17 Novembre 2019
Qui est Jésus ? Disciples à sa suite, nous aujourd’hui…
Les notes que j’avais prévues pour mon topo de fin de cet après-midi pour le we TL’AC (Tenter L’Aventure Chrétienne, pour cheminer vers les sacrements de l’initiation chrétienne)...
Rappel : Le peuple d’Israël est un peuple choisi, et même « créé » par Dieu, par appel de Dieu (on parle d’élection), pour être témoin de l’existence de Dieu et de sa présence au milieu des nations.
La foi en Dieu et la compréhension de qui est Dieu, ça s’est fait en étapes :
Ce n’est pas complètement nouveau, c’est un approfondissement de l’Alliance, car déjà pendant l’Exode, pendant la traversée du désert. Le peuple oublie vite que Dieu est là et que Dieu est sauveur. En plus, entre temps il s’est installé, il est arrivé en terre promise. Il ne se laisse plus déplacer et oublie Dieu et ses appels. Il a une terre, il a exigé un roi (pour être comme les autres, cf. 1S 8) et il bâtit un Temple (cf. 1R 8) …
Le Temple c’est important : lieu qui rappelle la présence de Dieu au milieu de son peuple. A l’Exil, avec la destruction du Temple, c’est ça le drame : Dieu n’est-il plus au milieu de son peuple ? Dieu nous aurait-il oublié ou nous aurait-il abandonné ? Se serait-il détourné de nous ? Sauf que… et si c’était nous qui nous nous étions détournés de lui, qui l’avions un peu oublié ? …
On est bien comme ce peuple d’Israël au fil des livres bibliques : notre compréhension de Dieu s’affine petit à petit. Petit à petit on comprend mieux qui il est et comment il se rend présent à notre vie. Comme le peuple aussi on peut s’installer, laisser notre foi prendre ses habitudes ou entrer dans une forme de routine, jusqu’à oublier, oublier Dieu ou oublier de lui faire une place, oublier de vivre ses appels, oublier que ce sont des appels de vie et de bonheur… Et des prophètes vont se lever et essayer de nous réveiller…
Le peuple d’Israël attendant un Messie, qui a été promis par les prophètes. Messie et Christ c’est le même mot, ça veut dire « celui qui a reçu une onction d’huile » de la part de Dieu. Mais un Messie qui soit plus que ceux qui recevaient une onction d’huile, à savoir les prêtres du Temple, les prophètes et les rois que Dieu donne à son peuple. Un envoyé de Dieu lui-même qui vienne les libérer de toute forme de mal. Comment ? Quand ? C’est une question… et le peuple attend…
Nous croyons que Jésus est ce Messie, cet envoyé de Dieu. Et même plus que cela, il est le Fils de Dieu, il est Dieu lui-même qui est venu nous rejoindre pour se révéler pleinement. Pour nous parler d’homme à homme et que nous puissions mieux comprendre qui il est et quel est son projet de vie pour nous. Jésus vient nous révéler qui est Dieu. Il est le prophète par excellence (qui parle au nom de Dieu), le prêtre par excellence (qui fait le lien entre Dieu et les hommes) et le véritable Roi du peuple que Dieu se donne (son chef, sa tête).
Mais à l’époque de Jésus on va se demander : est-ce que c’est lui ou pas le Messie ? On trouve ça souvent dans les évangiles. Et on voit même Jésus dire aux gens qui ont compris de ne pas en parler, que le moment n’est pas venu, comme si les gens n’étaient pas prêts à comprendre qui il est vraiment… Et c’est après sa résurrection que tout s’est éclairé, pour ceux qui voulaient bien croire en cet évènement impossible à vue seulement humaine…
Le Messie devait venir de Bethléem en Judée. Et être descendant de David. Jésus naît à Bethléem. Et par Joseph qui prend Marie pour épouse et qui devient ainsi père de Jésus, il est bien descendant de David. Roi. Mais il va nous révéler que son pouvoir n’est pas dans la puissance autoritaire, elle est autre, dans le service des plus petits et des plus pauvres. Ce qui n’est pas complètement nouveau : déjà les prophètes l’annonçaient…
Le message et la personnalité de Jésus ont dérangé. A la fois le pouvoir temporel, qui a pris peur de cet homme que les foules suivaient (rappel : on est en pays occupé à l’époque, par les romains, les foules qui ont vu en lui le Messie ont pu croire qu’il allait les délivrer politiquement). Et le pouvoir religieux aussi a pris peur : car son message est radical et il va au bout de la logique de qui est Dieu et de ce à quoi il appelle.
