20 Février 2025
Jeudi de la 6ème semaine du Temps Ordinaire
Gn 9,1-13 / Ps 101 / Mc 8,27-33
On la connaît bien cette question de Jésus, ce « Pour vous qui suis-je ? » qui nous est adressé ce matin encore.
Qui est Jésus pour nos contemporains et parfois même pour nos proches, c’est une question, parfois une blessure pour nous que de voir ou d’entendre combien beaucoup ne savent plus et ne voient même plus pourquoi la question se poserait.
La question ne devient-elle pas alors celle de savoir ce que nos vies disent de qui il est pour nous, de ce qu’elles montrent à voir de cette relation qui nous fait vivre, ou au moins des appels d’Évangile qui nous mettent en route ?
Ce « Pour vous qui suis-je ? » est à réentendre et à accueillir dans l’aujourd’hui de là où nous en sommes avec le Seigneur, dans l’aujourd’hui de ce qui se façonne petit à petit, jour après jour, année après année, ce qui se façonne de notre relation à lui, et donc dans le réel de ce chemin qui se fait humblement avec le Seigneur et à l’écoute de sa Parole.
Parfois certains ne savent pas bien répondre à cette question. Une façon serait alors de savoir dire quels passages des Écritures nous marquent et nous rejoignent plus que d’autres, et pourquoi, quels appels nous y entendons, ou qu’est-ce que nous aimons y entendre de Dieu et de Jésus.
Car au fond, l’appel premier qui est là c’est bien celui à fonder nos vies sur la Révélation de qui est Dieu, et donc sur sa Parole reçue, accueillie et contemplée. Pour apprendre de Dieu lui-même qui il est, comment il se rend présent à ce monde, et quels appels il nous y adresse aujourd’hui…
Et c’est alors à chacun et à chacune de nous de répondre, d’oser balbutier quelques mots, de témoigner de qui est Dieu aujourd’hui pour nous, comment il se révèle à nous et nous parle au plus intime du cœur.
On l’a entendue, par exemple, cette réponse de Pierre, vive et spontanée, sans doute inspirée, « Tu es le Christ », mais on l’a entendu aussi, il résiste à la vérité de ce que ces mots veulent dire, au plus profond de qui est Jésus et de son chemin.
Nous aussi nous recevons parfois telle intuition, telle évidence, telle révélation, mais il arrive que nous peinions avec, nous nous demandons ce que là Dieu veut nous dire vraiment. Parfois nous peinons à entrer dans la profondeur de ce qu’il nous révèle dans les Écritures, nous résistons à la Parole.
Le chemin se fait apprentissage patient à consentir à ce que Dieu veut nous dire.
Que veut-il nous dire par exemple dans ce « il fallait », ce « il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite » ?
Longtemps ça a résisté en moi, ce « il fallait », comme si tout était planifié d’une volonté de Dieu qui aurait tout prévu et qui donnerait du coup l’impression qu’il cautionnerait cette violence, cette souffrance, comme s’il l’avait voulue ?! qui serait en tout cas au service d’un bien plus grand ?!
« Il fallait »… évidemment ! Évidemment, au sens que si Jésus est vraiment homme – Dieu fait homme, lui qui est vraiment Dieu –, s’il consent à s’abaisser jusque-là, pour de vrai, comment aurait-il pu se soustraire à cette vérité existentielle de nos vies, ce drame de toute vie humaine, qu’est celui de la souffrance et de la mort, celui du mal et de la violence des hommes !?
Évidemment qu’il ne pouvait en être autrement si Jésus ne fait pas semblant d’être homme et s’il s’abaisse vraiment pour nous ouvrir là un passage vers cette promesse de vie éternelle que sa résurrection vient dire et révéler, cette promesse qu’au cœur de tout mal et de toute mort la vie, avec lui, peut être re-sucitée et va l’être, et qu’ainsi la vie est plus forte que tout mal et que toute mort. Là est notre espérance…
« Pour vous qui suis-je ? », nous redemande ce matin le Seigneur Jésus… Déposons bien humblement, là maintenant, dans le silence du cœur, ce que cette question éveille en nous ; déposons sur son autel le concret du « Je t’aime » qui a saisi notre vie, avec les questions qui peut-être nous habitent mais aussi les prières que cela fait jaillir, qu’elles soient de demande ou d’action de grâce. Amen.