9 Avril 2025
Mercredi de la 5ème semaine de Carême
Dn 3,14-20.91-92.95 / Dn 3,52-56 / Jn 8,31-42
De ces lectures, je retiendrai trois choses ce matin : un appel et une promesse, et une Bonne nouvelle – qui sont liés. L’appel et la promesse c’est dans l’évangile et la Bonne nouvelle c’est dans la 1ère lecture.
L’appel, il est presque tout simple, c’est celui de Jésus qui nous dit : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres ».
L’appel il est à demeurer fidèles à la Parole. C’est le chemin de notre liberté, c’est le chemin de cette liberté à laquelle nous sommes promis. D’ailleurs Jésus nous l’a dit juste après : « Si donc le Fils vous rend libres, réellement vous serez libres ».
Ceci étant, de quelle liberté est-il ici question, à quelle liberté sommes-nous promis ? La liberté chrétienne n’est pas une liberté de choix – sauf à choisir le Christ –, la liberté chrétienne c’est une libération de ce qui entrave nos vies : le péché notamment, et déjà l’emprise et l’esclavage du péché – car nous restons encore pécheurs, tant que nous ne serons pas complètement libérés, au jour d’éternité où nous serons en Dieu, sauvés en plénitude.
Libérés du péché, donc, et déjà de son emprise mortifère, libérés de son esclavage – c’est en tout cas ce que Dieu veut pour nous –, mais libérés aussi de la peur de la mort, puisque le Christ, en sa résurrection, nous a acquis la victoire de la vie et du don de soi par amour sur tout mal et toute mort. La mort n’a plus et n’aura plus le dernier mot de notre vie. C’est la promesse de vie qui nous est faite, c’est notre espérance…
Ceci étant, je reviens à l’appel que nous adresse le Christ ce matin dans cette page d’évangile : l’appel à demeurer fidèles à sa Parole, pour être vraiment ses disciples, et donc pour pouvoir entrer dans cette promesse de vie, cette promesse de liberté.
Pour demeurer fidèles à sa Parole, y’a pas de miracle – si j’ose l’expression ! –, il faut apprendre, nous le savons bien ; et comme le dit Jésus encore, dans cette même page d’évangile, il nous faut laisser place à sa Parole en nous, et donc l’écouter, l’accueillir, la ruminer, la laisser nous travailler et nous parler…
Je repensais ce matin à l’expérience des Fraternités locales que le P. de Kerimel appelait à mettre en place dans nos paroisses, il y a déjà 12 ans : un des enjeux c’était de nous aider les uns les autres, à quelques-uns d’un même village où d’un même quartier, à écouter ensemble la Parole de Dieu pour apprendre ensemble à recevoir chacun ce que le Seigneur veut peut-être me dire dans tel ou tel verset qui me touche ou me rejoint ou par tel ou tel propos que nous recevrions d’un autre et de ce partage, à l’écoute ensemble de cette même Parole.
L’enjeu de notre vie chrétienne à tous, c’est bien de recevoir la Parole comme une Parole que Dieu m’adresse, c’est de faire place en nous à cette Parole, et ainsi de devenir disciples : apprendre du Christ, à l’écoute de ce qu’il veut nous ouvrir comme chemin de vie.
Alors, je le redis : parce que nous apprendrons à être fidèles au Christ et à sa Parole, et par lui à marcher vers le Père, alors nous allons grandir en vérité – vérité de qui est Dieu et de son projet de salut pour nous, vérité aussi de qui nous sommes, pécheurs et vulnérables, travaillés par le mal mais appelés et promis au pardon de Dieu, à son amour sauveur et à sa vie éternelle –, et alors nous allons devenir vraiment libres, vivants malgré tout, au cœur même de toute rechute au péché et aussi de toute épreuve.
Et elle est là la Bonne nouvelle que la 1ère lecture met en lumière : si nous sommes fidèles au Seigneur, si nous avons appris à l’être, alors nous croyons qu’il est avec nous, quoi qu’il nous arrive. Et qu’il nous délivre des liens réels de la peur et du découragement, des liens aussi de la souffrance et de la mort.
Et avec lui nous pouvons danser de joie, malgré tout, nous pouvons marcher librement. Et c’est fécond ; et peut-être même que ça témoignera pour d’autres – comme ce fut le cas pour Nabuchodonosor…
C’est ce que le Christ a vécu : sur la Croix, le Père était là avec lui, dans le silence d’un salut qui vient. Et la vie a été plus forte que le péché des hommes et que la mort elle-même.
Puissent nos vies en témoigner humblement pour d’autres qui ont peut-être perdu toute espérance. Et puissent-elles en témoigner à l’école de la Parole de Dieu qu’est le Christ et par notre humble compagnonnage de vie avec lui. Nous le demandons au Seigneur pour nous-mêmes mais aussi pour notre Église et nos communautés chrétiennes. Amen.