Homélie-méditation 26 mars 2021

Vendredi de la 5ème semaine de Carême

Jr 20,10-13 / Ps 17 (18) / Jn 10,31-42

 

C’est la question qui traverse les évangiles : ce Jésus, cet homme Jésus, qui est-il ? Rappelons-nous cette question que Jésus posera à ses disciples : « Pour vous qui suis-je ? »

Est-il seulement un homme, un homme comme les autres, aussi juste et bon soit-il, et pieux, homme de prière et de compassion ? Est-il un prophète ? Est-il ce messie attendu ? Est-il Fils de Dieu, comme il semble l’avoir proclamé – du moins dans l’évangile de Jean, on vient de l’entendre – ; et d’ailleurs : qu’est-ce que cela veut dire ? Est-il Dieu lui-même venu en notre humanité ?

Ces questions dessineront la trajectoire qui sera celle de la femme de Samarie, en Jn 4, et de ceux à qui elle parlera de Jésus. Ce sera aussi le chemin de foi et de révélation que feront les deux disciples d’Emmaüs au soir de Pâques. C’est sans doute celui de bon nombre de catéchumènes et de nouveaux convertis, aujourd’hui encore…

Qui est-il, ce Jésus de Nazareth ? c’est bien la question qui est au cœur de tout l’Évangile et qui le sera au cours de son procès.

Nous osons croire qu’il est vraiment homme et vraiment Dieu. Qu’il est le Fils de Dieu, le Verbe de Dieu, Dieu fait homme, en tout chose excepté le péché. Il est Celui qui révèle pleinement le Père – Dieu qui est Père – et Celui qui promettra l’Esprit Saint.

Pleinement Dieu, il consent librement à sa mort qui approche. Pour notre salut. Et pleinement homme il va douter et crier vers le Père, à Gethsémani et sur la Croix, assumant notre humanité jusque-là, et l’assumant jusque dans la mise à mort injuste et violente de l’innocent. Tel un bouc-émissaire.

Et par là-même il ouvre pour tous un passage – c’est notre foi –, il nous entraîne dans le mystère de sa mort et sa résurrection – ce que nous allons fêter ces jours –, et c’est promesse, une promesse qui nous est faite pour nous aussi et dont nous vivons déjà, une promesse qui devient en même temps un appel bien concret pour qui met sa foi en Jésus Christ mort et ressuscité et pour qui veut bien apprendre à la suivre – même dans une vie cachée au carmel.

L’appel il est à ressusciter jour après jour avec le Christ, nous laisser sauver, nous laisser relever, pour devenir pour d’autres des ressuscitants, à notre mesure mais toute notre mesure, chacun, chacune, et ensemble, et au Souffle de l’Esprit Saint...

Avec le prophète Jérémie, dans la 1ère lecture, nous sommes invités dans ces jours qui s’ouvrent à contempler Jésus qui avance librement là où sa vie donnée va le mener. Le contempler qui ne se défilera pas ni ne sauvera sa peau, non.

Nous sommes invités aussi à le contempler dans les œuvres qu’il a faites et qui nous sont données à entendre jour après jour et au fil de l’année liturgique, pour le contempler également dans celles de notre aujourd’hui à chacun et à chacune, comme dans celles dont nous sommes, en Église, et qui ont pu marquer l’histoire humaine, de la Pentecôte à nos jours.

Le contempler, oui, et célébrer ce matin encore ce salut qu’il nous a acquis, lui le Christ, le célébrer qui se donne par amour, et rendre grâce – eucharistie –, rendre grâce pour l’œuvre de Dieu en nos vies, en notre histoire et dans notre monde – même s’il est encore transpercé et défiguré par le mal...

Contempler et célébrer, en implorant l’Esprit Saint qui a ressuscité Jésus d’entre les morts et qui nous fait devenir ce que nous célébrons et allons recevoir : le Corps du Christ, ses mains pour prendre soin aujourd’hui, ses pieds pour aller à la rencontre, sa voix pour annoncer le Père et son œuvre de salut.

Alors, ensemble, prions en contemplant et en accueillant le Christ qui avance librement et par amour.

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