Mardi de la 3ème semaine du Temps pascal
[Monastère des dominicaines de Chalais]
Ac 7,51 – 8,1a / Ps 30 / Jn 6,30-35
Nous entrons avec cette page d’évangile dans le grand discours du Pain de Vie. Mais pour l’heure la foule veut un signe. Encore. Encore car on l’entendait déjà hier ; et encore car il y a eu, très peu de temps avant, celui de la multiplication des pains – au même ch.6 de St-Jean.
La foule veut un signe – et nous aussi, parfois. Et ça résiste : la foule comme nous résiste à se laisser convertir. Sauf qu’il n’y aura pas d’autre signe que le Christ qui s’est donné par amour, une fois pour toute. Il n’y aura plus d’autre signe que lui, le Ressuscité, qui vient nourrir notre vie de sa présence même. C’est bien ce que nous célébrons et accueillons à chaque eucharistie. Et c’est bien ce que nous sommes appelés à devenir : le Corps du Christ, sa présence aujourd’hui pour ce monde et en ce monde.
Pas d’autre signe, du coup, que nous-mêmes, ou plutôt que nous en Église, nourris du Christ lui-même et de sa Parole, et au souffle de l’Esprit Saint ?!
Pas d’autre signe, oui, que l’œuvre de l’Esprit Saint qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, l’Esprit Saint que nous allons invoquer sur le pain et le vin, l’Esprit Saint qui nous est promis à nous aussi et qui est don du Père et du Fils pour que nous vivions aujourd’hui l’annonce du salut et que nous soyons les mains du Père qui veulent consoler toute détresse, et sa voix qui veut oser des paroles de consolation et de pardon.
Etienne, dans la 1ère lecture, est finalement un peu comme un « signe » de cela, un témoin en tout cas qui peut nous inspirer. Etienne est habité de l’Esprit Saint qui le fait annoncer la résurrection, quoi qu’il en coûte.
Habité de l’Esprit Saint, Etienne peut se donner par amour du Christ jusqu’au bout, en offrande de sa vie pour l’annonce du salut. Et habité de l’Esprit Saint, il peut alors pardonner comme le Christ, jusqu’à pardonner ceux qui vont le mettre à mort.
Habité de l’Esprit Saint il nous enseigne où nous sommes promis, avec Dieu, en Dieu. Promis à la vie éternelle. Or rappelons-nous ce qu’en dira Jésus un peu plus loin dans l’év. de Jean : « La vie éternelle c’est de connaître Dieu le Père et celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17,3).
Alors demandons cela. Non pas un signe de plus, mais juste la foi et l’espérance, la confiance en ces promesses de vie éternelle, ces promesses de vie pour tout-jours, c’est-à-dire la vie en plénitude, plénitude d’amour et de présence de Dieu, dans l’aujourd’hui qui nous est donné – l’aujourd’hui, oui, car l’éternité n’est-ce pas l’éternel présent de Dieu ?
Et demandons l’Esprit Saint, qu’il vienne nous éclairer et nous former, qu’il vienne nous façonner et nous ouvrir à cette vie-là. Qu’il nous donne de nous laisser convertir en ce que Dieu veut pour nous, ce qu’il veut faire par nous. Que nous devenions tout-jours plus et tout-jours mieux ce que nous célébrons et ce que nous allons recevoir : le Corps du Christ, signe et salut de Dieu pour le monde, ensemble, en Église. Amen.