Homélie jeudi 9 mars 2023

Homélie jeudi 9 mars 2023

Jeudi de la 2ème semaine de Carême

[Carmel de Surieu]

Jr 17,5-10 / Ps 1 / Lc 16,19-31


On l’a entendu en finale de la 1ère lecture, le Seigneur qui nous dit par la bouche du prophète : nous sommes responsables de nos actes, et des conséquences de ceux-ci, y compris pour nous.

C’est ce que dit le Seigneur, à sa façon, quand il nous dit qu’il est « le Seigneur, qui pénètre les cœurs et qui scrute les reins, afin de rendre à chacun selon sa conduite, selon le fruit de ses actes. » 

Nos actes – comme de certains silences d’ailleurs ou certains aveuglements  – auront des conséquences pour nous. Cela n’exclut nullement la miséricorde et le pardon du Père mais justement, cela appellera de se convertir. Ce dont il est question dans l’évangile qu’on vient d’entendre.

Cette histoire, d’ailleurs, que Jésus raconte, elle est comme une illustration, une mise en mots, de cette prise de conscience que le Seigneur voudrait provoquer : le mur qui séparait le riche du pauvre Lazare, ce mur qui a empêché le riche de voir ce pauvre Lazare et de se laisser toucher par lui et par sa misère, ce mur peut devenir tel un fossé infranchissable. Si l’on ne se convertit pas.

C’est cela d’abord, je crois, qu’il nous faut entendre avec ces textes. Pas d’abord une promesse consolatrice un peu facile pour les pauvres qui n’en peuvent plus de leur vie qui n’en est pas une. Non. Entendre cette histoire comme un électrochoc que cette Parole veut provoquer pour aujourd’hui ! Comme pour nous dire que demain ça risque bien d’être trop tard !

 « Vivre l’aujourd’hui de Dieu », dirait fr. Roger de Taizé.

Et là, pour vivre cet aujourd’hui de Dieu, cette page d’évangile nous adresse deux appels concrets, deux « lieux » pour notre conversion  : (1) celui des l’aumône et même de la charité et (2) celui de l’écoute de la Parole – car c’est elle qui permettra en nous ce travail de conversion auquel nous sommes appelés.

(1) L’aumône et la charité : c’est une question de regard à poser sur l’autre. Au-delà des murs que nous construisons entre nous. Voir l’autre, se laisser saisir de compassion, devenir miséricordieux comme le Père est miséricordieux ;  devenir aussi serviteurs et témoins en actes du salut : Dieu qui vient à notre secours.

C’est d’ailleurs le sens du prénom « Lazare » : « Dieu-a-secouru ». Dieu qui a besoin de nos mains d’hommes et de femmes pour prendre soin de l’autre qui est là, nourrir le pauvre qui a faim, soigner le blessé qui souffre, etc. Et Dieu qui a besoin de nos voix d’hommes et de femmes pour oser des paroles de consolation et de réconfort qui peuvent rouvrir pour chacun des chemins de confiance et d’espérance.

C’est déjà résurrection ! Cette résurrection que celle du Christ vient ouvrir et annoncer pour nous et pour notre humanité blessée, cette résurrection qui nous est promise mais dès l’aujourd’hui de nos vies.

Sauf que la question demeure : est-ce que nous nous convertirons ? Et est-ce que nous allons ouvrir mieux les yeux sur celles et ceux qui nous entourent ou qui viennent frapper à la porte ?

(2) Jésus nous le dit en finale de cette page d’évangile : pour nous convertir, pour laisser le Seigneur convertir nos cœurs, pas d’autre chemin que celui de la Parole de Dieu. À la fois contempler comment Dieu aime et vient à nous, comment il nous sauve dans le concret de l’aujourd’hui de toute vie, et en même temps laisser cette Parole nous travailler et rejoindre nos propres questionnements et les cris de celles et ceux qui souffrent autour de nous ; alors nous pourrons, avec lui le Seigneur, discerner quels chemins de réponses donner à ses appels… et laisser les « pauvres » eux aussi nous convertir…

Tout cela nous le savons. Mais il est bon et sans doute capital, peut-être même urgent, de le réentendre.

Alors demandons au Seigneur ce désir de la conversion, pour nous et pour le monde ; et demandons-lui cette grâce de nous laisser convertir. Que là soit notre chemin de carême.

Et prenons le temps, maintenant et en offrant le pain et le vin de l’eucharistie, de déposer au Seigneur ce que ces mots et surtout sa Parole viennent éveiller et appeler concrètement en nous. Amen.

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