Non seulement Dieu aime son peuple mais plus encore il appelle à aimer plus largement, y compris les ennemis. Aimer et pardonner. Parce que Dieu veut sauver tous les hommes. Pas seulement le peuple d’Israël. Et Jésus va même jusqu’à dire que si le peuple ne comprend pas et ne se convertit pas, Dieu laisse libre et se tournera vers celles et ceux qui veulent bien se laisser approcher et connaître de lui…
Sauf que sa mort est une question… S’il est le Messie, pourquoi Dieu a laissé faire ? S’il est le Fils de Dieu, pourquoi ne s’est-il pas sauvé lui-même ? C’est une vraie question !
Ce que je crois c’est que Jésus a épousé notre condition humaine radicalement, il s’est fait homme vraiment, jusqu’à accepter de traverser comme nous le non-sens du mal et de la mort. Et là Dieu le sauve, autrement qu’on aurait cru ou voulu spontanément. Et pour nous c’est pareil. Dieu agit, mais pas comme on voudrait nous et comme on voudrait qu’il nous obéisse. Mais il sauve en nous laissant libre de croire ou pas, pas de façon magique qui en mette plein la vue, non, mais de façon discrète qui s’offre à notre confiance en lui…
Et l’expérience des disciples qui ont été témoins de sa résurrection, après coup, dans une rencontre, c’est que certes c’est impossible à vue seulement humaine et rationnelle mais que c’est pourtant bien réel…
Et d’ailleurs si Jésus est bien le Fils de Dieu et si Dieu est bien Dieu, alors il peut le faire, évidemment… C’est ma foi en tout cas !
Pourquoi est-ce que je vous re-raconte tout cela ? Parce qu’un jour, Jésus a comme annoncé ce mystère, en parlant du Temple… Or le Temple (rappel) : c’est le lieu qui est là au milieu de Jérusalem comme un signe que Dieu est présent, que Dieu est là. Ce jour-là, Jésus a dit : « Détruisez ce Temple et en trois jours moi je le rebâtirai ». Et St Jean d’ajouter : « C’est de son corps dont il parlait ».
Jésus est la vraie présence de Dieu en ce monde. « Vraie » au sens de présence par excellence. Puisqu’il est Dieu lui-même.
Et ça nous concerne nous aujourd’hui, c’est pour ça que je re-raconte tout cela. Ça nous concerne nous aujourd’hui qui sommes là parce que des gens ont fait l’expérience de rencontrer Jésus ressuscité après sa mort, que cette expérience les a libérés de l’effroi dans lequel la mort de Jésus les avait mis, ça les a libérés de la peur d’être mis à mort comme lui, et ils ont décidé de l’annoncer à d’autres. Parce que Jésus le leur a demandé et il les a envoyé en mission pour cela, pour que d’autres après lui et après ses disciples croient ou apprennent à croire qu’il y a bien un Dieu qui est là, qui veut qu’on l’associe à notre vie, qui a un chemin de bonheur à nous proposer et qui veut nous assurer que quoi qu’il nous arrive eh bien avec lui la vie est plus forte que tout mal et que toute forme de mort, même malgré les apparences.
Nous sommes là aujourd’hui parce que ces gens ont cru en sa Parole et ont décidé de l’annoncer…
A la toute fin de l’évangile de Matthieu (Mt 28,19) on peut lire ces mots de Jésus à ses apôtres : « Allez de toutes les nations faites des disciples en les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et en leur apprenant à garder mes commandements. Et moi je suis avec vous pour toujours » …
Baptiser… c’est exactement pour cela que beaucoup d’entre nous sont là et sont en chemin. Nous voulons suivre Jésus, apprendre à le connaître et à vivre ainsi avec Dieu, et nous voulons pour cela apprendre quels sont ses commandements.
Jésus doit devenir le Maître de notre vie. Et il est Maître de notre vie en ce qu’il nous révèle qui est Dieu, un Dieu très aimant, comme un Père très aimant. Et Jésus peut être le Maître de notre vie par son message que nous voulons découvrir et faire nôtre et par sa présence qu’il nous promet, sa promesse de nous accompagner sur notre chemin de vie.
Sa présence, comment ? Par l’Esprit Saint qu’il a promis à ses disciples et qu’il promet à qui le lui demandera. On en reparlera. L’Esprit Saint qui est la vie même de Dieu, son Souffle de vie et d’amour, sa puissance…
Sa présence aussi par le mystère de l’eucharistie… je vais y revenir en quelques mots…
Son message ? C’est justement ces fameux commandements et plus largement toute sa vie, tout ce qu’il est… Nous voulons bien faire de Jésus notre Maître, notre enseignant, notre guide, parce que nous allons découvrir petit à petit que ces commandements, son message, ce qu’on appelle sa Parole, ça concerne notre bonheur, ça concerne le chemin de bonheur que Dieu veut nous offrir et que c’est vraiment source de vie. Alors, oui, nous voulons nous mettre à son école, nous mettre à son écoute, devenir ses disciples.
