1 Juillet 2023
Samedi de la 12ème semaine du Temps Ordinaire
[Carmel de Surieu]
Gn 18,1-15 / Ct Lc 1,46b-55 / Mt 8,5-17
Ce qui me frappe spontanément dans cette page d’Évangile c’est la diversité de ces guérisons, diversité de « public » comme de « mode opératoire ».
D’un côté nous avons ce centurion romain, donc quelqu’un qui est du côté des ennemis – nous sommes en période d’occupation –, ce centurion qui ne vient pas pour lui mais qui adresse comme à demi-mots une demande pour son serviteur ; et de l’autre côté : la belle-mère de Pierre, donc une femme juive, une proche de proche, mais qui, elle, n’a visiblement rien demandé – ni Pierre ni personne d’ailleurs. Pour l’un la guérison va se faire « à distance » et pour l’autre dans une grande proximité physique au contraire. Pour l’un : au regard de sa foi ; pour l’autre : juste parce que Jésus la voit et qu’il semble touché par sa situation.
Et puis il y a toutes les autres guérisons de ceux que l’on présente à Jésus et qu’il guérit eux aussi sans qu’on en sache beaucoup plus…
Qu’entendre de tout cela ? Que Jésus guérit ; qu’il le veut, qu’il le peut. Et entendre surtout que par là il manifeste qu’il est l’accomplissement des promesses de Dieu, ses promesses de salut dont ces guérisons sont un signe, une annonce.
Entendre que Jésus vient prendre nos souffrances, qu’il vient porter nos maladies. C’est le mystère de la Croix. Et c’est bien ce que nous avons à y déposer, avec Marie sa mère et notre Mère qui les lui porte avec nous.
Jésus vient porter nos souffrances et toute maladie, et les lui confier permet qu’elles deviennent passage et rencontre. Et là est la guérison véritable, là est le salut promis, en ce passage que ces épreuves nous font vivre, dans l’appel qu’elles sont à tout offrir au Seigneur pour recevoir de lui la vie et recevoir de lui force, courage et espérance – comme le dit le rituel du sacrement des malades.
Le salut est dans la rencontre du Ressuscité. La rencontre du Ressuscité est salut.
Alors nous, aujourd’hui, « que devons-nous faire » (cf. Ac 2,37), que faire de cela ? Tout simplement déjà : porter les malades et toute souffrance du monde auprès du Seigneur. Dans la prière déjà. En nous approchant de lui comme le centurion, en lui déposant ces préoccupations et ces cris dont nous sommes porteurs. Et lui entendra la demande qui là se dit et se murmure….
Dans la prière donc, la prière qui nous engage à nous faire proches au nom du Seigneur, la prière qui croit en l’accomplissement des promesses de Dieu. Et qui croit que cela est déjà acquis dans le mystère de la Croix et donc donné par avance. Mais pas sans nous, et comme Dieu voudra et quand il voudra.
À cet égard l’histoire d’Abraham et de Sarah (cf. 1ères lectures de ces jours) nous apprend à entrer dans la patience du temps et du rythme de Dieu… et à croire en ses promesses, malgré les apparences immédiates, malgré ce que nous penserions logique mais à vue seulement humaine !
Croire, donc, croire en la présence de Dieu avec nous, croire en sa miséricorde que nous avons chantée à l’instant dans le Magnificat et que nous chantons au soir de chaque jour qui nous a été donné, cette miséricorde qui est l’amour sauveur du Père, son « amour qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance », comme dit le pape François (cf. Bulle d’annonce du Jubilé de la miséricorde de 2016), son amour qui appelle à prendre soin et panser toute blessure, cet amour qui relève au cœur de toute traversée...
Il vient à nous, le Seigneur, ce jour encore, en cette eucharistie qui nous rassemble ; et il nous invite à présenter nos vies avec le pain et le vin que nous allons lui offrir, lui présenter aussi tous ces malades et ces souffrants qui s’en remettent à notre prière et qui parfois ne se sentent pas dignes ou trop loin de Dieu pour oser se tourner vers lui.
Alors prions pour eux tous, avec eux tous. Et demandons au Seigneur qu’ils puissent, eux tous, entendre et croire en ces mots que Jésus dira à ses disciples et même aux foules : « Venez à moi vous tous qui peinez, (…) et moi je vous donnerai le repos », la paix du cœur (Mt 11,28)… Amen.