Homélie mercredi 19 mai 2021

Mercredi de la 7ème semaine du Temps pascal

[Carmel ND de Surieu]

Ac 20,28-38 / Ps 67 (68) / Jn 17,11b-19

 

Cette page d’évangile, on l’a déjà entendue dimanche ; j’aimerais juste m’arrêter un instant sur la question de l’unité à laquelle le Christ nous appelle, et l’entendre en écho avec la 1ère lecture.

L’appel à l’unité… c’est la prière du Christ. C’est donc – et on le sait bien, je le disais déjà dimanche – que l’unité, la communion entre nous, c’est un défi. Il y a là un enjeu et un appel.

Ce qui fait cette unité, nous dit Jésus, c’est son nom. On pourrait dire : la fidélité à son nom. Mais plus que cela : c’est lui, Jésus, notre unité.

Dans une communauté, évidemment, dans notre Église, j’espère, entre les Églises et communautés ecclésiales séparées aussi. Et c’est important juste de le souligner car parfois on rêve l’unité comme un truc à construire à force de persuasion mutuelle ou de compromis, alors qu’elle est d’abord à recevoir du Christ qui déjà nous rassemble sous son nom.

Vous le savez bien, mes sœurs, car c’est bien le Christ votre unité. Sans doute que vous ne vous seriez pas choisies, si ce n’était pas pour le suivre lui, vous êtes tellement différentes. C’est le Christ notre unité. Et c’est la fidélité à son nom, la fidélité à sa Parole et l’accueil ensemble de sa Présence au milieu de nous qui permet l’unité.

Quand j’étais curé et qu’on a mis en place des équipes de jeunes prêtres vivant ensemble au service de la mission, j’ai toujours insisté pour que ce soit la prière, le partage de la Parole et l’eucharistie concélébrée qui soient notre « lieu » de communion, pas d’abord ce qu’on faisait pour la mission et le partage de ce qui nous rend heureux ou de ce qui était plus difficile.

Ce que nous vivons comme prêtres, et ce que nous vivons ensemble dans le service de la mission et la vie fraternelle, c’est bien d’abord parce que nous avons répondu à l’appel à suivre le Christ et que nous voulons le faire connaître et vivre avec lui sa mission ​​​​​à lui.

J’en viens du coup au lien à la 1ère lecture [*]. Dans l’Église et dans une communauté paroissiale, celui qui reçoit la mission de faire l’unité, de servir la communion, c’est le prêtre. Au nom du Christ. Ou plutôt c’est l’évêque, par ses collaborateurs qui sont les prêtres. Et au nom du Christ.

Et c’est pour cela que nous présidons l’eucharistie : juste pour dire, pour rappeler, pour signifier, que c’est le Christ qui préside à son Église, que c’est le Christ qui se donne à nous, que c’est le Christ qui nous rassemble et nous conduit.

C’est là que je ne peux entendre cette 1ère lecture sans penser – et je trouve cela terrible – à la crise des abus dans l’Église. Oui, il y a des « loups redoutables » qui se sont introduits. Et qu’on a laissé s’introduire par manque de sérieux ou de discernement, par naïveté aussi.

Et c’est d’autant plus terrible que notre ministère de prêtres est celui de la communion, et que la communion ne peut se vivre qu’à l’image de ce que le Christ nous appelle à vivre, elle ne peut se vivre que dans la communion de l’amour auquel nous sommes appelés, que dans une miséricorde en actes. Car c’est l’amour sauveur du Père que nous voulons servir et dont nous voulons témoigner. C’est cet amour sauveur que nos communautés doivent recevoir et mettre en œuvre.

Alors oui, il nous faut prier l’Esprit Saint. Pour l’Église et pour ses prêtres. Que nous puissions être vraiment des pasteurs selon le cœur de Dieu. Et il nous faut prier dans les larmes, comme St Paul, pour implorer la miséricorde du Père pour les « loups redoutables » qui ont pu s’introduire – y compris non prêtres – et pour les victimes qui sont détruites par leur présence et leurs actes…

Tout cela, nous ne le savons que trop, déchire et défigure notre Église et nos communautés. Alors implorons l’Esprit Saint, qu’il nous sanctifie dans la vérité.

Implorons l’Esprit Saint, que tous, chacun là où nous sommes, chacun selon notre vocation et notre état de vie, chacun, nous soyons fidèles à l’Évangile et au Christ, et que l’Esprit Saint soit cette force de renouvellement de nos vies, pour que nous nous laissons configurer au Christ tout-jours et encore, que nous nous laissions configurer à son amour, et que nos actes soient en fidélité à ses appels.

Nous lui demandons cela dans cette eucharistie et nous l’offrons dans les larmes, si j’ose reprendre cette image. Nous l’offrons dans les larmes pour notre Église qui a failli.

Et nous prions notamment pour les prêtres : que le Christ Jésus soit l’unité intérieure de nos vies et de notre ministère, pour que nous puissions être au service de l’unité des personnes et entre les personnes.

Et que nos mains qui offrent le pain et le vin en votre nom prennent soin de vous pour de vrai, que les paroles de salut que nous prononçons nous engagent et soient en adéquation avec nos actes et avec la Parole même du Christ que nous recevons jour après jour. Et que cela nous rende disponibles et aimants, dans l’humble service des communautés auxquelles nous sommes envoyés, au service de la communion et de la croissance en Christ de chacun. Amen.

———————

[*] Dans ce passage du livre des Actes des Apôtres il est question des « Anciens », Prebyteros en grec, ce qui a donné « Prêtres ».

Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :