19 Octobre 2023
Jeudi de la 28ème semaine du Temps Ordinaire
Rm 3,21-30 / Ps 129 (130) / Lc 11,47-54
Décidément, les propos de Jésus, ce matin encore, sont durs et même violents, des propos qui semblent condamner. Et on les comprendrait presque ces scribes et ces pharisiens, et cette colère qui monte en eux.
Ce que Jésus dénonce, ou, pour le dire positivement, l’enjeu, ce qu’il nous faut entendre, c’est l’urgence d’écouter, c’est l’enjeu d’accueillir et de vivre l’annonce du salut comme chemin de liberté et de libération. D’en avoir « les clés de la connaissance », en comprendre le sens. Ce salut dont parlait d’ailleurs St Paul dans la 1ère lecture.
Et l’enjeu c’est de réentendre aussi que Dieu n’a eu de cesse de vouloir se faire connaître, de se révéler, de se faire comprendre et de nous parler. Pour nous ouvrir au salut, justement. Et ces prophètes et autres apôtres qui jalonnent l’histoire sainte, on aura préféré les faire taire ?! Pourquoi ? Parce que c’est trop exigeant de vivre les appels de Dieu ?
Oui, c’est exigeant, c’est vrai, d’aimer, aimer la sœur qui est là à mes côtés, chaque jour, mais aussi d’aimer même nos ennemis. Oui c’est exigeant d’aimer et de pardonner, tout-jours et encore. Oui c’est exigeant aussi de vivre pour la vérité, cette vérité de l’amour qui devrait aller jusqu’à l’accueil de l’autre quel qu’il soit.
Et oui, c’est exigeant de croire, non pas du bout des lèvres mais avec le cœur, croire vraiment, un croire-vraiment qui engage ; croire en Dieu, croire que c’est la foi seule qui sauve, comme a dit St Paul, et croire en l’autre, malgré tout, avec un cœur qui se laisse toucher, un cœur qui reconnaît qu’il a lui-même besoin de salut et de Dieu, un cœur qui accepte de reconnaître qu’il trébuche sur le chemin et qu’il a besoin des autres pour avancer, et de Dieu…
Il s’agit et il s’agira tout-jours de témoigner humblement de l’Évangile. Et pour cela de se laisser travailler par lui. Il s’agit et il s’agira tout-jours de témoigner plus que d’asséner des vérités auxquelles adhérer, qui peuvent exclure et être enfermantes, aussi vraies soient-elles.
Jésus nous apprend au fil des évangiles qu’il s’agit de rencontrer l’autre là où il en est, avec beaucoup de délicatesse et d’humilité devant cette « terre sacrée » qu’est l’autre – comme dit le pape François dans La joie de l'évangile –, pour faire route ensemble, vers Dieu et avec Dieu, et accueillir la Bonne nouvelle de son salut.
A l’exemple du Christ lui-même qui nous appelle à aimer comme lui nous a aimés (cf. Jn15). Et ainsi le faire aimer – comme dirait la « petite Thérèse », Saint Thérèse de Lisieux –, le faire aimer et le faire connaître, et devenir des justes, des « ajustés », ajustés au projet d’amour et de salut de Dieu – notamment ce pardon qu’il veut offrir à tous, comme nous le rappelait St Paul –, ajustés petit à petit à la miséricorde du Père, son amour sauveur.
Alors, si j’ose l’expression, rendons grâce au Seigneur ce matin pour ses « coups de gueule » salutaires, comme dans ce texte, ces propos exigeants qui veulent nous donner de réentendre avec force l’amour de Dieu et le chemin qu’il veut nous ouvrir. Car là sont la vie et le bonheur véritables, la vie éternelle, dès ici-bas. Amen.