Homélie vendredi 4 octobre 2024

Homélie vendredi 4 octobre 2024

Vendredi de la 26ème semaine du Temps Ordinaire [St François d’Assise]

[Carmel ND de Surieu]

Jb 38,1.12-21 ; 40,3-5 / Ps 138 (139) / Lc 10,13-16

 

En découvrant ces textes, ce matin, je me suis dit qu’ils tombaient bien pour ce jour de Mémoire de St François d’Assise :

  • Cette page d’évangile, d’abord, avec cet appel à la conversion. Et on sait combien St François en a été prophète en prêchant et en vivant le retour à une radicalité évangélique.
  • Et puis cette 1ère lecture, et le psaume avec, qui nous invitent à nous remettre face à Dieu, le Dieu créateur et maître de la vie, et face à la beauté de sa Création, face à sa grandeur, un appel à élargir notre regard et une invitation à la contemplation et à chanter les louanges de Dieu.

Tout est dit, je crois, en ces quelques mots, mais j’aimerais m’arrêter un peu encore sur Job et poursuivre ma méditation d’hier au regard de ces éléments.

Je trouve notamment que c’est intéressant ce qu’on a entendu avec cette 1ère lecture, et c’est intéressant au regard de la pédagogie-même de Dieu.

Quel est le risque quand la souffrance semble prendre toute la place, et l’incompréhension ou la lassitude à vivre et à se battre ? Le risque c’est de s’enfermer, se refermer sur soi, ne voir plus que cela de notre vie. Or que fait Dieu avec Job, que fait Dieu dans ce texte ? Il décentre Job de lui-même et le replace au cœur de la Création, face à cette grandeur qui nous dépasse et cette beauté qui va avec.

Dans ma petite expérience de la maladie et de cette lassitude à vivre qui peut nous guetter, lassitude du moins à se battre, cet esprit de contemplation et de louange auquel nous appelle St François par toute sa vie ça m’a aidé. Cet appel dans lequel Dieu met Job, dans notre texte. Avec une première question toute simple à se poser jour après jour : de quoi puis-je rendre grâce aujourd’hui ? Malgré tout peut-être mais quand même.

Pour le dire autrement : se demander déjà qu’est-ce qui a pu être bon et beau aujourd’hui, telle rencontre, telle parole reçue ou échangée, tel geste d’affection, tel paysage magnifique ou quel rayon de soleil éclairant un peu la grisaille du jour – j’ai été en Belgique, rappelez-vous ! Qu’est-ce qui a été de l’ordre de cette vie qui me dépasse et qui est bien là, en moi, entre nous, et dans la Création qui m’entoure ?

Ça peut paraître tout bête et pas grand-chose, mais c’est bien en se raccrochant aux petites lueurs des jours que la nuit ne prendra pas toute la place. Car même dans la nuit noire – j’avais lu ça un jour d’une rescapée d’Auschwitz ou de je ne sais plus quel camp –, même dans la nuit noire, si je regarde bien, je peux finir par entrapercevoir une petite étoile qui brille, même très loin et même imperceptible, mais qui est bien là…

Dans notre 1ère lecture, Dieu replace Job au cœur de cette Création, qui est belle et bonne – on le sait depuis le livre de la Genèse –, qui est grandiose, non pas pour que Job minimise son mal, mais pour le remettre face à ce qui est déjà là devant lui, et donc face à la beauté, la beauté qui fait du bien, qui est bonne, cette beauté qui nous dit quelque chose de cette vie qui est là, qui nous entoure.

S’émerveiller c’est faire l’expérience que je suis vivant, malgré tout, mais bien vivant… Se laisser réchauffer par un rayon de soleil c’est faire l’expérience de quelque chose de la bonté du Dieu créateur qui peut réchauffer nos cœurs. Par telle ou telle rencontre ou geste d’affection ou parole de réconfort, je le redis, mais aussi par cette paix du cœur qui peut-être va finir par m’envahir un peu, et puis un peu plus, et me donner de goûter quelque chose de cette joie profonde que Dieu veut déposer en nos cœurs…

Job décide de se taire. Il a compris. Seul le silence nous permettra de laisser toute place à Dieu, Dieu qui est maître des temps et de la vie ; et seul le silence me permettra de recueillir cette vie qui est là, qui me traverse et me rend vivant, cette vie qui est plus forte que ce mal qui m’assaille et me cloue au sol, cette vie fragile, certes, telle une petite lumière, imperceptible parfois, mais qui est là.

Nous taire – faire taire en nous ces questionnements sans fin qui peuvent devenir enfermant et mortifères – c’est finalement nous en remettre à Dieu, en confiance :

« Tu es là, Seigneur, avec moi. Je n’y comprends pas grand-chose à tout ça, mais Tu es là... Toi tu sais tout, Tu me scrutes et me connais, Tu sais le fond de mon cœur, Tu sais mes combats ou quand je baisse les armes… Sois ma force, Seigneur, sois mon refuge et mon abri, mon bouclier ; sois ma paix. Là sera toute joie, cette joie imprenable des cœurs que Tu veux pour nous… Amen. »

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