17 Février 2025
Lundi de la 6ème semaine du Temps Ordinaire
Gn 4,1-15.25 / Ps 49 / Mc 8,11-13
Dans cette page d’évangile, les pharisiens veulent, une fois de plus, mettre Jésus à l’épreuve. Et il le sait bien. D’où ce soupir, ce soupir qui vient de loin en lui, et ces mots un peu étonnants, je trouve : « aucun signe ne sera donné à cette génération ».
Qu’attendent-ils de ce signe qu’ils demandent si ce n’est une occasion pour dire : « Voyez, il se prend pour Dieu ! », ou déjà : « Voyez, il met Dieu à l’épreuve ! » ; alors que c’est eux qui font cela.
Et Jésus soupire face à cette incapacité des pharisiens à juste voir ce qui est là et à accueillir ce que Dieu est en train de dire avec Jésus, avec ses paroles de vie et ces signes qu’il pose du salut qui est là.
Et voilà d’ailleurs pourquoi elle est étonnante cette phrase de Jésus – « aucun signe ne sera donné à cette génération » –, car il ne cesse d’être signe, signe du salut qui s’est approché. Et tout cela va même conduire au signe de la Croix et à la résurrection, un « signe » qu’il faudra accueillir dans la foi.
Encore faut-il consentir à voir ce qui est là, à croire. Et c’est bien cela la question pour nous aussi. Car tout est dit, désormais, du Christ et de son salut, il nous faut maintenant accueillir et déployer ce qui est déjà donné, déjà révélé, et apprendre jour après jour à le faire nôtre, et à laisser le Christ et sa Parole façonner nos cœurs, pour enraciner tout de notre vie en son salut, enraciner tout de notre vie dans la confiance de ce qui nous est déjà acquis.
Or il nous arrive encore, de demander au Seigneur des signes, de vouloir qu’il nous montre et nous prouve qu’il est là avec nous et qu’il peut quelque chose pour nous. Nos cœurs sont lents à croire, et comme Israël nous restons un peuple à la nuque raide. Sans même parler du péché qui reste tapi à notre porte, comme pour Caïn, ce péché que nous laissons parfois nous prendre et se déverser en nous et autour de nous.
C’est intéressant, d’ailleurs, combien Caïn se laisse avoir, alors qu’il a été prévenu. C’est comme si sa jalousie et sa colère intérieure prenaient le dessus et qu’il s’en fout de savoir que le péché est là qui risque de se déverser. Comme si, ce qu’il va faire, c’était une façon de dire à Dieu : « Et alors ?! de toute façon tu n’en as que pour Abel, moi je n’existe pas !? »
Nous le savons bien, nous aussi, qu’il y a ce péché qui est là, « accroupi » à notre porte, prêt à nous prendre. Et que parfois il se glisse insidieusement en nous dans des mises à l’épreuve de Dieu, dans la comparaison aussi, quand nous sommes irrités là où devrions apprendre l’action de grâce pour ce qui est donné à chacun…
Alor peut-être, prions tout simplement ce matin pour déposer au Seigneur ce qui peine, dans le monde, en nous et chez celles et ceux qui nous entourent, ce qui peine à s’en remettre humblement à ce qui est, ce qui est déjà donné comme ce qui est à vivre de la miséricorde de Dieu, son pardon, son salut. Que nous apprenions à voir ce qui est déjà là, déjà à l’œuvre, et à en vivre pour d’autres, humblement et dans la joie, dans la reconnaissance. Amen.