10 Avril 2021
Samedi de la 1ère semaine de Pâques
Ac 4,13-21 / Ps 117 (118) / Mc 16,9-15
Je vous le disais déjà dimanche, mais c’est encore criant dans cette page d’Évangile : la foi en la résurrection n’est pas d’abord ou pas seulement question de mots mais bien d’expérience. Non pas qu’il ne faille pas l’annoncer – Jésus appelle à « [Proclamer] l’Évangile à toute la création », la résurrection en fait partie –, mais l’annonce en paroles ne peut suffire, ça risque fort de faire « flop » …
C’est bien ce qu’on vient d’entendre : celles et ceux qui y croient en cette Bonne nouvelle, ce ne sont pas ceux à qui c’est annoncé, mais bien celles et ceux qui l’annoncent parce qu’ils ont fait une expérience du Ressuscité, parce qu’ils ont fait l’expérience et la rencontre d’une Présence. Ça les met en joie, ils veulent partager la Bonne nouvelle ; sauf que ça semble faire un « flop », les mots ne peuvent suffire…
Et c’est frappant ce refus de croire qui n’est ici raconté – et c’est bien le mot qui est utilisé par l’évangéliste : « ils refusèrent de croire », écrit-il –, ce refus de croire et cette impossibilité de croire sur parole, sur la parole d’autres qui pourtant ont fait l’expérience…
Non pas qu’il ne faille pas vouloir partager la Bonne nouvelle – je le redis –, car un jour elle prendra peut-être tout son sens dans le cœur de la personne qui la recevra. C’est bien ce qui s’est passé sur le chemin d’Emmaüs : ils avaient tout pour croire, on leur avait dit que Jésus est vivant, mais il va falloir cette rencontre de cet inconnu et ce geste-déclic de la fraction du pain pour qu’ils comprennent, qu’ils comprennent avec le cœur, et qu’ils deviennent témoins pour d’autres.
Je crois qu’il y a là un enjeu pour nos paroisses qui savent à peu près annoncer, en catéchèse ou avec des propositions tels le parcours Alpha ou pour la préparation des sacrements, mais qui doivent aujourd’hui permettre que s’ouvrent des espaces de prière et d’intériorisation de ce qui est annoncé. Pour que ça puisse passer de la tête au cœur, que ça puisse venir trouver sens dans la vie et l’histoire de celles et ceux à qui c’est annoncé.
Il y a là un enjeu fondamental, un enjeu qui est spirituel et qui réclame notre prière pour l’Église. Pour que la Bonne nouvelle puisse prendre corps dans la vie de celles et ceux à qui nous voulons l’annoncer.
En vous disant cela et en priant ces textes ce matin, m’est revenu en tête la parabole d’Évangile d’Abraham avec le riche et le pauvre Lazare. Et m’est notamment revenu la finale : « S’ils n’écoutent pas Moïse ni les prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus » (Lc 16,31).
C’est toute la question de la place de la Parole de Dieu dans notre vie, et dans notre vie de prière. Elle seule, la Parole de Dieu, dans l’écoute priante, peut ouvrir nos cœurs à cette nouvelle incroyable de la résurrection. C’est tout l’enjeu de la liturgie qui nous façonne au fil de l’année et nous fait entrer dans le mystère, et c’est tout l’enjeu aussi de la méditation personnelle et quotidienne de la Parole. C’est complémentaire et indispensable...
Je crois que nous pouvons prier pour que le peuple de Dieu se laisse vraiment façonner par la Parole, que tous découvrent qu’il y a un enjeu pour chacun et pour l’évangélisation, et que pour cela ils y trouvent goût et saveur dans leur humble marche avec le Seigneur.
Alors nous pourrons témoigner, pas de grandes idées toutes faites, aussi belles seraient-elles, mais bien de ce qui travaille en nous et qui, là, révèle une Présence qui est de l’ordre de la vie qui nous traverse et de Dieu qui chemine avec nous.
Alors oui, prions… Prions tout spécialement pour cela, prions pour nos paroisses : prions pour qu’elles soient des écoles de prière et d’intériorisation de la Parole de Dieu, et prions notamment pour que se développent des Fraternités locales – des Fraternités de la Parole – comme notre évêque nous y encourage depuis plusieurs années...