16 Décembre 2021
Jeudi de la 3ème semaine de l’Avent
[Carmel ND de Surieu]
Is 54,1-10 / Ps 29 (30) / Lc 7,24-30
Elles sont magnifiques, je trouve, et bouleversantes les promesses que Dieu fait à Israël et qu’Isaïe nous donne de réentendre ce matin – avec encore ce « Ne crains pas… » que nous entendions déjà hier…
Et notamment : « … Un court instant, dit le Seigneur, je t’avais abandonnée, mais dans ma grande tendresse, je te ramènerai. Quand ma colère a débordé, un instant, je t’avais caché ma face. Mais dans mon éternelle fidélité, je te montre ma tendresse. (…) Même si les montagnes s’écartaient, si les collines s’ébranlaient, ma fidélité ne s’écarterait pas de toi, mon alliance ne serait pas ébranlée, – dit le Seigneur, qui te montre sa tendresse » …
Laissons ces mots nous rejoindre et s’imprimer en nous, car le Seigneur veut nous les redire à nous aussi…
Oui, dans mon éternelle fidélité, dit le Seigneur, je te montre ma tendresse… Et quoi qu’il advienne maintenant pour toi, ma fidélité ne s’écartera pas de toi, mon alliance ne sera pas ébranlée…
Qu’ils ouvrent notre cœur, ces mots, et tout notre être, à sa venue. Qu’ils nous fassent entrer, ces mots, dans ce cri de joie que le prophète nous invite à ne pas retenir, à laisser éclater. Que ces mots – cette déclaration d’amour de l’Époux à sa bien-aimée – élargissent « l’espace de notre tente », celle de notre cœur, celle de votre vie ensemble, mes sœurs, et celle de toute notre Église.
Car il vient le Seigneur. Et ce ne sont pas que des mots de circonstance, c’est une promesse de vie et de salut, pour aujourd’hui encore. Certes il est déjà venu, c’est fait, mais nous croyons qu’au nom même de sa résurrection il est présent encore, comme il l’a promis, et donc qu’il vient encore nous rejoindre et qu’il veut naître encore à ce monde, ce monde qui reste tellement défiguré par le mal et la violence des hommes.
Il nous faut crier son salut, l’annoncer, et pour cela nous laisser façonner par lui et par la Parole de Vie qui fait son œuvre en nous, jour après jour.
Il nous faut crier ce salut et donc en vivre déjà, c’est-à-dire reconnaître la fidélité de Dieu au cœur même de nos petites – ou moins petites – infidélités de chaque jour – qu’elles soient personnelles, communautaires ou de notre Église. Cette fidélité de Dieu et sa tendresse, nous savons et croyons que nous pouvons nous appuyer sur elles, cette fidélité et cette tendresse auxquelles nous avons déjà goûté et qui nous donnent de croire en la miséricorde du Père et de nous y plonger…
Nous n’aurons jamais fini de faire nôtres ces promesses de vie que le Christ vient incarner, cette promesse de salut qu’il vient révéler en prenant notre condition humaine pour que sa Parole prenne chair en ce monde, aujourd’hui encore…
A la suite de Jean le Baptiste, soyons prophètes et plus que prophètes, devenons les messagers du Seigneur en permettant à la Parole de prendre toutes ses résonances en nous et dans notre monde tel qu’il est. Prions pour cela, mes sœurs.
Soyons messagers du Seigneur et même plus que cela : devenons ce que nous recevons à chaque eucharistie, le Corps du Christ, celui qui vient, sa Présence en ce monde, ensemble et au Souffle de l’Esprit Saint.
Alors prions, oui, prions mes sœurs, prions pour notre Église. Qu’elle se laisse purifier par son Seigneur et ses appels. Et qu’elle apprenne encore à rejoindre chacun, concrètement, qu’elle le veuille vraiment. En se faisant proche et en apprenant à murmurer avec tendresse et compassion la miséricorde du Père, son amour sauveur.
Prions mes sœurs pour que notre Église soit cette tente large qui accueille chacun et notamment les plus pauvres et les petits de tous ordres – tels les bergers de la crèche –, mais aussi les hommes et les femmes de toutes nations, toutes cultures et toutes quêtes spirituelles – tels les mages qui scrutaient les étoiles dans le ciel…
Il vient le Seigneur, il est déjà venu, y compris en notre vie à chacun et à chacune. Mais il veut venir encore pour rejoindre encore ce monde. Saurons-nous en témoigner pour le rendre présent, à notre mesure, au milieu des nations ?
Car il est là l’enjeu pour l’aimée, l’Épouse que nous sommes, à la suite d’Israël et de Jean le Baptiste. Non plus que les nations soient « dépossédées », comme disait Isaïe, pour qu’Israël retrouve sa splendeur première, non, mais qu’au cœur de l’Alliance désormais renouvelée toutes les nations soient associées aux promesses de vie et de salut qui sont déjà notre joie et qui fondent notre espérance. Amen.