10 Février 2021
Mercredi de la 5ème semaine du Temps Ordinaire
[Carmel ND de Surieu]
Gn 2,4b-9.15-17 / Ps 103 (104) / Mc 7,14-23
Malgré ces mots de Jésus qui sont durs et peut-être même heurtants, je ne cesse pourtant d’être émerveillé, mes soeurs, de l’Amour de Dieu pour l’homme créé, son Amour pour notre humanité. Dieu aime pour de vrai, preuve en est : la capacité qu’il nous donne de pouvoir exercer notre liberté. C’est le sens de la limite qu’il pose dans la 1ère lecture avec l’interdiction de toucher à l’un des arbres du jardin.
Mais quel mystère, quand même ! Quel mystère que Dieu qui prend un tel risque. Car la suite de l’histoire le dira : notre liberté peut être trompée et se perdre, notamment par le mal qui vient se faufiler en nos vies et nous faire douter de Dieu et de son amour, jusqu’à nous faire croire que nous pourrions être les maîtres de toute vie et de cette création qui nous est confiée.
Dieu décide librement de prendre le risque de notre liberté. Par amour. Par amour véritable qui ne garde pas l’autre pour lui et qui le laisse être acteur de sa vie et de ses choix. Pensez à la parabole du fils prodigue en Lc 15.
Et par amour, Dieu nous prévient des impasses qui pourraient nous guetter : « l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu n’en mangeras pas ; car le jour où tu en mangeras, tu mourras. »
La suite on la connaît et on l’entendra notamment dans les jours qui viennent. La suite on la connaît, c’est l’histoire pécheresse de notre humanité. Mais Dieu nous aime tellement qu’il ne cessera de venir et revenir à nous pour que nous entrions dans ce même mouvement vers Lui. C’est bien ce que nous redit la Prière eucharistique n. 4 que je prendrai tout à l’heure, toute cette dynamique d’amour et de révélation qui va nous y être rappelée, cette dynamique d’amour qu’est l’histoire du salut.
Car l’histoire du salut est une histoire d’amour, d’amour et de miséricorde, d’amour et de pardon. Cet Amour de Dieu pour nous, qui un jour, déjà, nous a saisis...
Vous disant cela je ne peux m’empêcher de rappeler en même temps, suite à la page d’évangile qu’on vient d’entendre, que le regard d’amour que Dieu pose sur nous est pourtant un regard qui tranche, qui est exigeant et lucide, un regard qui appelle à la vérité sur nous-mêmes.
Les paroles de Jésus sont dures à l’encontre de notre humanité et du cœur de l’homme. Et j’ai envie de m’écrier : Non, Seigneur, nous ne sommes pas que nos désirs mortifères qui conduisent à la débauche, à la domination qui écrase, à la violence... Non, Seigneur !
Mais il est vrai que notre liberté qui peut se perdre entre alors dans une spirale de mort. C’est tout le péché dont nous sommes capables... du fait de notre liberté...
L’appel est, dans le Christ et avec lui, à retrouver l’innocence originelle, la ressemblance originelle, retrouver la capacité à aimer comme Dieu aime. Et pour cela à nous laisser pardonner.
Cela appelle pour chacun de nous de reconnaître en vérité nos manquements à l’amour, nos manquements à cette innocence originelle, le reconnaître en vérité pour nous ouvrir à la miséricorde du Père pour nous et la vivre les uns vis-à-vis des autres, sa miséricorde qui est cet amour qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance – comme dit le pape François (cf. Bulle d’annonce du Jubilé de la miséricorde).
Alors nous grandirons sur le chemin de la communion, la communion retrouvée, et nous nous y aiderons. Et alors nous grandirons dans l’union à Dieu à laquelle notre cœur aspire.
Que cette eucharistie nous renouvelle sur ce chemin d’Amour et qu’elle façonne notre liberté, pour aimer comme le Christ nous a aimés, son amour sauveur qui nous libère de tout péché et de tout mal. Amen.