20 Mai 2021
Jeudi de la 7ème semaine du Temps pascal
[Carmel ND de Surieu]
Ac 22,30 ; 23,6-11 / Ps 15 (16) / Jn 17,20-26
Avec cette page d’Évangile nous poursuivons notre lecture et notre écoute de cette grande prière sacerdotale de Jésus. Et ce matin encore nous entendons cet appel fort à l’unité : « Que tous soient un, nous dit Jésus, (…) pour que le monde croie que tu m’as envoyé. »
Dans ces mots de sa prière, Jésus nous dit qu’il ne prie pas seulement pour ses disciples et pour leur unité entre eux seuls, mais aussi pour tous ceux qui viendront, celles et ceux qui recevront sa Parole et la Bonne nouvelle du salut. Il prie déjà pour nous tous et pour cette unité si fragile entre nous.
Je pense évidemment à l’unité entre les chrétiens, l’unité entre Églises et communautés ecclésiales séparées, mais aussi à l’unité dans nos diverses communautés d’appartenance, dans nos diocèses également et plus largement dans notre Église.
L’unité est fragile, nous le savons. Et Jésus prie et nous invite par là-même à prier pour cette unité.
On l’entendait hier, c’est lui notre unité, déjà. C’est en son nom, par son nom, sous son nom, que nous sommes unis et en communion, appelés à nous reconnaître frères et sœurs en Christ, amis du Christ (cf. Jn 15,15).
Et il nous faut invoquer l’Esprit Saint car cette unité déjà acquise dans le Christ, mais si fragile, c’est lui, l’Esprit de Dieu qui fait le lien et la communion entre le Père et le Fils, c’est lui l’Esprit de vie et d’amour, qui réalisera pleinement et petit à petit cette unité pour laquelle Jésus prie.
C’est lui, l’Esprit Saint, qui nous donnera de nous accueillir et nous reconnaître dans ce que nous en avons en propre à apporter à l’édification du Corps du Christ, son Église. C’est lui l’Esprit Saint qui peut nous donner de nous recevoir mutuellement dans ce que Jean-Paul II appelait un « échange de dons »[1]. C’est ainsi qu’il voyait la marche œcuménique vers l’unité telle que Dieu la veut et la permettra.
Vivre entre nous un « échange de dons », et donc apprendre à reconnaître ce que chacun nous apporte en propre, ce que chacun nous a reçu en propre que nous pouvons offrir aux autres, pour notre marche commune.
En Église et entre les Églises et communautés ecclésiales mais aussi entre nous, dans une même communauté de foi et une même communauté de vie.
Demandons-nous très concrètement ce que les uns et les autres autour de nous apportent à notre vivre-ensemble, ce qui manquerait à la communauté si lui ou elle n’était pas là. Demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer et de pouvoir nous réjouir et rendre grâce de ce qui nous est donné les uns des autres.
Alors, c’est sûr, les difficultés et différences séparatrices auront moins d’impact sur notre vivre-ensemble, car nous pourrons vivre plus facilement ou plus sereinement les chemins de pardons et de réconciliations sur lesquels il nous faut avancer et pour lesquels il nous faut demander au Christ la force de l’Esprit Saint. Pour que nous nous laissions renouveler dans l’amour, que nous le recevions de Dieu lui-même et qu’il nous soit donné d’en vivre très concrètement.
Rappelez-vous l’appel de ces dernières semaines, en Jn 15 :
Demandons à l’Esprit Saint que tout-jours nous voulions et nous consentions à nous laisser ainsi travailler et configurer au Christ. Que tout-jours nous voulions et nous consentions à laisser l’Esprit Saint féconder la terre que nous sommes, celle que nous sommes chacun mais aussi celle que nous sommes ensemble – et que vous êtes ensemble, mes sœurs.
Car l’enjeu c’est le témoignage. « Que tous soient un, dit Jésus, (…) afin que le monde croie que tu m’as envoyé » ; l’enjeu c’est la crédibilité de notre annonce de l’amour sauveur, l’enjeu c’est la fécondité de notre vie à la suite du Christ, dans cette obéissance fidèle et confiante au Christ et à ses appels d’Évangile.
Alors dans cette eucharistie, ce matin – cette dernière eucharistie que je préside de ce long séjour parmi vous –, dans cette action de grâce qui nous rassemble, demandons au Christ-notre-unité qu’il envoie sur nous et sur toute son Église son Esprit Saint, l’Esprit de vérité, l’Esprit de communion entre le Père et le Fils, l’Esprit Saint qui nous est promis. Que nous devenions ce que nous célébrons, que nous devenions ce que nous allons recevoir : le Corps du Christ, ses disciples appelés à devenir ses témoins par la force de l’Esprit Saint, des témoins crédibles qui, jour après jour, apprennent à vivre de l’amour même de Dieu pour tous, son amour sauveur, sa miséricorde.
Oui, demandons avec force et confiance, avec insistance et foi, demandons l’Esprit Saint. Qu’il souffle sur nous, sur nos communautés, sur toute l’Église, et que notre monde en soit renouvelé dans l’humble témoignage de notre vivre ensemble dans le Christ.
C’est à l’amour que nous aurons les uns pour les autres, nous a dit Jésus, que l’on reconnaîtra que nous sommes ses disciples (cf. Jn 13,35). Amen.
[1] Cf. lettre encyclique Ut unum sint, mai 1995.