29 Septembre 2024
Avec ce troisième roman Djaïli Amadou Amal continue de nous plonger dans la culture camerounaise peule, aux côtés de ses femmes et de leurs conditions de vie.
Même si ça m’a peut-être un peu moins « saisi » que les deux précédents, et notamment son tout premier – qui a d’ailleurs reçu le Prix Goncourt des Lycéens 2020 –, ça reste passionnant et vraiment intéressant, culturellement déjà ; et en plus c’est bien écrit et c’est bien « mené ».
Ici nous sommes aux côtés de Boussoura et de son mari Seini. Quand l’histoire commence, leur vie est sur le point de basculer car il va devenir lamido, une sorte de roi ou chef de tribu, avec un mode de vie et des obligations qui sont finalement assez éloignés de ce que leur couple avait vécu jusque là et des choix qu’ils ont pu faire – notamment quant aux rapports hommes-femmes mais aussi quant à la question de la polygamie…
Nous voilà plongés dans cet univers où des femmes sont épouses ou concubines, voire « esclaves », liées à l’histoire et la « caste » familiales d’où elles viennent. Pour certaines c’est juste normal, pour d’autres c’est une sorte d’honneur que d’être là et même une façon de s’en sortir – en tout cas d’espérer cela. Mais ce n’est pas sans rivalités ou jalousies, ni sans souffrance et douleur.
Djaïli Amadou Amal nous livre là une histoire d’amour(s) qui, tel un documentaire, nous plonge dans ce monde complexe et difficile d’un harem, dans une culture où les femmes n’ont que peu leur mot à dire si ce n’est celui d’obéir… une culture, aussi, où le poids des traditions est lourd et rend difficile toute tentative de faire bouger les choses…
À leur façon les deux précédents romans de notre auteure abordaient déjà ces mêmes questions. Là encore – comme entre les deux premiers – on décale le point de vue pour approcher un peu différemment cette même réalité et ces mêmes questions de mariage et de polygamie mais aussi de servitude et de positionnements très codifiés des uns par rapport aux autres et même des unes sur les autres…
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Djaïli Amadou Amal, Le harem du roi, éd. Emmanuelle Collas, août 2024, 302 pages, 21€90.
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Pour rappel, à propos de son premier roman, Les impatientes, c’est en cliquant ici pour (re)lire ce que j’en écrivais alors. Et pour le deuxième, Cœur du Sahel, c’est par là !