Homélie mardi 12 novembre 2019

Mardi de la 32ème semaine du Temps Ordinaire

Sg 2,23 – 3,9 / Ps 33 (34) / Lc 17,7-10

 

Il me semble que l’appel que Jésus nous adresse dans ce qu’on vient d’entendre est plutôt… simple… en tout cas clair ! L’appel à servir. Comme Jésus. Jésus qui s’est fait serviteur.

La question ce sera : serviteur de quoi ? ou : serviteur de qui ? La réponse c’est : de chacun, comme Jésus, et déjà serviteurs du Père qui veut se révéler et se faire connaître, serviteurs du Père en son projet de vie qui s’appelle le salut. Et donc serviteurs du salut dont la résurrection du Christ en est comme une annonce, et même l’annonce par excellence.

Jésus a donné sa vie pour nous, pour notre salut. Il a consenti à passer la mort pour nous ouvrir ce passage-là…

Alors la mort, justement… Il en est question dans notre 1ère lecture de ce soir. La mort qui est spontanément un non-sens, pour beaucoup. Ce que vient justement interroger notre extrait du livre de la Sagesse.

En méditant ce texte, s’est mis en résonnance, en moi, ce qu’Emmanuel nous disait dimanche soir à propos de la résurrection. Et notamment ce verset qui était en finale de l’évangile et qui m’habite depuis : « ceux qui ont été dignes d’avoir part (…) à la résurrection d’entre les morts (…) sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection » … Et Emmanuel de nous dire avec force et conviction – et même avec quelques envolées lyriques, si vous vous rappelez – : Dieu est vie ! Dieu est résurrection ! C’est son identité.

Et comme le rappelle notre texte de ce soir c’est à cela que nous sommes appelés puisque nous sommes créés à l’image de Dieu. C’est cela que nous devons servir. Et pour cela, il s’agit d’entrer dans cette confiance et cette espérance qui est celle, je trouve, de cette 1ère lecture. Certes il y a un non-sens apparent du mal, des épreuves et de la mort, c’est vrai. Mais au cœur de ce non-sens, quelque chose peut se passer, se découvrir et même s’expérimenter, à savoir la vie qui est là, malgré tout, plus forte que le mal et même que la mort.

C’est notre foi. C’est notre espérance. C’est la confiance que nous sommes invités à faire nôtre pour qu’elle devienne un véritable moteur de vie et d’espérance. Même au cœur des épreuves et de l’incompréhensible du mal qui frappe nos vies ou celle de ceux qui nous entourent. La Bonne nouvelle du salut c’est qu’avec le Christ, si nous l’associons à ce que nous traversons, avec le Christ la vie est et sera plus forte que tout mal et que toute mort…

Par contre, la question que beaucoup se posent, et peut-être ça nous est arrivé aussi, la question c’est celle de savoir qu’elle est la part de Dieu dans le pourquoi du mal et de la mort … Est-ce qu’il y est pour quelque chose, par exemple, de ces épreuves auxquelles nous sommes confrontées ? ce que semble dire l’auteur du livre de la Sagesse … C’est une question énorme ! Et franchement, je ne crois pas que Dieu veuille le mal pour nous. En tout cas si jamais ça nous effleurait, n’oublions jamais d’abord que Dieu est d’abord toute bonté et qu’il nous aime. Que c’est premier…

Ce que je crois, c’est que Dieu « permet » le mal et l’épreuve. Au sens où il laisse faire, peut-être même qu’il n’a pas d’autre choix car nous ne sommes pas des poupées ou des marionnettes avec lesquelles il joue ou qu’il protègerait pour je ne sais quelle envie du moment ou comme s’il distribuait des points. Non. Dieu nous aime et il se désole avec nous de ce mal qui frappe nos vies. Et il peut le traverser avec nous, il veut nous y accompagner.

Et alors qu’il est même comme crucifié avec nous il nous dit ces mots qui moi m’ont toujours beaucoup marqué : « Venez à moi vous tous qui peinez, et je vous donnerai le repos » … C’est dans l’évangile de Matthieu. Frère Roger, de Taizé, aimait traduire : « je vous donnerai la paix du cœur » 

Je n’ai pas envie de vous saouler avec ma petite expérience, mais j’ai juste envie que vous entendiez que c’est vraiment vrai. Que Dieu est là avec nous, dans le non-sens du mal qui nous frappe. On voudrait que Dieu agisse dans notre vie à coups de baguettes magiques, comme un magicien qui fait du miraculeux, mais lui il préfère se révéler dans l’intime des cœurs et se révéler comme un ami fidèle qui est là et qui peut nous donner de faire l’expérience de ce qu’est la vraie vie et le salut, la vie avec lui, la vie qui peut-être re-suscitée, suscitée de nouveau, suscitée autrement, mais réellement…

Et le livre de la Sagesse essaye de nous dire cela ; à sa façon c’est vrai, mais c’est bien de cela dont il s’agit quand on nous parle de cette victoire sur les nations de celles et ceux qui en auront été trouvés « dignes ».

« Dignes » pas au sens moral, mais plutôt dans le sens d’une confiance que nous allons décider et essayer de mettre en Dieu ; c’est une question de foi… On va y arriver les uns grâce aux autres, en s’épaulant et en s’aidant à garder confiance, malgré tout. Et on va en faire l’expérience dans la prière, l’humble présence silencieuse, parfois difficile car on se demande où est Dieu et qu’est-ce qu’il fait.

Mais je vous assure que notre fidélité et notre confiance sont récompensées, que l’expérience d’une joie profonde et d’une paix étonnante sont possibles, l’expérience d’une forme de salut et même de résurrection, la vie qui est là, malgré tout, et l’expérience d’être vraiment vivant, vraiment, au-delà les apparences immédiates…

Alors c’est vrai que dans notre texte de ce soir il semblerait qu’il s’agisse plutôt d’une promesse pour l’au-delà. Mais comme nous le disait Emmanuel dimanche soir, cette promesse elle n’est pas à entendre comme une vague consolation pour demain, c’est un appel pour aujourd’hui, dès aujourd’hui, un appel à recueillir la vie qui est là. Dieu est vie ! Dieu est résurrection ! Et Dieu est là.

C’est le mystère que nous célébrons ce soir encore dans cette eucharistie où Jésus se donne et vient nous rejoindre, pour que nous recevions la vie même de Dieu en nous et qu’elle soit notre force dans tout ce que nous avons à vivre. Amen.

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