Homélie vendredi 8 avril 2022

Homélie vendredi 8 avril 2022

Vendredi de la 5ème semaine de Carême

[Carmel ND de Surieu]

Jr 20,10-13 / Ps 17 (18) / Jn 10,31-42

 

Nous sommes vendredi – normalement ça n’est pas un scoop ! – et dimanche nous entrons en Semaine sainte – et normalement ça n’est pas un scoop non plus ! – ; tout ça pour dire que la dramaturgie de notre liturgie, vous l’avez entendu, nous oriente résolument vers le mystère de la Croix et nous oriente résolument à tourner nos regards vers le Christ qui monte à Jérusalem et qui va y être mis à mort.

C’est très clair avec ce qu’on a entendu dans la 1ère lecture, avec le prophète Jérémie, où l’on croirait entendre le Christ lui-même et la foule qui veut le faire mourir et déjà le faire taire. C’est très clair aussi avec cette page d’évangile et ces juifs qui veulent le mettre à mort car pour eux il blasphème…

Derrière leur réaction c’est toujours cette question, la même que celle que nous entendions mardi : « Toi, qui es-tu ? » Qui est-il, oui, et comment ose-t-il, lui qui semble se prendre pour Dieu, lui qui fait des œuvres bonnes comme si Dieu lui-même agissait, lui qui ose dire qu’il est son envoyé et même son Fils ? Qui est-il vraiment ? Un prophète ? Le messie attendu ? Le Fils de Dieu ? Qui est-il ?

La réponse nous la connaissons, parce que nous cheminons pas à pas avec lui au fil des années et de la liturgie, et parce que nous avons été saisis un jour par sa présence indicible et son amour qui révèle le Père.

Mais je le disais mardi, il nous faut consentir à entendre et réentendre cette question et à la faire nôtre, pour creuser en nous le désir de connaître Jésus et Dieu en son mystère, pour l’aimer et le faire aimer, et pour entendre avec lui les promesses de salut du Père ; et pas seulement les entendre, d’ailleurs, mais les faire nôtres – j’insiste –, les accueillir comme une Bonne nouvelle qu’il veut aujourd’hui encore nous adresser. Pour que nous vivions. Et pour que nous puissions en être témoins pour d’autres – selon nos états de vie, évidemment, et notre vocation.

Alors ce matin, contemplons le Christ qui va mourir. Qui va mourir pour nous, à cause de notre péché et de notre difficulté à croire que Dieu puisse nous rejoindre vraiment, se faire l’un de nous, pour nous ouvrir un passage en traversant lui-même notre condition humaine jusqu’en sa part de souffrances et jusqu’en cette mort sur laquelle toute vie vient buter et se heurter.

Entendons la foule qui ne peut comprendre que Dieu appelle à aimer inconditionnellement. Et qu’il se fasse l’un de nous, qu’il s’abaisse, qu’il renonce à une toute-puissance qui ne soit autre, en fait, que celle de l’amour qui veut servir la dignité de chacun, à hauteur d’homme, quelle que soit notre histoire, quel que soit le mal que nous ayons pu faire, quelle que soit aussi notre mal-croyance en lui…

Contemplons-le, lui le Christ Jésus, contemplons-le sur la Croix, mystère et chemin de vie, et contemplons-le déjà et jour après jour en sa Parole, pour voir et entendre ses œuvres, les œuvres même de Dieu, comme il vient de le dire. Dieu son Père. Et pour ainsi apprendre à discerner et à voir tout-jours et encore son œuvre de salut en nos vies et en ce monde, aujourd’hui encore.

Entendons aussi que le Père jamais ne l’abandonne, comme le prophète nous l’a redit dans la 1ère lecture – ce que nous entendions déjà mardi, car lui, le Christ, fait toujours ce qui est agréable au Père, c’est-à-dire sa volonté, son œuvre de salut et d’amour.

Alors, avec le psalmiste, redisons et réaffirmons notre confiance en lui, comme Jésus vis-à-vis du Père : il est le Dieu en qui nous pouvons nous réfugier et trouver toute paix, il peut être aussi notre force pour ce que la vie nous donne de traverser. Nous croyons qu’avec lui le mal et la mort n’ont pas le dernier mot de nos vies, que Dieu entend notre supplication, qu’il entend nos cris et ceux que nous faisons monter vers lui qui sont ceux du monde et de celles et ceux qui s’en remettent à notre prière…

Oui, avec le psalmiste et avec le Christ en Croix, osons lui redire en cette eucharistie : « Je t’aime, Seigneur, ma force (…), Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite (…) ! Quand je fais appel au Seigneur je suis sauvé (…) il entend ma voix, mon cri parvient à ses oreilles »

« Donne-nous, Seigneur, d’être des témoins en ce monde de cette confiance-là, chacun et ensemble, à notre mesure et selon ton appel, mais d’en être témoins. Qu’en toute occasion nous sachions dire : Je t’aime, Seigneur, tu es ma force. Quand je crie vers toi tu entends ma voix, et tu me sauves, Seigneur. Amen. »

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