28 Janvier 2020
A la fois j'ai aimé et pourtant j'ai en même temps été un peu... pas déçu mais... je ne sais trop dire... C'est très beau comme cinéma, la façon de filmer, au plus près des deux personnages principaux qui sont quasiment toujours au centre de l’image, souvent en portrait, ou au travers de ce qu’ils voient eux, avec notamment quelques superbes élargissements de leur regard sur de très beaux paysages ou autres décors ; certaines scènes sont magnifiques dans les visages, les émotions qui passent, ou la lumière. Et la bande son, très belle aussi, du moins de plus en plus intense en émotion et en densité tragique. Avec ce final et ce « chant » du violoncelle absolument superbe.
Et pourtant... J'ai été tendu tout le film... Preuve qu'on est pris par ce qui se passe, argument positif en sa faveur. Mais tendu alors qu'on sait très bien et par avance ce qui va se passer. Et de fait c'est sans surprise de ce point de vue là... Oui il y a des rebondissements, et ça jouait dans le fait que je sois tendu du début à la fin, on se demande comment on va arriver à ce final qui se comprend presque dès le début, à quelques détails près mais un peu cousu d'avance...
Et comment ne pas penser à cet autre film de guerre, Il faut sauver le soldat Ryan qui me revenait en souvenirs, certes flous, mais quand même. Là il ne s'agit pas d'un homme à sauver coûte que coûte, c'est vrai, mais de 1600, mais c'est la même logique : il faut traverser les lignes ennemis, quoi qu'il arrive. Là, en l'occurrence, deux jeunes soldats britanniques, choisis l'un parce que dans les 1600 il y a son frère et l'autre parce que c'est le premier des deux qui a eu le choix de qui il voulait avec lui, mais sans savoir pour quelle mission...
A la fin, en sortant, je me disais : ce film pourrait s'appeler Il faut rejoindre le colonel Mackenzie... Ou Il faut prévenir le lieutenant Blake...
Nous sommes le 6 avril 1917, les allemands ont bien prévu leur coup, ils ont fait croire qu'ils se retiraient d'une position délicate et difficile qui donna lieu à de rudes combats. En face on se réjouit, on se positionne et se déploie autrement pour les avoir, et c'est justement le piège dans lequel il ne fallait pas tomber ! Nos deux jeunes soldats doivent les prévenir avant l'aube, le lendemain matin, que l'opération est annulée et que ce ne soit pas un massacre... Y arriveront-ils ? A la fois à les rejoindre et à temps !? Voilà l'histoire.
Franchement les acteurs de nos deux jeunes héros jouent très bien. George MacKay et Dean-Charles Chapman. Et c'est beau, je le redis. Je ne regrette pas cette plongée, cette immersion (jusque dans la façon de filmer) dans l'univers des tranchées, pour certaines scènes, et dans la peur de l'autre qui peut surgir n'importe quand et de la mort, autre intérêt de ce film, car c'est de fait très bien rendu.
Au presque 2/3 il y a cette scène à la fois magnifique avec cette jeune femme et son bébé, qui permet une vraie pause pour tenir jusqu'à la fin, avec de très belles lumières, mais en même temps un peu étonnante, un hors-du-temps qui ne paraît pas très censé dans cet arrêt qui se prolonge alors qu'il y a urgence à rejoindre ceux qui doivent être prévenus et donc à ne pas s'arrêter en chemin... Mais un instant d'éternité qui fait du bien, un instant d'humanité en fait, au coeur de cette violence qu'est la guerre...
Non, je ne regrette pas même si ça m'a tendu. Preuve, peut-être, que c'est réussi ?! D'ailleurs les critiques sont plutôt bonnes, ce qui ne peut que nous encourager à nous plonger ainsi dans cette expérience terrible de la guerre... Un film de Sam Mendes.