Celui qui revient

Celui qui revient

Il y a quelque chose de paradoxal en ces pages : la douceur du style et du récit et pourtant l’horreur de ce qui est ici raconté. L’une vient atténuer ou équilibrer l’autre et permet de recevoir tout cela, de pouvoir lire ces pages.

Ce qui là se dit c’est une violente répression en Corée du Sud, au début des années 1980. Et ce que cela va inscrire dans la mémoire des survivants ou des témoins du drame. Terrible.

On a parfois du mal à savoir qui parle car le narrateur change à chaque chapitre – sans même parler des noms et prénoms auxquels il fait s’habituer. Il faut se laisser faire par le texte, se laisser conduire, porter, et entendre ce que le personnage dit-là. Et l’on comprend alors qui il est, et qui il est par rapport à celles et ceux que l’on a rencontrés dans les chapitres précédents.

Ces pages ont quelque chose de déroutant, qu’on ne saurait pourtant lâcher. Une expérience de lecture peut-être un peu inhabituelle… Ce style, surtout, tout simple pourtant, tout en douceur, presque paisible – telles ces âmes dont il sera question en certaines pages –, ce style qui du coup  « sauve » tout, c’est-à-dire qui permet de rester là – et quasi de veiller les morts ou les ombres et souvenirs qui habitent ceux qui sont encore là –, et qui permet de lire jusqu’au bout ce récit…

Han Kang, l’auteur de ce roman, a reçu le Prix Nobel de littérature 2024. Il est sud-coréen. Il a publié ce récit, qui restait visiblement non encore traduit, en 2014.

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Han Kang, Celui qui revient, Le Livre de Poche, décembre 2024, 257 pages, 8€90.

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