Et dans cette Parole nous découvrons qu’il nous appelle à devenir ses témoins, à devenir sa présence concrète en paroles et en actes. Pour le dire autrement, à être ses mains qui vont permettre à Dieu de prendre soin, et à devenir comme sa bouche qui va oser des paroles de réconfort et d’espérance.
C’est ça le mystère de l’incarnation !
Nous croyons en un Dieu qui ne reste pas loin de nous, perdu je ne sais où dans les cieux, dans le Ciel, nous croyons en un Dieu qui s’est fait homme pour rejoindre notre humanité et se faire connaître de nous, un Dieu qui a besoin de nous les hommes, aujourd’hui, hommes et femmes, pour continuer de sa faire connaître et pour pouvoir agir et être présent aujourd’hui.
Cf. ce qu’on disait du Temple. J’y reviens encore… Le Temple véritable c’est Jésus. « Détruisez ce Temple et en trois jours moi je le rebâtirai ». Et St Jean d’ajouter : « C’est de son corps dont il parlait ». Et nous qui vivons à sa suite, nous qui voulons l’associer à notre vie, nous qui sommes appelés à communier au mystère de sa présence notamment par le sacrement de l’eucharistie que beaucoup d’entre vous préparent, St Paul dit que nous sommes le Corps du Christ, ensemble, c’est-à-dire sa présence concrète aujourd’hui.
St Paul dit aussi que nous sommes le Temple de l’Esprit Saint. Et avec St Pierre dans une de ses lettres ils vont chacun écrire que nous sommes les pierres vivantes de la Demeure de Dieu, sa Demeure faite non pas de pierres de taille mais de pierres humaines, nous sommes les pierres vivantes de l’édifice que Dieu veut construire et dont le Christ est la pierre angulaire, la pierre de fondation.
Cet édifice c’est l’Église, c’est nous, dont la mission, à la suite du peuple d’Israël, c’est d’être témoin qu’il y a un Dieu, qu’il veut se faire connaître et aimer, un Dieu qui veut sauver tous les hommes.
C’est notre mission, chacun à notre mesure, selon nos charismes, c’est-à-dire selon les talents que Dieu déposera en nous, selon ce que l’Esprit Saint fera en nous ou nous soufflera. Chacun, donc, et ensemble, dans la complémentarité de nos charismes, de nos talents.
Notre mission c’est de poursuivre l’œuvre de Dieu. C’est de poursuivre la mission même de Jésus. Cf. finale de l’évangile de Marc (16,14-20) : annoncer le salut, guérir les malades (le serpent c’est le signe du mal qui se glisse dans notre vie) et pardonner les péchés, etc.
Les apôtres sont appelés à vivre ce que Jésus a vécu. A sa suite. Comme lui. En se mettant à son école. Et par le baptême nous devenons des « nouveaux » Christ, en Jésus mort et ressuscité, avec lui. Et nous aussi nous sommes d’ailleurs marqués au baptême et à la confirmation de l’huile du St Chrême dont le sens c’est de nous dire cela, que nous devenons comme des « nouveaux » Christ. Nous devenons prêtre, prophète et roi (comme ceux qui étaient marqués de l’huile sainte dans le peuple d’Israël, ceux qui recevaient une mission de la part de Dieu ) :
Nous sommes donc le Temple de l’Esprit, le rappel de sa présence, la présence de Dieu. Et nous sommes le nouvel Israël, nous sommes de son peuple, dont la mission c’est de témoigner d’un Dieu qui est là et qui veut se faire connaître, un Dieu qui s’est pleinement révélé en Jésus-Christ, un Dieu qui veut nous sauver (du mal et du péché et de la mort).
Alors… qui est Jésus pour nous aujourd’hui ?
[Quelques mots rapides de conclusion…]
[Petite parenthèse finale]
A Noël… on va fêter sa naissance, sa venue. N’oublions jamais qu’il veut naître aujourd’hui encore à ce monde qui est défiguré par le mal et la violence, il veut se faire connaître aujourd’hui encore pour que Dieu soit révélé, reconnu et connu…
Il vient établir sa demeure en nous, comme il vient prendre naissance en Marie, pour que nous devenions ensemble, en communion les uns avec les autres et avec lui, selon nos charismes et nos talents, que nous devenions ce que nous recevons quand nous communions : lui-même, le Corps du Christ, c’est-à-dire sa présence aujourd’hui pour ce monde, dans ce monde. Que nous y soyons acteurs de plus de justice, de plus de paix, de plus d’amour et de pardon. Comme lui. Et pas juste en comptant sur nos seules forces, non, mais en s’appuyant sur lui et en demandant l’Esprit Saint qui est sa force de vie et d’amour…