15 Mai 2021
Samedi de la 6ème semaine du Temps pascal
[Carmel ND de Surieu]
Ac 18,23-28 / Ps 46 (47) / Jn 16,23b-28
Tout ce que nous demanderions au Père, nous dit Jésus, nous serait accordé ? Il a insisté, par trois fois dans cette page d’évangile, et en fait à plusieurs reprises, un peu comme un leitmotiv, tout au long de son discours d’adieux (Jn 14-16).
Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est sans doute un peu risqué de tenter quelques mots sur la prière dans un carmel, mais quand même… je me risque…
Tout ce que nous demanderions au Père, au nom de Jésus, nous serait accordé ? La question c’est : que demandons-nous ? Car, de ce que Jésus nous dit ce matin, il s’agit de demander en son nom à lui, Jésus.
Peut-être que nous avons là un début de réponse. Il s’agirait de demander ce que lui veut ? Voilà qui est sans doute un peu différent qu’un certain nombre de nos demandes habituelles…
Demander en son nom…
Et si nous regardons de près ce que Jésus dit de ces demandes qui seront exaucées, ce qu’il en a dit au fil de son discours d’adieux, il s’agit :
Que demandons-nous au Seigneur ? Et avons-nous foi que si nous demandons ce que nous avons à demander alors cela nous sera donné ?
Du coup la question devient : qu’avons-nous à demander ? Que faut-il demander ?
Évidemment pas la pluie ou le beau temps ou je ne sais quoi pour mon petit bonheur ou confort personnel. Car c’est à peu près sûr que quelqu’un d’autre à mes côtés veut demander l’inverse. Et heureusement que Dieu n’exaucera pas cela, ou plutôt qu’il a meilleur discernement que nous sur ce dont nous avons réellement besoin, sans quoi ce serait la cacophonie. Et finalement Dieu ne serait plus Dieu mais qu’une marionnette selon notre bon vouloir.
Non… Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il ne nous faut pas demander à Dieu ce que nous pensons devoir lui demander. Parce que cela nous tient en relation avec lui, et si le Christ est notre Ami, comme on l’entendait encore hier (cf. Jn 15), alors il n’y a aucune raison de ne pas lui dire ce qui nous habite, pour qu’il le porte avec nous. D’autant que lui saura déposer dans le Père ce qui se cache au plus profond de nos demandes, ce qui est de l’ordre de nos besoins les plus fondamentaux, les appels de la vie en nous auxquels Dieu peut répondre.
Et puis si nous demeurons ancrés, enracinés, dans l’amour de Dieu, à l’écoute de sa Parole qui nous travaille et nous façonne, et en disposition de recevoir l’Esprit Saint et d’entendre ce qui en nous est soufflé, murmuré, alors sans doute nos demandes ne seront pas les mêmes que ce qui nous passe spontanément par la tête pour notre petit bonheur et confort personnel.
Et cela, ce qui nous viendra dans la prière, ce qui nous sera donné par le Christ lui-même et l’Esprit Saint, alors déposons-le dans le cœur du Père, demandons, insistons, et croyons ce que Jésus nous dit : nous serons exaucés.
Comment et quand ? Ce n’est pas la question, ou plutôt : ce n’est plus la question. Comme Dieu voudra et permettra – certes, dans la limite de notre liberté et de notre consentement à ce qu’il pourrait permettre qu’il nous faudra accueillir.
Et dans la prière, demandons à l’Esprit Saint qu’il nous éclaire pour voir dans le chemin parcouru, pour discerner dans nos traversées, où Dieu s’est révélé et ce qui a été donné ; pour voir et recueillir comment Dieu a répondu. Car il répondra, il le promet. Et cela mettra nos cœurs en joie…
Alors je ne sais ce qui, en ce moment, fait votre prière en ses demandes, mais dans cette eucharistie, ce matin, offrons tout simplement ce que ces mots et surtout la Parole de ce jour éveillent en nous. Offrons-les dans la confiance que le Seigneur entend et qu’il répondra ; qu’il répondra à ce qui correspond à sa prière à lui, pour nous et pour ce monde. Et que là sera notre joie. Amen.