11 Novembre 2022
Vendredi 11 novembre 2022 - Baptême de Simon V.
1Co 12,4-7.11-14.18-20.25-27 / Ps 15 (16) / Jn 21,15-22
Je dis souvent qu’un baptême qu’on célèbre c’est une occasion qui nous est donnée, à nous qui sommes déjà baptisés, de refonder notre propre baptême, c’est-à-dire de nous redire ce que ça veut dire et à quoi ça appelle pour notre vie concrète, notre vie avec le Christ et à sa suite.
En me réveillant ce matin, ce qui m’habitait c’est que par ce baptême nous allons adjoindre Simon à l’Église, l’adjoindre à ce Corps qu’est l’Église. Un Corps parfois souffrant – et l’actualité de ces derniers jours nous le rappelle de façon violente, je trouve, et qui peut nous mettre en colère ou dans la tristesse –, en tout cas un Corps fragile et faillible mais qui pourtant est le lieu même de notre sainteté, ou plutôt ce lieu qui nous est donné, et que nous sommes ensemble, pour avancer sur un chemin de sainteté.
Simon, aujourd’hui, va être adjoint à ce Corps qu’est l’Église. Membre parmi d’autres, appelé à y prendre toute sa place, avec les charismes et les talents qui seront les siens, dans les appels qu’il entendra et dans la réponse qu’il donnera, à l’écoute du monde et de l’Évangile.
Simon rentre dans ce Corps qu’est l’Église et voilà que s’ouvre pour lui un chemin de vie à inscrire petit à petit dans ce « je T’aime » de Simon-Pierre à Jésus, ce « je T’aime » qui est lui-même réponse à ce « Je t’aime » premier de Jésus à Simon-Pierre, et à chacun de nous.
Ce triple « je T’aime » de Pierre à Jésus il s’inscrit dans un pardon qui se reçoit – il y a eu le triple reniement – et donc au cœur de son infidélité et même de son péché ; au cœur-même, sans doute, de sa souffrance d’avoir renié et de cette souffrance qu’on sent un peu dans ce texte dans cette insistance du Christ à lui demander s’il l’aime vraiment.
En tout cas, notre faiblesse et nos infidélités au Christ et à l’Évangile peuvent devenir le lieu même de cet amour et de l’appel à suivre le Christ, appel à se laisser aimer – j’ai envie de dire : malgré tout – pour devenir témoins d’un amour qui nous dépasse et que le Père veut pour tous – pour toute notre humanité et pour ce monde…
Alors nous qui sommes-là aujourd’hui, où en sommes-nous de ce « je T’aime » que le Christ adresse à Simon-Pierre et par là-même, je le crois, à nous tous, à toute l’Église ? Où en sommes-nous concrètement de notre chemin de vie avec lui, le Christ, et à sa suite ? Parce que c’est ça la question !
Et notamment : quelle place trouvons-nous et prenons-nous dans ce Corps qu’est son Église, et malgré les soubresauts qu’elle traverse et la tristesse ou la colère que ça peut provoquer ?
Plus fondamentalement, où en sommes-nous, chacun, de ce « je T’aime » au Christ, dans l’écoute de sa Parole et dans la prière, mais aussi dans une vie qui se donne par amour, une vie qui se donne à l’autre quel qu’il soit, au nom du Christ et de l’Évangile ? Où en sommes-nous, très concrètement ? …
Tout à l’heure je dirai à Simon que désormais il participe avec le Christ à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi. Qui est sa mission – celle du Christ, celle de son Corps qui est l’Église, et donc la nôtre.
Prêtres, c’est-à-dire porter ce monde dans la prière, le sanctifier par notre vie en réponse d’Évangile et être et devenir, à notre petite mesure mais toute notre mesure, tels des passeurs entre Dieu et notre humanité… Prêtres. Faire le lien entre Dieu et les hommes, au service d’une fraternité universelle, au nom du Christ, comme le rappelle souvent et avec force le pape François…
Prophètes ensuite. Parler au nom de Dieu. Et donc annoncer sa Parole. Et donc l’écouter, cette Parole, et nous laisser former par elle. Pour l’annoncer. En paroles et en actes… Et tels les prophètes de la Première Alliance, réveiller ce monde, et même notre Église, de ses endormissements tranquilles. Prophètes, donc…
Et rois. A la manière de Jésus. C’est-à-dire dans le service à hauteur d’homme et dans le désir de prendre soin du chemin de chacun – pensez au geste du lavement des pieds… Rois aussi à la manière du roi d’Israël, chargés chacun et ensemble, à notre mesure, de permettre que tous dans le peuple trouvent leur juste place et qu’ils puissent participer de notre mission commune d’annoncer la présence et l’existence de Dieu à ce monde, et d’être des témoins en actes de sa miséricorde, son amour sauveur…
On sent bien, je crois, que ces trois missions sont liées ; et on sait bien que selon nos charismes propres et nos appels nous vivrons plus ou moins l’une ou l’autre de ces dimensions de notre baptême. Mais ça reste notre mission, ce que Dieu attend de nous, chacun et ensemble, en Église.
Et c’est à cela que nous adjoignons Simon aujourd’hui. Pour qu’il le devienne petit à petit et au fil de son chemin de vie, qu’il le devienne grâce à celles et ceux qui l’entoureront et qui l’accompagnerons. Vous d’abord, Jean-Baptiste et Anne-Gaëlle, ses parents. Nous, Camille et moi, comme parrain-marraine. Et tous ceux qui seront là pour aider Simon à accueillir, à faire grandir et à vivre et mettre en mots cette foi que nous déposons en lui par ce baptême.
Que cette foi qui est aussi fragile et vacillante qu’une petite flamme et que cette lumière qu’il va recevoir tout à l’heure, que cette foi devienne un « je T’aime » au Christ, tel celui de Simon-Pierre dans l’évangile. Et que, sur ce chemin, Simon – le nôtre – apprenne, comme nous tous si nous le voulons bien, à se laisser conduire.
C’est en tout cas ce que je souhaite pour lui, Simon ; et je prie pour cela, pour lui, pour nous et pour toute l’Église.
Et lorsque la tempête surviendra dans nos vies – la tempête quelle qu’elle soit –, alors comme Pierre dans d’autres récits d’Évangile, comme Pierre gardons tout-jours confiance dans le Christ qui est là, même s’il a parfois l’air de dormir ou d’être loin. En tout cas aidons-nous à cela. Et comme Pierre qui fut appelé un jour à marcher sur les eaux, gardons alors les yeux fixés sur le Christ, pour tenir et avancer. Dieu est et veut être notre refuge et notre force...
Je vais m’arrêter là, et je propose que nous prenions quelques instants de silence… Tout simplement nous accueillons ce que ces mots peuvent faire monter en nous, ce qu’ils éveillent ou réveillent en nous ; et tout simplement nous le confions au Seigneur, c’est notre prière… Amen.