18 Février 2025
Mardi de la 6ème semaine du Temps Ordinaire
Gn 6,5-8 ; 7,1-5.10 / Ps 28 / Mc 8,14-21
Quel étrange dialogue que nous venons là d’entendre !? Ces deux textes, en fait, l’air de rien, nous invitent à réentendre l’amour de Dieu pour nous, et ils viennent interroger notre disponibilité à accueillir cet amour.
Dans cette page d’évangile, d’abord, avec ce dialogue un peu étonnant : quel est le problème, qu’est-ce qui se joue là entre Jésus et ses disciples ? Alors que Jésus les enseigne et veut les mettre en garde contre ce qu’il appelle le levain des pharisiens – cette attitude qui peut tous nous guetter – eux, les disciples, sont plutôt pris par des inquiétudes bien humaines : ils ont oublié de prendre assez de pain, qu’est-ce qu’il vont manger à midi ou ce soir, et est-ce qu’il y aura assez pour tout le monde ?!
« Bon sang, semble leur dire Jésus, mais vous n’avez toujours pas compris que je prends soin de vous, que Dieu est là, qu’il est à l’œuvre ; pourquoi donc vous inquiéter encore ? »
C’est la question de notre foi en la Providence de Dieu… Et je ne sais pas pour vous, mes sœurs, mais pour de vrai ça n’est pas toujours si simple de s’en remettre ainsi en confiance en ce qui sera, en ce qui sera donné. Nous sommes facilement pétris d’inquiétudes de tous ordres…
Mais entendons ce matin Jésus qui nous redit : « Fais moi confiance… aie confiance… rappelle-toi toutes ces fois où j’ai pris soin de toi »… Dieu nous aime ; or c’est cela aimer, c’est prendre soin.
Nous pourrions faire mémoire, en cette eucharistie, de toutes ces fois où nous pouvons dire que Dieu a pris soin de nous, par tel événement ou telle rencontre, par telle main tendue ou telle aide bien concrète, telle intuition aussi dans la prière ou telle paix reçue, etc. Faire mémoire de ces moments où la vie a fait son œuvre et nous a remis en confiance. Dieu était là. Son amour, là, se disait.
Dieu veut prendre soin de nous ; alors ayons foi en cela, que Dieu prend et prendra soin de nous encore, car Dieu est le Dieu qui tient promesses…
Dans la 1ère lecture aussi il est question de l’amour de Dieu pour nous. Car le Déluge, qu’est-ce, sinon cette incapacité de Dieu à se satisfaire de ce qui est en train de se produire, cette violence des hommes qui enfle et ravage tout sur son passage ?! Ça attriste Dieu – ça l’irrite, même –, et forcément, puisque nous sommes le fruit de son amour, puisque la Création est jaillissement de l’amour trinitaire. Comment Dieu pourrait-il laisser tout cela partir à sa perte ?
Sa colère est un débordement d’amour : il faut faire quelque chose ; il faut nettoyer tout cela et laver à grandes eaux. Par amour, Dieu ne peut laisser la violence prendre le dessus, mais il n’effacera pas toute vie de la terre, il n’effacera pas complètement toute l’œuvre de sa Création – quand même, c’était bon tout cela, au départ ! – ; Dieu va repartir d’un petit reste, et avec ce petit reste il établira son Alliance…
C’est son amour qui là veut se dire. Ce même amour qui nous appellera au pardon, entre nous mais aussi avec Dieu, Dieu qui veut nous purifier et nous laver aux grandes eaux de sa miséricorde, cette miséricorde (comme dit le pape François) qui est « l’amour de Dieu qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance »*…
Saurons-nous laisser cet amour nous saisir et jaillir en nos vies bien concrètes, c’est bien l’appel et l’enjeu de notre marche, jour après jour. Et l’enjeu est de taille, dans un monde tellement défiguré, aujourd’hui, encore par le mal et la violence des hommes !
Alors prions, mes sœurs, prions pour que nous nous laissions saisir par cet amour et par cette confiance que Dieu prend soin de nous et veut prendre soin avec nous de ce monde. Et prions pour que tous, dans notre Église, nous puissions en être témoins, chacun à notre mesure et selon nos états de vie et notre vocations. Le monde en a tellement besoin…
Oui, prions ; et qu’en son eucharistie le Seigneur soit notre force. Qu’il soit aussi notre consolation aux jours d’inquiétudes – notre consolation, notre pardon et notre espérance. Amen.
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*/ Pape François, dans son texte d’invitation au Jubilé de la Miséricorde de 2015-2016 ; il donnait cette définition quand il parlait de l’invitation à passer la Porte Sainte et de l’expérience que nous étions appelés à faire de la miséricorde de Dieu.