Chronique spi (3) du « Midi avec Vous » de RCF-Isère

Chers amis auditeurs de RCF-Isère,
Dimanche nous fêtions la Pentecôte. Le don de l’Esprit Saint, la force de vie et d’amour de Dieu que Jésus promet à ses disciples pour devenir ses témoins.
Or à peine avons-nous célébré cet inouï que nous voilà déjà revenus dans ce temps liturgique que nous appelons « Ordinaire ». Comme si nous passions à autre chose ayant ainsi conclu le temps pascal.
Or comment faire pour vivre cet ordinaire des jours si ce n’est en nous laissant conduire par Dieu lui-même, à l’écoute de ce qui Souffle en nous ? Et comment se laisser conduire par Dieu lui-même si ce n’est en accueillant sa Présence au cœur de nos jours, bien ordinaires ? Et sa Présence, qu’elle est-elle si ce n’est cet indicible en nous qu’est justement l’Esprit Saint, Présence de Dieu promise par le Christ ressuscité avant son retour en Gloire au Père, Présence qui est ce don par lequel lui-même est désormais présent pour toujours et pour chaque jour…
Ce temps de l’ordinaire de nos jours avec Dieu n’est pas si ordinaire que cela cette année. Car il coïncide avec cette étape nouvelle de déconfinement dans laquelle nous sommes entrés cette semaine, avec notamment la vie qui reprend dans l’espace public grâce aux terrasses de café et aux restaurants qui peuvent désormais nous accueillir de nouveau et qui donnent à la vie de reprendre de façon plus manifeste. Et vous l’avez sans doute expérimenté : oui, nos villes reprennent vie.
En fait, c’est juste la vie ordinaire qui reprend. Mais elle a saveur particulière je trouve. Et j’ai envie qu’on se laisse interpeler spirituellement par cela… Je m’explique…
Comment allons-nous recueillir la saveur de chaque jour, dans ce que Dieu va nous donner de vivre ? Comment recueillir chaque jour ce qui, dans l’ordinaire des jours qui se suivent, est de l’ordre de cette vie qui nous traverse ?
Peut-être avions-nous goûté un peu de cela pendant le confinement en apprenant à nous réjouir tout simplement de ce qui était bon, même presqu’insignifiant en apparence mais qui prenait saveur toute spéciale en ce temps lui-même tellement étonnant ? Comment continuer à récolter ces petites lueurs de chaque jour qui d’habitude ne marquent pas notre attention mais qui pourtant nous maintiennent du côté de la vie ?
C’est pendant l’épreuve de la maladie que j’ai appris plus encore cela. Chaque jour. Car le risque est grand de laisser les ténèbres nous engloutir et prendre toute la place. Chaque jour j’ai relu ce qui avait été donné dans les rencontres, dans la prière, dans les intuitions en moi, pour rendre grâce de tout ce qui était de l’ordre de la vie qui est là et qui me traversait. Cela, je l’avais appris de malades en fin de vie, dans mes toutes premières années de ministère, quand j’étais aumônier d’hôpital, ne sachant pas qu’un jour ce me serait précieux…
Et c’est cet acte de relecture qui fait que chaque jour ordinaire nous fait toucher du doigt à l’extraordinaire de tout instant de vie. Et pressentir combien, là, Dieu est, combien là il est présent, de cette Présence indicible qui nous habite que nous avons célébrée dimanche.
Alors apprenons chaque jour à discerner ces étincelles de vie qui vont éclairer le chemin qui se dessine pour nous. Et prenons alors le temps de l’action de grâce ; car le Seigneur marche avec nous et nous allons faire l’expérience avec lui que oui, la vie est plus forte que le mal et la mort, ce mal et cette mort auxquels nous sommes confrontés ; car oui, chaque jour, la vie est là qui nous traverse et nous rends vivants…