nourrir notre vie de sa Présence. Jésus est le Pain de Vie, et lui, le Pain de Vie, est en même temps, nous le savons par le même évangile selon St Jean, il est le Verbe fait chair, la Parole de Dieu en personne, la Parole qui est nourriture, Parole de vie éternelle. Et Pierre dira d’ailleurs : « Seigneur, à qui irions-nous, tu as les paroles de vie éternelle »…
C’est là le pas de confiance que nous sommes invités à poser jour après jour. Celui de la confiance, de la foi, en Dieu qui est là, malgré les apparences parfois, Dieu qui se dit et qui nous parle, Dieu qui se rend présent au cœur de ce que nous avons à traverser ou de nos questionnements de vie voire de nos doutes, Dieu qui veut nous nourrir de lui-même, de son amour, pour que nous vivions en vie éternelle, que nous vivions pleinement en hommes et femmes debouts, malgré les épreuves, quoi que la vie nous fasse traverser.
Ceci dit… même en ayant foi en tout cela, ce qui est notre cas, il n’empêche… comment comprendre et entendre la toute fin de notre évangile ? Nous n’aurons plus jamais faim ni plus jamais soif ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Plus faim ni soif de quoi ?
Pour répondre, demandons-nous quelle est la faim profonde et véritable de tout homme et de toute femme ? C’est d’être aimé, tel que nous sommes. Pour le dire avec les mots de Jean Vanier qui est décédé la nuit dernière, c’est d’entendre chacun, au cœur de nos fragilités et peut-être de nos blessures : « Tu es plus beau que tu n’oses le croire ».
Jésus vient révéler l’amour inconditionnel du Père, son amour miséricordieux, cet amour qui ne veut juger personne au sens de le condamner ou de l’enfermer dans ce qui se donne à voir spontanément ou dans les actes mauvais que nous commettons, non, un amour qui veut sauver tous les hommes, qui veut nous libérer des liens multiples et complexes du mal et de la mort.
Et la source véritable qui peut cela, que le Christ promet, c’est l’Esprit Saint, l’Esprit Saint qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, l’Esprit Saint qui est la puissance de Dieu, sa vie, sa force de vie et d’amour.
Puissions-nous le croire toujours, et du coup puissions-nous le demander et l’accueillir, l’Esprit Saint comme cette confiance là, et comme le Christ qui se fait nourriture en se livrant entre nos mains. Puissions-nous le croire, le demander et l’accueillir, pour en vivre. En vivre pour tout-jour – en deux mots – c’est-à-dire en vivre chaque jour et en vivre pour toujours – en un mot –, pour la vie éternelle. Amen.