Homélie mardi 2 juillet 2019

Mardi de la 13ème semaine du Temps Ordinaire

Carmel St Joseph (Bruxelles)

Gn 19,15-29 / Ps 25 (26) / Mt 8,23-27

 

La 1ère lecture de ce jour fait quasiment suite à celle d’hier, la grande prière d’intercession d’Abraham qui fait tout pour sauver les quelques justes de la ville de Sodome et Gomorrhe que Dieu veut détruire à cause de son péché et de ses crimes. En bon oriental qu’il est Abraham a marchandé tant qu’il a pu, mais malheureusement – on vient de l’entendre – Dieu fait périr les habitants de la ville car il n’y a même pas les 10 justes sur lesquels ils se sont mis d’accord Abraham et lui…

A un détail près, qu’on a entendu avec cette lecture et qui nous a été rappelé en toute fin : Dieu ne va pas faire périr tout le monde. Quelques justes sont sauvés, du moins quelques personnes. Quatre, ou plutôt 3, plus exactement. Il y aurait même pu en avoir quelques uns de plus. Les 3 sauvés ce sont Loth et ses deux filles. Qui étaient à Sodome. Avec eux il a failli y avoir la femme de Loth, mais elle s’est retournée alors qu’il ne fallait pas, et il aurait pu y avoir aussi les gendres de Loth et même des fils de Loth – c’est quelques versets avant notre passage, vous irez relire…

Quelques justes, ou quelques personnes, donc, qui sont épargnées. Comme un signe de consolation pour Abraham qui n’a pu sauver la ville et ses habitants. Et plus profondément je crois, comme un signe de ce que Jésus annoncera en sa chair : la résurrection, la vie qui est plus forte que tout mal et que toute mort, la vie qui peut continuer, autrement, mais qui va être re-suscitée, la vie qui va continuer à se transmettre au-delà des apparences immédiates.

Loth et ses deux filles sont donc sauvés. Mais pas magiquement ! Il faut qu’ils partent, qu’ils acceptent de se mettre en route et de faire confiance à la parole qui leur est adressée. Ce qui n’a pas été le cas pour les gendres… Et il leur faut obéir aux instructions qui sont données : il s’agira d’aller de l’avant, d’être tourné vers un ailleurs, tourné vers un avenir promis, sans se retourner vers le passé ni vers ce qui ne sera plus, dans une dynamique de promesse qui est celle qui avait été faite à Abraham et par lui à Loth, dès l’appel d’Abraham en Gn 12. On l’a entendu, la femme de Loth se retourne, elle n’est pas sauvée…

De ce texte et de cette histoire un peu terrible de la destruction de Sodome et Gomorrhe, je retiens pour nous ce signe de compassion qui est donné à Abraham et à nous avec lui, et je retiens cette co-responsabilité qui est la nôtre à notre propre salut. Dieu ne nous sauve pas sans nous, sans que nous consentions.

Aller de l’avant, ce sera pour nous l’appel à suivre le Christ sans retourner en arrière, comme on l’a entendu hier mais aussi dimanche. Ce sera encore apprendre à garder les yeux fixés sur lui, Jésus, comme Pierre qui sera invité à marcher sur les eaux en Mt 14 mais qui manque de sombrer quand il ne regarde plus Jésus mais ses pieds, ou comme Jean nous y appellera au début de son évangile en rappelant l’épisode du serpent d’airain au désert : le signe à fixer, le signe qui nous est donné pour être sauvé de tout mal, c’est désormais la croix, c’est le Christ qui donne sa vie pour nous, ce que nous célébrons ce soir encore et à chaque eucharistie.

Et l’appel c’est bien celui-ci, d’ailleurs : vivre en dynamique de résurrection, dans l’aujourd’hui qui nous est donné mais tendus en avant. Car la résurrection est notre terre promise, elle est notre promesse de vie, notre bénédiction. Rappelez-vous l’appel à Abraham : « Va, quitte ton pays (…) va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Par toi seront bénies toutes les familles de la terre »… c’est-à-dire : « tu seras pour tous une bénédiction »…

Garder les yeux fixés sur Jésus, au cœur des épreuves du mal comme celle de la destruction de Sodome ou comme celle de la tempête de notre page d’Evangile, c’est oser quoi qu’il arrive l’appeler comme les disciples dans le tumulte des vagues et du vent et dans la peur : « Seigneur sauve-moi ». Et c’est croire que Jésus ressuscité est là avec nous, quoi qu’il arrive et malgré les apparences parfois, malgré le silence parfois insupportable de Dieu ; c’est oser toujours et encore ce pari de confiance qu’il est là, oui, et qu’avec lui, Jésus, la vie est et sera malgré tout plus forte que tout mal et que toute mort. Et que de nos épreuves de mort ou de non sens, la vie va continuer, la vie peut être re-suscitée, tel un germe nouveau. C’est promesse, c’est dynamique de résurrection, c’est bénédiction.

Oui, on l’a entendu, la vie est bien là, malgré tout : Loth n’est pas mort et par lui de la vie peut surgir de cette ville pourtant dévastée ; oui, les disciples ont eu peur et pourtant avec Jésus, à sa Parole, la tempête se calme, signe d’un possible pour qui s’en remet à Lui. Et ce seront ses premiers mots de ressuscité : « La paix soit avec vous »

J’entends dans tout ça l’appel pour nous à voir et à recueillir chaque jour les traces de vie qui sont là, je le dis souvent, et à reconnaître comme on l’a chanté avec le psaume l’amour de Dieu qui est là devant nos yeux. Alors, oui, nous pouvons bénir le Seigneur, le bénir chaque jour, quoi qu’il nous arrive et quoi qu’il nous faille traverser, comme le peuvent nos disciples qui retrouvent la paix et comme peut le vivre Abraham dont Loth a été épargné… Amen.

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