Chris.D.+

Homélie mercredi 5 février 2020

5 Février 2020, 18:36pm

Publié par Christophe Delaigue

Mercredi de la 4ème semaine du Temps Ordinaire

2S 24,2.9-17 / Ps 31 (32) / Mc 6,1-6

 

Je ne connaissais pas Hippolyte, comme un certain nombre d’entre vous. Mais forcément que son départ violent et la tristesse ou l’émotion que ça provoque chez ceux d’entre vous qui l’ont connu, notamment en coloc’, forcément ça ne peut pas laisser indifférent mon cœur de prêtre et d’homme.

Et en priant ce matin les textes qu’on vient d’entendre, j’étais comme ramené sans cesse à lui et à vous.

Plusieurs choses m’ont frappé et m’ont habité de ces textes : d’abord la miséricorde de Dieu que confesse David dans notre 1ère lecture. « La grande compassion de Dieu », pour reprendre les mots de David, sa foi en cette compassion, certes qui ne fait pas comme si nos actes n’avaient pas de conséquences – nos actes et le mal que ça provoque – mais cette miséricorde quand même qui est présence, pardon pour qui veut bien s’y ouvrir, et consolation…

Ce qui m’a habité encore c’est la finale du psaume. Certes on est là aussi, dans la suite de la 1ère lecture, dans un appel au pardon, un cri de confiance en cet amour miséricordieux du Père pour nous, et donc, je le crois, pour Hippolyte – et nous prions pour cela –, mais ce que j’ai entendu de ces quelques versets que je vais vous relire c’est vraiment une confiance en Dieu qui est là, j’ai envie de dire qui est là malgré tout, malgré le flot des émotions et peut-être des questions qui peuvent nous habiter face au non-sens de la mort, et plus encore de la mort violente et la mort d’un jeune.

Que nous dit ce psaume ? « Chacun des tiens te priera [Seigneur] aux heures décisives, même les eaux qui débordent ne peuvent l’atteindre. Tu es un refuge […], un abri dans la détresse » 

Est-ce que nous avons cette confiance-là en Dieu ? Est-ce que nous entendons comme une Parole de Vie cet appel à nous réfugier en lui ? Non pas pour fuir la dure réalité, comme une vague consolation, non, mais bien parce que nous croyons que Dieu est là avec nous, quoi qu’il arrive, comme Jésus l’a promis à ses proches après sa résurrection, qu’il est bien là avec nous au milieu des tempêtes de nos vies et qu’il peut faire taire le vacarme des vagues, comme Jésus le fit lors de l’épisode de la tempête apaisée…

On a l’impression parfois que Dieu n’est pas là, qu’il se tait, comme ce jour-là dans la barque. Et pourtant il est là avec nous, mais nous laissant libre de l’associer à ce que nous traversons, nous laissant libres de crier vers lui.

C’est vrai que ça ne produira rien de magique, d’extraordinaire qui en mette plein la vue. C’est vrai que ça n’efface pas ce qui se vit pour revenir avant, comme si rien n’était. Non, c’est vrai. Mais il peut se jouer là, pour nous, quelque chose de l’ordre d’une consolation. Dans la prière, je le crois vraiment, mais aussi par le soutien concret que nous sommes les uns pour les autres. Et qui vient dire quelque chose du poids de la vie et du sens de cette vie.

Voilà la 3ème chose qui m’a habité, avec l’évangile qu’on vient d’entendre. Qui est résumé à sa façon dans cette remarque que Jésus se fait et qui est peut-être comme une question pour nous ce soir : Jésus, nous dit le texte « s’étonna de leur manque de foi » 

Je le redis : est-ce que nous croyons que Jésus est avec nous dans nos traversées ? Est-ce que nous osons lui faire cette confiance-là et nous réfugier en lui pour lui demander sa force et sa lumière, pour lui demander sa paix aussi, et pour entendre avec lui que le mal et la mort n’ont pas le dernier mot de toute vie, même malgré les apparences, entendre qu’avec lui la vie est plus forte que la mort qui devient passage, entendre qu’il est vainqueur et qu’il veut et peut nous accompagner au cœur de nos désespérance.

Et que ça n’est pas que des mots, mais notre espérance, pour vivre. Que c’est vrai pour nous, ici-bas ; preuve en est c’est que la mort violente nous met en tristesse et que le mal-être profond de certains jeunes qui ne trouvent pas sens ou force à vivre peut nous révolter ou nous laisser sans-voix et dans le doute ; en fait ça dit le prix de la vie auquel nous croyons.

Et notre espérance elle est aussi pour celui qui meurt, appelé à entrer pleinement en vie éternelle avec Dieu, s’il accepte de se laisser accueillir dans la miséricorde du Père, son amour qui pardonne et qui veut sauver tous les hommes.

Nous prions ce soir pour tout cela. Pour Hippolyte, et pour nous-mêmes. Nous demandons au Seigneur de nous révéler tout particulièrement ce soir, au plus intime de nous-mêmes et peut-être de façon renouvelée, nous révéler ce soir encore sa présence et son amour qui console.

Que cette eucharistie nous donne de faire vraiment nôtre ces mots du psaume : « Chacun des tiens te priera [Seigneur] aux heures décisives, même les eaux qui débordent ne peuvent l’atteindre. Tu es un refuge […], un abri dans la détresse » ...