19 Octobre 2020
Certains diront : ça faisait longtemps ! C'est vrai. Mais voilà le retour du polar ! Mais un polar étonnant dans le style. Que j'ai vraiment aimé, mais pas tant pour le côté polar que pour l'immersion qu'il nous fait vivre.
L'auteur, Olivier Norek, est capitaine de la police judiciaire dans le 93, et il a visiblement plusieurs romans à son actifs. Plutôt sombres m'a-t-on dit. Celui-là est d'un style décalé par rapport aux polars et thrillers que j'ai pu lire ces derniers mois ; car si nous suivons un lieutenant de police nommé à Calais, Bastien Miller, dans les derniers mois d'existence de ce qu'on appelait la Jungle de Calais, et s'il cherche à comprendre comment justice y est faite ou pas, et qu'il y croise quelques morts pour lesquels il veut comprendre ce qui s'est passé et ne pas laissé impunie une telle violence, en fait nous sommes plutôt avec lui dans une immersion dans ce monde terrible de la vie dans un camp de réfugiés qui sont prêts à tout pour atteindre le but qu'ils se sont fixés, avec leurs règles propres, leurs clans qui s'affrontent ou qui pactisent, et surtout avec leur histoire personnelle...
Bastien Miller va faire connaissance d'Adam, un syrien qui fut flic et militaire et qui cherché désespérément à retrouver sa femme et sa fille qui ont dû arriver un peu avant lui. Tout le début du roman nous raconte leur vie en Syrie, et la fuite. Avec eux nous allons rencontrer cet enfant sans doute soudanais qu'Adam nommera Kilani, abandonné seul dans cet immense camp et qui va devenir comme un fils pour lui.
Leur histoire à tous va se dévoiler petit à petit à nous, au fil du récit, au fil des évènements. Terrible, tragique. Pour un roman qui nous plonge dans cette Jungle qui fut démantelée en octobre 2016. Nous, nous y sommes dans les mois qui précèdent...
A en croire les pages finales de remerciements nous avons là un récit bien documenté, immersif. Comme le précisait d'ailleurs Olivier Norek et son éditeur dès la toute première page : “Face à la violence de la réalité, je n'i pas osé inventer. Seule l'enquête de police, basée sur des faits réels, a été romancée. Je remercie les flics de Calais, ceux des Renseignements, les Calaisiens, les journalistes, mes sources du CNRS et de Sciences Po, les bénévoles humanitaires mais, par dessus-tout, ces hommes et ces femmes qui, fuyant l'horreur des guerres, ont accepté de se livrer.”
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Olivier Norek, Entre deux mondes, Pocket, novembre 2019 (Michel Lafon, 2018), 377 pages (format poche).