Mardi de la 15ème semaine du Temps Ordinaire
Ex 2,1-15a / Ps 68 / Mt 11,20-24
Nous le savons, mes sœurs, toute l’histoire biblique est une longue pédagogie du salut : à la fois la grande histoire de Dieu qui veut se faire connaître de nous et nous révéler son salut, et en même temps la longue et laborieuse histoire de notre humanité qui append à comprendre et à connaître Dieu et à accueillir ce salut qu’il veut pour nous.
Et nous le savons, à force de fréquenter les Écritures, cette grande histoire du salut elle est tissée de toutes les petites histoires de vie de tant d’hommes et de femmes que Dieu vient rejoindre, toutes leurs histoires de salut à chacun ; comme celle de Moïse, par exemple – avec déjà ce qu’on a entendu dans la 1ère lecture –, puis avec le peuple d’Israël – grâce à Moïse, d’ailleurs, qui recevra mission de le conduire… Et puis tant d’autres encore et après…
Dans tous ces récits – et dans l’histoire de Moïse notamment – ce qui nous est donné à entendre c’est que Dieu est là, que des gens sont mis sur notre route qui vont prendre soin de nous – comme la fille de Pharaon –, et même que Dieu pourra se servir de nos chutes, de nos égarements, nos détours de vie, nos méandres, pour venir là se révéler et tisser avec nous l’histoire du salut – et la nôtre déjà.
Et le drame de ces villes que Jésus a citées dans l’évangile de ce jour, leur drame sur lequel il se lamente, c’est de n’avoir pas su voir que Dieu était là, que Dieu visitait son peuple, que Dieu l’appelait à la conversion, c’est-à-dire qu’il l’invitait à se laisser transformer par sa présence – la présence de Dieu – et par ses appels – des appels de vie.
La conversion c’est à la fois un appel et en même temps c’est en fait un don que Dieu veut nous faire. Il s’agit de bien vouloir se laisser faire par Dieu, se mettre en disposition de lui laisser place, au cœur de ce que nous vivons, au cœur de nos questionnements de vie et de foi, et à l’écoute de ce qu’il nous dira. Pour entendre et mettre en pratique. Et entendre quoi ? Son salut, Dieu qui veut nous sauver du mal et de la mort, Dieu qui veut nous tirer des « eaux » du péché et nous tirer de la « vase » du malheur et des épreuves – tout ce qui nous tombe dessus et qui nous paralyse ou nous cloue au sol.
Et là nous allons avoir besoin de croiser des filles de Pharaon ou des Moïse en chair et en os qui soient à leur mesure des témoins en actes de ce salut, des témoins en actes, par leur présence, de l’amour sauveur de Dieu. Et nous le savons bien, c’est ce que Jésus va nous inviter à vivre les uns pour les autres.
Et elle là aussi la conversion, la conversion à laquelle il nous appelle : consentir à répondre, consentir à vivre de son salut, en vivre pour d’autres, en être témoins dans notre vie de tous les jours. Pour permettre à d’autres de faire cette expérience d’être eux aussi « tirés des eaux », les eaux du mal et de tout chemin de mort.
Alors certes, nos vies sont loin d’être parfaites, mais Dieu fait avec. Moïse lui-même avait tué un homme et il a pris la fuite par peur de Pharaon et sans doute aussi par honte de lui-même. Et pourtant… Et pourtant Dieu va lui faire confiance, malgré tout… ce sera la suite de l’histoire…
Parfois nous aussi nous nous sentons indignes, trop pécheurs peut-être et bien souvent pas assez sûrs de notre foi. Ce qui nous est juste demandé c’est de faire confiance au Seigneur, c’est de le laisser faire, c’est de lui faire place et même d’oser crier vers lui, comme le psalmiste.
C’est beau d’ailleurs ce que nous avons entendu dans ce Psaume 68 de ce jour, quand le psalmiste s’écrie : « J’enfonce dans la vase du gouffre, rien qui me retienne ; je descends dans l’abime des eaux, le flot m’engloutit. Et moi je te prie, Seigneur : c’est l’heure de ta grâce ; (…) que ton salut, Dieu, me redresse. Et je louerai le nom de Dieu » …
Et moi je te prie, Seigneur…
Que ton salut, Dieu, me redresse… [C’est ça la résurrection !] …
Et je louerai le nom de Dieu…
Et la réponse de Dieu – dans le psaume toujours – : « Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu » … Vie et joie… Vie et joie à nous qui cherchons Dieu.
Chercher Dieu, chaque jour, c’est bien le sens de votre vie, mes sœurs ; et c’est aussi ce que vous êtes invités à vivre cette semaine, vous les jeunes qui êtes en retraite : chercher Dieu, lui faire place, vous tenir en sa présence.
Et là il nous rejoint ; et même il nous attend. Car toujours il nous précède. Amen.