24 Décembre 2022
Messe du 24 décembre au matin
[Carmel ND de Surieu]
2S 7,1-5.8b-12.14a-16 / Ps 88 (89) / Lc 1,67-79
Nous la connaissons bien cette page d’évangile puisque nous la chantons tous les matins aux laudes. Et nous le savons : de qui parle Zacharie ? du Christ ! et avec lui, dans la seconde partie du texte, de Jean-Baptiste, qui « prépareras ses chemins ».
Quand Zacharie entonne cette louange, ce chant de bénédiction qui est telle une confession de foi au Christ, Jean-Baptiste vient de naître. Et il faudra attendre encore un peu pour accueillir le Christ Jésus. Quelques mois encore. Et pourtant, dans ce qui est dit, c’est comme s’il était déjà là ! « paroles prophétiques », nous dit l’évangéliste, sous l’action de l’Esprit Saint. Parole de révélation de qui est celui qui vient, celui que le peuple attendait et que Dieu avait promis, celui qu’il va nous falloir accueillir et reconnaître nous aussi…
Qui est-il, justement ? Ou plutôt : que nous est-il donné à entendre de lui ?
Il est celui par qui Dieu visite son peuple. Il est « l’astre d’en haut » qui vient nous visiter, « pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort. »
N’est-ce pas ce que nous entendrons cette nuit aussi avec le prophète Isaïe quand il nous dira : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière, et sur les habitants du pays de l’ombre une lumière a resplendi » (Is 9,1) ?
Il vient éclairer les ténèbres de nos vies – les ténèbres de toute vie –, il veut éclairer les ténèbres de ce monde, pour que la lumière de sa présence vienne peu à peu les dissiper et qu’ainsi, pas à pas, nous soyons conduits « au chemin de la paix ». Sa paix qu’il veut répandre en nos cœurs. Là est le salut promis. Sa paix qu’il voudrait ainsi offrir au monde…
Alors oui, qui est-il, lui qui vient ? Il est le salut de Dieu. C’est d’ailleurs son nom, ce nom qu’il va recevoir : Jésus, « Dieu-sauve », ce salut que le Baptiste reçoit mission d’annoncer et de faire connaître : « Toi aussi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins, pour donner à son peuple de connaître le salut » …
Connaître le salut, le Christ Jésus. Et pour cela, apprendre à l’accueillir et à le reconnaître…
Alors nous pourrons le servir « dans la justice et la sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours » puisqu’il est « Emmanuel », « Dieu-avec-nous ».
Nous pourrons le servir « dans la justice et la sainteté », cette sainteté qu’est celle-là-même de Dieu, l’Amour qu’est Dieu, l’amour sauveur du Père, sa miséricorde, son amour qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance – pour reprendre les mots du pape François.
Cette miséricorde elle devient notre mission, comme Jésus le dira à ses disciples : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6,36) …
Jésus est la miséricorde du Père et elle est là sa « force qui nous sauve », celle de cet amour de Dieu qui veut « nous [arracher] à l’ennemi, à la main de tous nos oppresseurs », nous arracher à l’emprise du mal et de nos ténèbres intérieures, quelles qu’elles soient.
Alors saurons-nous l’accueillir, en cette nuit qui vient et dans les jours qui vont suivre ? Saurons-nous l’accueillir, lui le Christ, dans ce qu’il veut éclairer de nos vies à chacun, aujourd’hui, dans le réel de ce que nous traversons et portons les uns les autres ? Saurons-nous l’accueillir et le reconnaître, et ainsi « l’aimer et le faire aimer » (cf. Ste Thérèse de Lisieux) ?
Pour cela, nous le savons bien, il nous faut consentir à laisser sa Parole prendre chair en nous, il nous faut devenir demeure de sa présence qui veut naître à nous et à ce monde. Et pour cela nous ouvrir à cette Bonne nouvelle de sa venue…
Comme le dit un refrain de Taizé : « Jésus le Christ, lumière intérieure, ne laisse pas les ténèbres me parler. Jésus le Christ, lumière intérieure, donne-moi d’accueillir ton amour. » Ton amour, Seigneur, qui se fait présence indicible et paix du cœur ; Toi, Seigneur, qui veux faire ta demeure dans l’aujourd’hui de notre vie à chacun. Amen.