Homélie mercredi 4 décembre 2019
Mercredi de la 1ère semaine de l’Avent
Is 25,6-10a / Ps 22 / Mt 15,29-37
J’espère que vous avez faim ! et même une grosse faim ! Car « En ces jours-là, nous a dit le prophète Isaïe en 1ère lecture, le Seigneur Dieu de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viande grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés » … Bon, désolé pour les végétariens…
En même temps, l’évangile a l’air moins prometteur en termes de banquet puisque Jésus partage sept pains et quelques petits poissons… Comme un avant-goût de carême mais qui pourrait mieux satisfaire celles et ceux d’entre vous qui ne mangent pas de viande !
Blague à part, ce que j’entends de ces lectures de ce soir, c’est l’appel à une certaine espérance, et même plus que cela, l’appel à une joie promise. Il n’y aura plus ni deuil ni larmes, dit le prophète Isaïe. Et même la mort disparaîtra – l’emprise de la mort, la mort comme fin de toute vie.
C’est l’attente du salut qui nous est promis. Et nous savons que celui qui vient accomplir cette promesse de vie, celui qui vient, comme a dit le prophète, le Messie espéré par le peuple d’Israël, nous savons, nous croyons que c’est le Christ Jésus, que nous allons fêter à Noël.
Et je suis touché ce soir par ce trait commun de nos lectures et du psaume, ce trait commun qui nous est annoncé qu’est cette compassion du Seigneur, à la fois pour tous les peuples, dans la 1ère lecture, et en même temps pour cette foule qui semble avoir faim, dans l’évangile. Celui que nous attendons et que nous allons fêter à Noël, celui qui nous rassemble à chaque eucharistie, celui qui veut nous nourrir de sa propre vie, c’est le Dieu de compassion. Le Dieu de miséricorde. Et comme dit le pape François, justement à propos de la miséricorde – je le cite souvent pour qu’on apprenne à le retenir–, c’est cet amour qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance.
C’est bien de cela dont il est question dans ces textes, ce soir. Cet amour de Dieu qui console et qui donne l’espérance, cet amour plus fort que la mort, cet amour qui est même une présence qui nous accompagne, pour reprendre l’image du psaume, cette présence qui peut nous guider, comme l’étoile des mages, et nous rassurer, au cœur de nos questionnements et de nos peurs.
Et celui qui vient, nous le savons mais nous n’aurons jamais fini de l’entendre et de le faire nôtre, intérieurement, de l’intégrer avec le cœur, celui qui vient, Jésus que nous reconnaissons come le Christ, le Messie promis, le Fils de Dieu, il vient justement nous révéler que Dieu est un Dieu qui nous aime de cet amour qui veut nous consoler et nous faire entrer en dynamique d’espérance, quoi que nous ayons à traverser et à vivre, cet amour sauveur, c’est-à-dire libérateur de tout mal et de tout ce qui peut nous paralyser ou nous clouer au sol.
Et Jésus nous révèlera même que Dieu a besoin très concrètement que nous le vivions les uns pour les autres. Que nous le permettions pour d’autres, que nous soyons comme les disciples de l’évangile de ce soir à qui Jésus donne le pain rompu pour qu’à leur tour ils le distribuent aux foules…
Je n’ai pas forcément envie d’en dire plus ce soir, peut-être juste laisser résonner tout cela pour que chacun nous nous laissions habiter par cette promesse de vie qui nous est annoncée et promise, cette promesse de consolation et d’espérance.
En nous rappelant qu’à Noël nous entendrons cet autre passage du livre d’Isaïe où on nous redira qu’une lumière se lève au cœur de la nuit, au cœur des nuits que nous traversons peut-être les uns les autres, et au cœur de la violence des hommes, et que cette lumière c’est quelqu’un, celui qu’Isaïe appellera le Prince de la Paix, celui dont les 1ers mots à sa résurrection seront justement cet appel à la paix, cet appel que nous reprenons et réentendons à chaque eucharistie, juste avant de communier.
Puissions-nous vraiment y croire que Jésus est cette lumière promise, pour nous aussi, aujourd’hui, et qu’il veut nous visiter, chacun, aujourd’hui encore, et puissions-nous vraiment y croire que par nous il veut rejoindre ce monde qui a besoin de cette paix promise, ce monde qui a besoin lui aussi de consolation et d’espérance.
Croire que Dieu compte sur nous, qu’il nous fait cette confiance-là, quelques soient nos faiblesses et nos traversées de chaque jour. Et que pour ce faire il se donne lui-même en nourriture pour que nous lui permettions de vivre en nous et par nous, que nous lui permettions d’être en nous ce ferment de consolation et d’espérance dont nous pouvons alors vivre jour après jour, à notre mesure…
Je ne sais pas ce que nous vivons les uns les autres ou ce que nous attendons de Dieu au cœur de ce qui fait notre vie. Tout simplement prenons le temps, maintenant dans le silence, de dire au Seigneur : « Viens, sois ma lumière » [c’est notre thème d’Avent !] ; prenons le temps de déposer auprès de lui tout ce que ces mots d’homélie et surtout ces lectures de ce soir évoquent ou réveillent en nous, et portons-nous dans la prière. Pour que nous entrions tous dans cette joie promise par le prophète Isaïe. Amen.