16 Février 2015
Il m'aura fallu de nombreuses semaines pour y parvenir, je viens de finir ce livre de Denis Moreau, philosophe chrétien qui enseigne à l'université de Nantes.
Comment dire... ? Ces pages m'ont à la fois passionné, intrigué, stimulé, agacé, interrogé, tout autant qu'elles sont intéressantes mais au final difficiles.
C'est de la philosophie, il faut s'accrocher. Mais c'est bizarre. C'est de la philosophie chrétienne et même théologique qui semble tourner à l'acte de foi (ce que sont clairement, il me semble, les dernières lignes de l'ouvrage).
Tout autant que c'est vraiment intéressant et fort stimulant pour la pensée c'est finalement agaçant car on ne sait au final dans quel champ de recherche ou de pensée on se situe. A tel point d'ailleurs qu'au beau milieu du livre on se dit qu'en fait on ne fait plus de philosophie mais qu'on a basculé dans la théologie, à tel point d'ailleurs et encore que l'auteur lui-même finit par justifier cela comme un acte de philosophie qu'il revendique comme tel. Pourquoi pas, aprés tout, je ne sais. Ce serait donc un livre de philosophie spirituo-théologico-religieuse du christianisme, et par là même du salut...
Quoi qu'il en soit c'est vraiment intéressant. Même si c'est ardu dans la façon de passer d'un champ de pensée à l'autre et dans la façon de nous faire naviguer dans les auteurs et les concepts philosophiques et théologiques.
Le cœur de l'ouvrage c'est la quatrième partie, sur la libération ; ou, pour le dire autrement, sur la question du salut chrétien, au regard critique de la philosophie, celle de Nietzsche mais aussi celle de Heidegger en conclusion, tout comme celles de Spinoza, Malebranche, Pascal et Wittgenstein.
Cette partie est précédée d'une réflexion préliminaire et indispensable en trois chapitres sur les croyances, d'abord, puis sur les fautes et sur la mort. Être sauvé de nos fautes et de la mort et du lien qui existe ou que l'auteur et la philosophie peuvent faire entre celle-ci et celles-là...
Ce livre se présente comme un parcours, annoncé de façon stimulante dans les vingt pages d'introduction qui donnent vraiment envie de se lancer dans l'aventure des quelques 350 pages suivantes. Et l'on découvre à partir de la p. 307 (puis aux p. 316-317 et p.340) que l'objectif de ce long chemin est clairement de parler philosophiquement de l'intérêt ou du sérieux de croire en la résurrection de Jésus et de comprendre ainsi, philosophiquement, ce que peut apporter le christianisme à l'homme contemporain, au moins comme style de vie orienté par un désir d'absolu et de bonheur et donc par une croyance (pour reprendre ce terme plus large que celui de la foi).
Intéressant, donc, même si ça peut paraître déroutant et même si c'estdifficile...
Denis Moreau, Les voies du salut. Un essai philosophique, Bayard, avril 2010, 419 pages (18,50 €).