4 Février 2020
Suite au pèlerinage diocésain à Lourdes de juillet dernier où je participais cette année encore comme malade, Relais 38 (le journal officiel du diocèse de Grenoble-Vienne) m’avait demandé un petit article sur les questions de guérison, de prière pour les malades, etc. Celui-ci paraît finalement dans la livraison de ce mois de février, à quelques jours du Dimanche de la Santé, le 9 février, où nous serons invités à prier particulièrement pour et avec les malades et les soignants.
Un encadré complémentaire m’avait été demandé mais n’a pu être joint à l’article, vous le trouvez en bas de ce post’.
Consolation, prière des malades, guérison... Qu’éveillent en nous ces mots et que viennent-ils interroger de notre histoire ou de celle de nos proches ou de notre foi en Dieu ? C’est la question du mal et de la souffrance qui se dit ici, et celle du sens de notre vie. Pourquoi nos vies sont-elles traversées par ce mystère ? Et que fait Dieu ?
Nous en connaissons des malades qui espèrent de Dieu un signe ou un miracle… Et notre vie comme notre foi peuvent se retrouver fortement ébranlées par ce mystère du mal et de la souffrance.
Derrière ces mots il y a des scènes bibliques ou des appels… Isaïe par exemple qui nous dit au nom du Seigneur : « Consolez, consolez mon peuple »… Il y a aussi toutes ces scènes où Jésus guérit les malades… Ou encore l’épître de St Jacques où les disciples de Jésus sont invités à imposer les mains sur les membres malades de la communauté, texte qui fonde notre pratique du sacrement des malades… Jésus, d’ailleurs, n’a-t-il pas envoyé ses apôtres, après la résurrection, annoncer la Bonne Nouvelle et guérir les malades ?
Dans les évangiles ils sont nombreux celles et ceux que Jésus guérit. La plupart du temps, Jésus interroge celui qu’il rencontre : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Appel à mettre des mots sur ce que nous croyons que Dieu devrait faire pour nous… Et souvent Jésus demande à ses disciples qui assistent à une guérison de n’en parler à personne… Car on pourrait le prendre pour un guérisseur. Or il n’est pas venu pour cela…
Rappelez-vous l’épisode du paralytique : on amène un homme à Jésus, il y a trop de monde on le fait passer par le toit. Et là Jésus lui dit : « Tes péchés sont pardonnés ». Mais comme on croit qu’il blasphème, qu’il se prend pour Dieu qui seul peut pardonner les péchés, alors il fait une guérison physique, qui n’était semble-t-il pas prévue, comme un signe que Jésus peut bien faire ce qu’il avait dit : offrir le pardon de Dieu.
Les miracles, les guérisons sont donnés à quelques-uns comme l’annonce d’autre chose qui nous concerne tous : le salut. Et c’est dans la relation à Dieu, dans la foi en lui, la confiance, que nous comprendrons. Voilà pourquoi Jésus demande le silence sur ces gestes qu’il pose. On ne peut entrer dans ce mystère qu’à la lumière de la résurrection. Car le salut est justement résurrection, libération de ce qui entrave notre vie, pas d’abord la maladie ou les infirmités, mais toute peur ou désespérance ou enfermement intérieur lié à notre histoire. Jésus vient offrir une vie re-suscitée, libérée de nos entraves intérieures.
Certes le mal et la souffrance nous empêchent de vivre pleinement. C’est du moins l’expérience immédiate que nous en avons. A plus forte raison dans une société de la performance et de la maîtrise de notre vie. Mais ne pouvons-nous pas faire cette autre expérience de la vie qui est là, malgré tout, qui nous traverse, même quand nous sommes malades ou affaiblis ? Nous avons là à apprendre à voir, à recueillir, ce qui chaque jour est de l’ordre de cette vie qui nous traverse, même imperceptible ou fragile, mais qui toujours est encore là.
Cela n’empêche pas la question de savoir ce que Dieu veut ou ce qu’il fait ou ne fait pas, dans nos épreuves. C’est toute la question du silence apparent de Dieu. Et celle de sa volonté. Dieu ne veut pas le mal, ni ne nous envoie des épreuves. Mais au cœur de cela qu’il permet car il n’intervient pas dans nos vies comme si nous étions des marionnettes, il nous assure de sa présence, il peut être notre force si nous nous appuyons sur lui.
Et Dieu qui est miséricorde est présent. En déposant sa paix en nous, dans la prière, ou par ces frères et sœurs en humanité qui vont être très concrètement ses mains qui vont prendre soin, sa voix qui va oser une parole de consolation ou de réconfort, nous donnant ainsi de retrouver espérance, petit à petit…
Le mal et la souffrance sont un mystère. De la première à la dernière page de nos bibles. La seule réponse de Dieu est son Fils Jésus qui meurt sur la Croix, qui souffre comme nous, de façon radicale. Mais qui atteste par sa résurrection que quoi qu’il arrive la vie est et sera plus forte que tout mal et toute mort. Mystère qui peut devenir moteur de vie et d’espérance pour continuer à croire ou pour prendre soin des malades qui nous entourent, prier pour eux et demander à Dieu, s’il le veut, de guérir telle personne qui en a besoin. Dieu donnera ce dont nous avons besoin, c’est sûr. Mais pas forcément comme nous aurions voulu ou cru.
Dieu entend le cri de celui qui l’implore. Il faut donc crier vers lui. Mais il nous appelle nous aussi, chacun à notre mesure, à y répondre. Dieu peut guérir à qui le lui demanderait, en tout cas soutenir et donner les forces d’avancer. Mais ce sera toujours pour la foi et le témoignage…
L’Eglise propose différentes formes de prière pour accompagner les personnes en situation de souffrance et demander leur guérison au Seigneur : prières de délivrance et de consolation ou prière de guérison ou sacrement des malades. Sans oublier le sacrement du pardon et de la réconciliation.
Prier pour ces diverses situations c’est demander au Seigneur ce que l’on croit important pour nous. Lui répondra en son temps, comme il le sait bon pour nous, selon nos besoins les plus profonds, nous donnant la force qu’il faut pour apprendre à consentir à la vie qui est là. Et il agira aussi par celles et ceux qui vont prendre soin de nous et prier pour nous.