Homélie sam. 30 sept. 2017

Samedi de la 25ème semaine du Temps Ordinaire / St Jérôme

Za 2,5-9.14-15a / Ct de Jr 31,10.11-12ab.13 / Luc 9,43b-45

Dans cette page d’évangile, nous venons d’entendre cette incompréhension des disciples face à l’annonce que Jésus leur fait qu’il va être livré aux mains des hommes. Et pourtant, ils sont sans doute, ils étaient, de l’admiration des foules, en raison notamment des miracles qu’il accomplit et à propos desquels, régulièrement, il demande qu’on n’en parle pas parce que le peuple n’est pas encore prêt à comprendre quel Messie il est, pas un guérisseur au sens d’un faiseur de miracles, mais un « annonceur » du salut dont ces miracles, vous le savez, sont le signe.

Admiration, donc, et incompréhension… C’est peut-être en raison même de cette admiration que les disciples ne peuvent entendre vraiment ce que Jésus est en train de leur dire... Comment sera-il possible, comment est-ce envisageable, que le Dieu tout-puissant laisse faire cela, que le Fils de l’homme soit livré aux mains des hommes ?

Rappelez-vous, ce fut déjà la réaction de Pierre, à la même annonce, après sa confession de foi, dans l'évangile de Matthieu, et ce sera encore la question de bon nombre de personnes au pied de la croix quand elles diront : « Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi toi-même. »

Pour nous c’est facile, j’ai envie de dire, nous connaissons la fin de l’histoire. Et pourtant, il nous faut l’entendre vraiment, il nous faut y croire. Et pour cela, nous aussi il nous faut, comme St Jérôme, scruter les Écritures, nous y plonger, jour après jour, pour comprendre et connaître qui est vraiment Dieu et comment il s’est révélé, comment il se rend présent, afin d’entendre nous aussi et comprendre un peu comment aujourd’hui encore il se révèle et veut se dire à nous.

Le Fils de l’homme, le Fils de Dieu, a été livré aux mains des hommes. Il ne s’est pas soustrait à la violence et à la souffrance. Il nous aime jusque là, nous qui sommes traversés nous aussi par le non-sens du mal et qui souvent, parfois, nous demandons où Dieu est quand nous souffrons ou pourquoi il laisse faire… Jésus nous aime jusque là, jusque dans l’épreuve de la violence, de la souffrance et de la mort ; il ne se soustrait pas, pour nous emmener avec lui dans sa promesse de résurrection.

Et voilà qu’aujourd’hui encore il se livre entre nos mains pour être présent dans ce monde. Il compte sur nous, il nous envoie à sa mission, chacun selon nos charismes, à l'écoute des appels de l’Esprit Saint et des appels de ce monde. Puissance de Dieu livrée à la fragilité de qui nous sommes, dans nos oui à l’Evangile comme dans ces non qui sont parfois les nôtres…

Et quand nous nous approchons pour communier, nous ferons encore plus attention que d’habitude, là aussi il se livre entre nos mains, ces mains qui s’ouvrent pour le recevoir dans ce mystère qu’est l’eucharistie. Cela devrait toujours faire notre admiration, celle-là même de la foule et des disciples face aux signes du salut ; jamais nous ne devrions nous habituer ou vivre ce mystère avec routine. Même s’il en prend le risque…

Et il se livre entre nos mains en prenant cet autre risque qu’elles se referment et qu’elles le gardent pour elles, au lieu de rester ouvertes pour le porter et en vivre en ce monde. Nous voilà ici comme Jérusalem, dans la 1ère lecture, appelés à être ouverts, ouverts à l’autre et à ce monde, pour être et devenir témoins en actes de la présence de Dieu.

Rappelez-vous, Jérusalem, pour Israël. Jérusalem c’est la ville qui abrite le Temple, le Temple qui est ce lieu donné et construit pour que le peuple n’oublie pas que Dieu est là. Jérusalem c’est la ville de Dieu, pour Israël, où lui est annoncé que toutes les nations, un jour, convergeront vers elle, qu’Israël n’a pas été choisi et créé pour garder Dieu pour lui, mais qu’il a reçu mission d'être témoin pour les nations qu’il y a un Dieu qui est là, un Dieu qui a fait alliance avec toute l’humanité, un Dieu qui veut se faire connaître.

Comme Jérusalem qui doit rester ouverte, nous a dit le prophète Zacharie, et comme Jérusalem où Dieu promet sa présence, a-t-il ajouté, nous aussi nous sommes missionnés par le Christ pour devenir présence, signe en actes de sa présence, être ses mains qui vont prendre soin de celles et ceux que nous allons rencontrer, ces mains dans lesquelles ce matin encore il va se livrer.

Je me permets, mes soeurs, de vous rappeler les 4 verbes que je citais dimanche, qui disent l’agir pastoral du pape François auquel il nous exhorte nous aussi, ces 4 verbes qui guident son texte Amoris laetitia, ces 4 verbes qui nous disent finalement comment faire être et rester dans cette posture d’ouverture : accueillir, accompagner, discerner, intégrer.

Je vous invite ce matin à rendre grâce pour ce mystère du Christ qui se livre entre nos mains, pour rejoindre chacun ; et nous demandons au Seigneur, dans cette eucharistie, qu’il façonne toujours et encore nos cœurs à entendre dans le silence de la prière et dans l’écoute de sa Parole, combien il se fait présence, combien il nous aime, entendre et croire qu’il est notre force dans ce qui veut nous donner de vivre à sa suite, être à notre mesure et en lui, avec lui, signes et présence de Dieu pour ce monde. Amen.

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