22 Avril 2024
Ce petit livre – ce récit qui pourrait presque se lire tel un p’tit roman – est un peu déconcertant par certains aspects, et en même intéressant et même assez touchant. Je ne sais s’il faut le lire – personnellement je suis tombé dessus un peu par hasard dans une des librairies où j’ai l’habitude d’aller –, en tout cas je suis au final assez content de l’avoir lu.
Florence Besson est journaliste, elle a fait l’expérience difficile de la mort qui manque de vous arracher à la vie, l’expérience de l’épreuve de la maladie qui vous fauche et de la vie qu’il faut ré-accueillir et re-choisir. Et la voilà qui se retrouve dans un centre spirituel jésuite en Bretagne pour une semaine de retraite – une première pour elle.
Florence est catho, mais on pourrait dire : catho à sa façon, pas dogmatique, très attachée à Jésus, qui connaît un peu la Bible – on croise notamment Jonas et la question que ce livre lui laisse quant à Dieu et au mal qui a défiguré sa vie à elle –, mais qui aime aussi beaucoup la nature, presqu’un peu comme un en-soi qui prend en tout cas une grande place dans dans sa relation au monde et au sens de la vie...
Florence va vivre une sorte de renaissance en ces jours. Et c’est flagrant dans ce qu’elle raconte notamment du troisième jour, le mercredi. Une forme de résurrection, petit à petit, au fil des jours qui vont suivre. Et notamment elle va être bouleversé par ce qu’elle va découvrir de la miséricorde de Dieu, le samedi. Puis par le temps de relecture et de partage avec les autres le dimanche, par la rencontre aussi qu’elle a demandé avec un des pères jésuites et qui va avoir lieu en toute fin de son séjour. C’est assez touchant.
Ceci étant, je le disais dès le début de ces lignes, c’est un peu déconcertant. Son rapport à la nature, pour une part, mais surtout comment elle parle de cette retraite – le lieu, la prédication, l’accompagnatrice – : elle parle de cours, de prof, d’enseignement, de cantine ! On se croirait dans une école ! Mais n’est-ce pas ce qu’elle a vécu ou comment elle a vécu les chose : apprendre et même ré-apprendre à vivre, à s’autoriser à vivre et à être elle-même ? Apprendre aussi, un peu plus, qui est Dieu ? C’est bien ce qu’elle nous raconte. Et c’est bien au coeur de cela que la foi vient prendre sa place en elle et qu’elle fait une expérience libératrice.
C’est déconcertant aussi ce qu’elle partage de ce qu’elle retient de ses temps d’accompagnement, mais là encore, ce qui est touchant c’est comment les choses vont petit à petit prendre corps en elle, s’affiner, y compris spirituellement.
Je trouve que c’est un beau témoignage. A prendre comme tel, un récit d’une traversée et de la vie qui va s’en trouver re-suscitée grâce à cette expérience, ce silence à apprendre, cette semaine de retraite. Avec en plus quelques très belles pages, pour nous lecteurs, notamment – je le redis – le samedi et le dimanche – et quelques unes avant, rassurez-vous !
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Florence Besson, Une semaine de silence, Flammarion, mars 2024, 155 pages (petit format), 16€.
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Ce récit m’a envie de relire cet autre dont j’avais parlé il y a quelques années sur ce même blog, un récit de retraite dans un centre spirituel ignatien, là encore, celui qu’en fit Marion Muller-Collard de son séjour à Saint-Hugues-de-Biviers, sur les hauteurs de Grenoble : Le plein silence (chez Labor et Fides).