22 Février 2025
Samedi 22 février 2025 – Fête de la Chaire de saint Pierre
1P 5,1-4 / Ps 22 / Mt 16,13-19
Cette question de Jésus, ce « Pour vous qui suis-je ? », nous l’avons déjà entendue avant-hier ; mais dans cette version de saint Matthieu vous aurez remarqué cette béatitude que Jésus adresse à Simon-Pierre, puis la mission confiée, cette béatitude qui suit le « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » que proclame Simon, une béatitude – et ce qui suit – que nous n’avions pas dans la version de St Marc : « Heureux es-tu Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et la sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est au cieux » ; et Jésus d’ajouter alors : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église (…). Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux » …
Ça peut sembler une énorme responsabilité, ce que Jésus dit là ; ça pourrait donner le vertige… Mais surtout, quelle confiance, en fait, le Seigneur nous fait là…
Deux petites remarques, d’ailleurs, sur cette mission et sur ce que Jésus en dit à Simon-Pierre :
1/ D’abord que l’Église est bâtie non pas sur une personne – ou à partir d’une fonction – , non ; elle est confiée à Pierre en raison de la foi au Christ qu’il vient de proclamer, et c’est sur cette foi-là, cette pierre-là, que repose la mission confiée, cette foi au Christ qui est nôtre aussi et qui nous appelle et nous envoie en mission nous aussi. C’est toute l’Église qui reçoit ce mandat du Christ.
2/ Et ce « pouvoir des clés », d’ailleurs ; même ça ce n’est pas en fait de la seule responsabilité de Pierre, ni même des seuls apôtres avec lui – et de leurs successeurs –, puisque deux chapitres plus loin, en Mt 18,18, ce sera étendu à tous, à tous les disciples, tous ceux qui veulent vivre à la suite du Christ et qui vivront et permettront à sa suite des chemins de réconciliations.
Pierre, par contre, est appelé et envoyé pour guider son peuple – ce sera l’appel renouvelé en Jn 21 –, appelé et envoyé pour l’encourager et l’affermir dans la foi – ce que Jésus dira à Pierre au cours du dernier repas, en Lc 22,32 –, dans cette foi que nous recevons de Dieu lui-même et dans ces appels auxquels nous sommes associés. Tous. Tous nous avons cette responsabilité du pardon et de la réconciliation, au nom de l’amour sauveur du Père révélé en Jésus-Christ.
D’où cette insistance du pape François tout au long de son pontificat, son appel à la miséricorde, cet « amour de Dieu qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance » – comme il disait dans son texte qui annonçait alors cette année jubilaire qu’il a voulue pour l’Église au quasi début de son pontificat.
Et tout son agir pastoral, auquel il a convié toute l’Église, déploie cet appel à la miséricorde de Dieu, à la vivre dans la rencontre de l’autre et dans l’écoute de qui il est et là où il en est ; et il l’a résumé dans Amoris Laetitia en 4 verbes qu’il faudrait toujours tenir ensemble : Accueillir, accompagner, discerner et intégrer…
L’enjeu il est bien de délier, d’ouvrir des chemins de vie et de salut, à l’école de la miséricorde du Père, son amour sauveur… Accueillir, accompagner, discerner et intégrer… Et cela en se faisant proche de l’autre, quel qu’il soit et quoi qu’il ait vécu, et donc avec une vraie compassion.
J’aime d’ailleurs cette autre formule du pape François : « Le style de Dieu : proximité, tendresse, et compassion » …
Alors en cette fête de la Chaire de saint Pierre, nous pouvons prier tout spécialement pour le Saint-Père et pour ces semaines de maladie qu’il va devoir traverser, et toute l’Église avec lui. Nous pouvons demander au Seigneur de lui donner la paix du cœur et, pour nous, de ne pas entrer dans des spéculations vaines sur la suite. Qu’il nous soit donné d’accueillir avec confiance ce qui sera, ce que Dieu permettra... dans l’action de grâce pour tout ce qui a déjà été donné toutes ces années.
Et puis je me disais que nous pouvions aussi prier pour notre évêque et pour tout notre diocèse, que notre Église – et donc notre Église diocésaine aussi – soit toujours plus une école et même une « auberge » de la miséricorde (cf. Lc 10,30-35), que nous soyons toujours plus des témoins de cet amour sauveur que le Père veut offrir et révéler à tous. Amen.