Homélie jeudi 12 oct. 2017

Jeudi de la 27ème semaine du Temps Ordinaire

Ml 3,13-20a / Ps 1 / Luc 11,5-13

Ce qui m’a frappé spontanément dans la 1ère lecture c’est la miséricorde du Père, alors même que ses paroles peuvent nous paraître dures, et elles le sont. Sa miséricorde qui en appelle à notre liberté.

Dieu pose une parole qui dit ce qui s’est passé, à savoir le fait que les fils d'Israël ont eut des paroles blessantes pour lui et qu’ils ont préféré se détourner de lui plutôt que de le servir. C’est une parole de jugement que prononce Dieu au sens où elle met en lumière ce qui se joue, mais sans être une parole de condamnation, car c’est une parole qui ouvre à la discussion entre les fils d’Israël et qui va aboutir à une sorte de pacte de mémoire avec Dieu qui entend, comme un renouvellement de l’Alliance.

Et Dieu n’enferme pas dans le jugement ou la sentence qu’il prononce alors, il pose une parole de liberté et de responsabilité. Certes il y a bien jugement, et il y aura un choix à faire, mais la seule condition que Dieu mette c’est celle de la liberté des fils d’Israël. Voudront-ils ou non servir le Seigneur ? Si oui, alors il les accueille. S’ils veulent se tourner vers lui, ils auront leur place, et il leur offrira, dit-il, la guérison.

Il me semble que dans l’évangile qu’on vient d’entendre il est aussi question de cette même liberté qui est notre responsabilité. Nous sommes dans la suite d’hier où Jésus donnait le Notre Père à ses disciples qui voulaient appendre à prier. Suite de l’enseignement : avoir foi, avoir confiance, que le Seigneur entend nos prières, que le Seigneur nous exaucera comme un Père prend soin de ses enfants, comme un ami veut prendre soin d’un ami.

Mais Dieu ne va pas nous exaucer comme par magie ou comme par enchantement. Nous sommes invités à exercer notre liberté, c’est notre responsabilité. Sans doute Dieu sait-il ce dont nous avons besoin et sans doute peut-il y répondre. Mais il nous faut le lui demander, il nous faut mettre des mots, il nous faut nous adresser à lui comme à quelqu’un qui est là.

Et Jésus insiste ! Il le dit en trois formules qu’il va même répéter, comme pour être sûr que nous ayons bien entendu ou compris ! « Demandez, vous recevrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez et on vous ouvrira » Et il ajoute : « En effet quiconque demande, reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira »…

Deux choses m’ont étonné. Qui ont un lien, je crois. Il ne s’agit pas seulement de demander, mais aussi de chercher. Mais chercher quoi ? Et, deuxième chose, ce qui va nous être donné, poursuit Jésus, c’est l’Esprit Saint, à qui le lui demandera. L’Esprit Saint. C’est la réponse que nous aurons, mais c’est aussi ce qu’il nous faut demander. Et c’est là qu’il va falloir chercher…

Parce que si j’en crois ce que Jésus nous dit ce matin, l’Esprit Saint c’est le cadeau le plus précieux que Dieu puisse nous faire, et peut-être même la seule chose qu’il veuille ou qu’il puisse nous donner. C’est ce dont nous avons besoin, quoi que nous traversions, et quoi que nous demandions. Et c’est là, au cœur de ce que nous traversons, justement, au cœur de ce que nous voulons demander à Dieu, qu’il nous faut en fait demander l’Esprit Saint et chercher quels chemins de réponses il souffle en nous, demander cette lumière et cette force qui nous aidera, dans le silence de la prière, à trouver ou à entrevoir le chemin de réponse qui se dessine.

Quand nous demandons à Dieu, par exemple, que tel conflit avec je ne sais qui trouve une solution, ne demandons pas du coup, ou ne demandons pas seulement, sa résolution, comme par magie, même si c’est bien celle-ci que nous cherchons ou que nous souhaitons ; demandons au Seigneur que l’Esprit Saint nous soit donné, au cœur de ce conflit, qu’il vienne nous éclairer, qu’il vienne nous donner de voir comment avancer, et qu’il nous donne à chacun sa paix pour que nous puissions désirer, justement, avancer…

Ou quand nous traversons une épreuve et que nous voudrions qu’elle ne soit pas et que nous demandons à Dieu de nous en délivrer, parfois comme par enchantement, demandons que là aussi, au cœur de cette épreuve, l’Esprit nous soit donné, qu’il soit notre force pour avancer, malgré tout, qu’il soit notre force pour traverser, et que là, il nous donne entendre les appels de la vie qui nous sont peut-être adressés ; que l’Esprit soit notre lumière pour discerner, pour chercher, la vie qui est là, malgré tout, la vie qui nous traverse, aussi imperceptible et fragile serait-elle, mais qui est là quand même et qui avec le Christ, nous le croyons, est et sera plus forte que tout mal...

Dans le temps de silence que nous prenons maintenant, nous prenons le temps de confier au Seigneur nos demandes du moment, ce qui nous tient en souci peut-être, en tout cas ce qui nous habite. Et là nous lui demandons son Esprit Saint, ce même Esprit Saint que nous allons invoquer dans quelques instants sur le pain et le vin pour que nous devenions ensemble et chacun, à notre mesure, ce que nous allons recevoir, le Corps du Christ.

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