24 Février 2022
Jeudi de la 7ème semaine du Temps Ordinaire
[Carmel ND de Surieu]
Jc 5,1-6 / Ps 48 (49) / Mc 9,41-50
Ne nous voilons pas la face, la vie à la suite du Christ c’est exigeant et parfois difficile, et c’est radical. Si on prend au sérieux la Parole de Dieu… Nous le savons, évidemment, mais ce n’est pas rien de le réentendre et notamment avec les textes de ce jour qui en sont un exemple assez terrible dans la mise en mots et en images de cette radicalité.
Peut-être qu’un peu spontanément ça peut paraître un peu désespérant par avance. C’est en tout cas le sentiment qui peut nous habiter si on écoute vraiment ; et je trouve que le Psaume de ce jour, dans le découpage qui nous en est donné, peut renforcer cette impression…
En méditant la 1ère lecture, je me disais : la seule vraie richesse qui ne soit pas pourrie – pour reprendre les mots de St Jacques –, cette seule richesse, pour nous qui sommes croyants, cette seule richesse qui ne pourrira pas, c’est le Christ. Mais pour en vivre et pour apprendre à y croire, il nous fait être, et devenir tout-jours – et donc chaque jour –, des pauvres de cœur. C’est-à-dire : consentir à vivre en dépendance du seul vrai bien qu’est le Christ et l’amour sauveur du Père, sa miséricorde, que le Christ vient nous révéler et nous offrir.
Là est la seule richesse qui ait saveur d’éternité. Mais elle suppose un choix à poser, celui de tout ordonner au Christ.
Et elle est un chemin à choisir et sur lequel apprendre, par lui le Christ et ensemble, à se laisser conduire. Et c’est, il me semble, l’enjeu et la force de la vie communautaire et de la Règle, pour vous mes sœurs. Non pas que ce soit simple, évidemment. Mais c’est un chemin. Un chemin sur lequel consentir et apprendre à voir et à reconnaître nos pauvretés. Et parmi ces pauvretés, celles de nos chutes et donc celles de notre péché.
N’est-ce pas ce que nous dit pour une part l’évangile de ce jour ? Car si nous sommes en vérité avec nous-mêmes, ne croyez-vous pas que que nous devrions être, d’une façon ou d’une autre, manchots ou estropiés ou borgnes ?
Ce que l’évangile veut nous dire ce matin, dans cette radicalité des images qui peut nous heurter – mais c’est le but, c’est pour nous « réveiller » –, c’est qu’il s’agit de ne pas faire semblant. Il s’agit de voir et de reconnaître notre péché. Toutes ces fois où nous manquons à l’appel à aimer. Toutes ces fois où nous y manquons très concrètement…
Et c’est bien histoire de mains qui sont faites pour prendre soin, de pieds qui sont faits pour aller à la rencontre, se laisser déplacer et vivre aussi la mission, et de regard à poser sur l’autre et sur toute situation…
La liste de nos manquements de tous ordres à l’appel à aimer pourrait être longue pour chacun d’entre nous, nous le savons bien, et peut même être un peu désespérante parfois… Et nous voyons bien combien nous pouvons être « riches », c’est-à-dire pleins de nous-mêmes, et combien nous sommes esclaves de ces « richesses » que sont tout ce qui nous empêche vraiment de suivre le Christ, de tout quitter pour le suivre dans le concret de notre quotidien, et de tout ordonner à lui d’abord.
Je le redis, tout cela peut nous paraître bien radical et désespérant par avance… Et pourtant nous sommes là et nous croyons en la miséricorde du Père, son amour sauveur que le Christ vient révéler et offrir. Qu’il vient nous offrir, aujourd’hui encore.
C’est ce que nous venons mendier auprès de lui. Et c’est cela, c’est cette miséricorde du Père, son amour sauveur, qui donne saveur à nos jours, et espérance, malgré tout. Car le Christ se donne par amour et pour notre salut. Il vient guérir les manchots, estropiés et borgnes que nous sommes. Et c’est Bonne nouvelle ! C’est Bonne nouvelle si nous consentons à regarder nos pauvretés en vérité et à le laisser nous rejoindre en ce lieu-même.
C’est Bonne nouvelle, et c’est bien ce que nous célébrons ce matin encore. Dans la confiance du cœur où le Christ va venir nous rejoindre et y déposer sa paix. Amen.