Homélie vendredi 21 février 2025

Homélie vendredi 21 février 2025

Vendredi de la 6ème semaine du Temps Ordinaire

Gn 11,1-9 / Ps 32 / Mc 8,34 – 9,1

C’est magnifique, ces textes – Babel notamment, mais cette page d’évangile aussi –, c’est magnifique mais ça peut nous dérouter un peu…

L’évangile, on les connaît ces appels, et vous comme moi, les sœurs, nous essayons humblement de les vivre jour après jour et année après année. Mais c’est toujours bon à réentendre et refaire nôtre.

Pour suivre le Christ, renoncer à nous-même, c’est-à-dire à rechercher là je ne sais quel intérêt pour nous ou notre seul bonheur ; non, le suivre pour lui-même, à l’écoute de sa Parole d’abord et pas de nos seules préoccupations personnelles, le suivre par amour, et par confiance, la confiance que ce qu’il nous enseigne est chemin de vie pour tous et salut pour ce monde qui en a tant besoin, pas pour nous seul d’abord, pas seulement.

Renoncer à nous-mêmes, donc, renoncer à être le centre de notre vie et même à être au centre de tout, et porter notre croix, c’est-à-dire assumer, assumer ce qui sera, dans cette vie donnée à sa suite, assumer le poids des jours, et décider d’y aller résolument, quoi qu’il arrive, y aller résolument par amour. Et donc faire confiance, le salut nous est acquis, le salut est donné, le salut est au bout du chemin et plus encore il est le chemin.

Suivre le Christ, donc. Et donc, marcher avec lui.

J’insiste sur ce « avec ». Peut-être que ça sonne comme un détail mais au regard de la 1ère lecture ça n’en est pas un. Car il ne s’agit pas d’arriver à atteindre Dieu, mais de le suivre et de marcher avec lui.

C’est toute l’incarnation qui se dit dans ce « avec ». Dieu n’est pas un Dieu au-loin qui veut garder sa distance avec nous et qui nous regarde nous débattre de loin avec la vie, du haut de son Ciel, non. Il est un Dieu qui marche avec nous.

Et sans doute est-ce le problème de cette humanité de Babel, d’avoir cru que Dieu est loin, loin d’eux, comme s’il gardait précieusement son pouvoir au loin dans les Cieux.

Pourquoi veulent-ils construire cette tour et monter si haut si ce n’est parce qu’ils le croient là-haut, ailleurs, et aussi parce que la phrase du serpent, avant la Chute, s’est immiscée en eux, qui leur fait croire qu’ils pourraient être comme des dieux et que Dieu en a peur…

Dieu n’est pas un inatteignable lointain et jaloux de l’homme que je peux décider de rejoindre à la seule force de mes bras ; d’ailleurs, une fois la tour finie, ils n’y seront pas, on nous dit que Dieu doit encore descendre ; il sera toujours au-delà de ce que je croyais. Non, la seule façon d’atteindre Dieu et de le connaître vraiment c’est au contraire de le laisser venir. Ce sera l’incarnation et c’est d’ailleurs ce que Dieu a déjà fait après la Chute quand il vient au jardin d’Eden et qu’il interpelle Adam : « Où es-tu ? »

A Babel Dieu préfère mettre la confusion des langues pour que l’humanité cherche son unité autrement que dans un projet fou et trompeur et autrement qu’en unissant ses forces pour un tel projet. Il faudra désormais apprendre à se rejoindre les uns les autres, comme Dieu fait avec nous, et découvrir que l’unité véritable est en Dieu, en son amour, au souffle de son Esprit de vie et d’amour qui sera donné à la Pentecôte et qui donnera à tous de comprendre les merveilles de Dieu, chacun dans sa propre langue…

Dieu s’est abaissé, il s’est fait homme, et il est là le chemin pour que l’homme rencontre Dieu et le trouve de façon juste : en se laissant rejoindre dans les profondeurs de son humanité. Pas en élevant des tours pour devenir comme Dieu, non, et mettre la main sur lui, non, mais se laisser rejoindre et marcher humblement avec lui. Alors lui va nous élever, nous relever, en sa promesse de résurrection…

Pour notre vie spirituelle, tout cela nous dit bien simplement qu’il ne s’agira pas se donner des objectifs à atteindre à la force des bras ni même de croire trouver Dieu et le connaître par nous-mêmes seulement, non, mais consentir à s’abaisser au plus profond de soi pour là lui faire place, lui qui vient, qui est là, et qui tout-jours nous attend déjà.

Il veut faire sa demeure en nous pour nous élever avec lui. Il se fait même pain pour la route, pour être notre force pour le suivre, pour porter notre croix, et pour entrer déjà en vie éternelle. Amen.

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