Homélie mardi 20 avril 2021

Mardi de la 3ème semaine du temps pascal

[Carmel ND de Surieu]

Ac 7,51 – 8,1a / Ps 30 (31) / Jn 6,30-35

 

La foule veut un signe pour croire Jésus, pour croire en ce qu’il leur dit. Rappelons-nous, en finale de l’évangile, hier, les versets qui précèdent ceux de ce jour : Jésus répondait à leur « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » en leur disant : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyez en celui qu’il a envoyé », lui Jésus et ce que sa vie et ses actes vont révéler du Père – jusqu’en sa mort et sa résurrection –, lui Jésus qui est l’amour en actes de Dieu pour nous et pour ce monde : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que tout homme qui croit en lui obtienne la vie éternelle ».

C’est de cela dont il est question. De vie éternelle !

Et la foule veut un signe pour croire en Jésus, un signe comme celui de la manne au désert qui prouvait – si j’ose dire – que Dieu n’avait pas abandonné son peuple, qu’il marchait avec lui ; qu’il était vraiment Dieu, celui qui libère et restaure, celui qui nourrit.

La foule veut un signe pour voir et croire mais ne voit même pas qu’elle vient d’en avoir un, celui de la multiplication des pains, du pain en surabondance à partir de presque rien. Et d’un certain point de vue il y a bien plus que la manne au désert puisqu’il fallait alors se contenter d’un presque rien chaque matin qui en plus ressemblait à pas grand-chose – d’où son nom : « Qu’est-ce que c’est ? » –, un truc bizarre auquel il fallait consentir ; il fallait faire confiance.

Mais la foule veut un signe. Comme si la multiplication des pains n’en était pas uns ou comme s’ils ne voyaient pas que c’est déjà là, déjà donné. Il va falloir du temps, du temps pour apprendre à reconnaître que Jésus est bien celui que le Père envoie, Dieu lui-même qui est là et qui vient à nous.

Il faut du temps pour apprendre à reconnaître que Jésus est bien celui qui peut combler nos désirs de vie les plus profonds, nos faims et nos soifs existentielles et spirituelles, car c’est profondément lié. Il va leur falloir ce temps comme il nous faut nous aussi du temps, celui de nous laisser travailler par la Parole, celui de nous laisser surprendre par une Présence indicible qui tout-jours nous précède et nous attend, celui d’apprendre aussi à vivre l’Évangile et de découvrir que là Dieu se révèle.

Et c’est un travail – vous le savez bien, mes sœurs. C’est le travail d’une vie, jour après jour, et d’années en années. Le travail d’une vie avec le Seigneur qui vient faire et permettre cette œuvre-là de Dieu en nous et pour nous, et qui vient ainsi faire cette œuvre-là de Dieu pour ce monde.

Un jour, comme Etienne l’entrevoie dans la 1ère lecture, nous verrons pleinement, dans un face à face ultime et éternel, nous en serons pleinement, mais pour l’heure c’est un chemin, un chemin de confiance en la Présence du Ressuscité à nos côtés, un chemin pour apprendre avec lui à goûter déjà à ce bonheur promis et à y travailler, travailler à se laisser rejoindre et façonner jour après jour.

Et déjà nous pouvons rendre grâce – « eucharistie » ! –, nous pouvons rendre grâce de ce qui nourrit déjà notre marche, notre vie avec le Seigneur, qui travaille nos cœurs et tout notre être et qui apaise et comble déjà un peu notre faim de lui, de sa Présence, de son amour.

Oui, c’est bien ce que nous célébrons comme ce que nous lui demandons, dans l’action de grâce – « eucharistie » ! – ; il est là, ressuscité, il vient à nous et nous pouvons venir à lui, il fait de nous sa demeure, chacun et ensemble.

Laissons-nous aimer, là. Laissons-nous rejoindre tout-jours. Laissons-nous travailler, pour le reconnaître et pour vivre de lui et avec lui. Dans ce « Je t’aime » que le Père nous adresse et dans lequel il nous entraîne, ce « Je T’aime » qui devient le nôtre, au Christ.

Vraiment… « Il est grand le mystère de la foi ! » Oui… Alors rendons-grâce pour tout cela – « eucharistie » !

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