16 Octobre 2023
Lundi de la 28ème semaine du Temps Ordinaire
Rm 1,1-7 / Ps 97 (98) / Lc 11,29-32
Dans cette page d’évangile les propos de Jésus sont un peu durs à l’encontre ses auditeurs. Il parle de « génération mauvaise » et même de condamnation…
Quel est le problème ? Visiblement c’est une question de conversion. Ou plutôt de non conversion. Car les habitants de Ninive, eux, « se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas » ; or là, pour les auditeurs de Jésus, il semble que ce ne soit pas le cas. En tout cas on voudrait des signes, comme des preuves que ce que demande ou propose Jésus ça vienne bien de Dieu, et alors on obéira.
Voilà le problème. C’est la question de fond qui court tout au long des évangiles, à savoir : qui est Jésus ? Vient-il de Dieu, faut-il l’écouter et mettre en pratique ; ou pour le dire autrement et comme l’avait demandé Jean le Baptiste depuis sa prison : « Es-tu celui qui doit venir ou devenons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11,3).
Qui est Jésus ? Question bien ordinaire, question un peu banale peut-être, ou anodine, car nous connaissons la réponse ; mais une question qui appelle des actes, qui appelle que notre vie soit réponse à la réponse, réponse à qui il est et donc à ses appels.
Nous le savons bien sûr. Et la question pour nous aujourd’hui c’est bien celle de notre conversion, dans le concret de ce qui fait notre quotidien. Et c’est la question de comment nous écoutons sa Parole et comment nous y répondons.
C’est d’ailleurs ce qui précédait immédiatement ce que nous avons entendu avec cette page d’évangile, Jésus qui disait à propos de sa mère : « Heureux (…) ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent ». Et si j’en crois les autres passages d’évangiles qui rapportent des paroles de Jésus sur sa mère ou qui sont ses proches, garder sa Parole, l’observer, c’est la mettre en pratique ; et c’est cela faire la volonté de Dieu.
En Jn 15 Jésus dira même que garder sa Parole et demeurer en son amour, voilà qui portera beaucoup de fruit – du fruit au singulier, dans le texte, c’est-à-dire le fruit que lui le Christ veut et permettra.
Voilà l’enjeu de la conversion : faire la volonté de Dieu et que ça porte son fruit.
Et pour cela, il s’agira de faire retour vers Dieu, de se détourner de ce qui nous éloigne ou nous détourne de lui, et il s’agira de vouloir et décider résolument de vivre ses appels. Et donc regarder en face notre vie, ce qui n’est pas toujours ajusté au projet d’amour et de salut de Dieu, pour avancer le Christ. Avancer au souffle de l’Esprit Saint qui est à demander, car la conversion ce n’est pas seulement de notre fait à nous, de notre seule volonté et à la seule force de nos bras, non, c’est une grâce à recevoir, une grâce à désirer et à demander.
Se convertir, c’est se laisser convertir par Dieu lui-même, c’est croire en sa Parole, c’est bien vouloir entendre et croire que ses appels ouvrent un chemin de vie, c’est lui faire cette confiance-là, et c’est vouloir y répondre, le décider et en demander la grâce, demander que Dieu nous y aide.
La question devient alors : qu’est-ce qui dans ma vie bien concrète aujourd’hui a besoin de cette grâce de la conversion ? Qu’est-ce qui n’est pas toujours ajusté aux appels de Dieu et de l’évangile, dans ma vie personnelle mais aussi relationnelle et communautaire ? Qu’est-ce qui me centre sur moi plutôt que de de m’ouvrir aux autres et au lieu de laisser à Dieu d’être au cœur de ma vie et de mes décisions ?
Peut-être qu’on peut tout simplement laisser résonner en nous ces questions et demander au Seigneur qu’il vienne là nous rejoindre en cette eucharistie et qu’il vienne là nous donner sa grâce de conversion pour ce qui en a besoin. Amen.