Homélie dimanche 27 septembre 2015

26ème dimanche du Temps Ordinaire / Année B

St Savin (avec baptêmes)

Nb 11,25-29 / Ps 18 (19) / Jc 5,1-6 / Mc 9,38-43.45.47-48

Normalement, si vous avez été attentifs à ces lectures et notamment à cette page d’Evangile vous êtes sans doute un peu heurtés et peut-être même choqués par ce qu’on vient d’entendre, ou alors vous n’avez pas bien entendu ! Il est où ce Dieu d’amour dont on parle tout le temps ? Et c’est vrai que sans doute ce n’est pas ces textes là que vous auriez spontanément choisis pour un baptême ! Sauf que je fais ce pari que dans ces mots, Dieu a quelque chose à nous dire aujourd’hui, quelque chose d’important, notamment pour ce que nous célébrons avec les baptêmes de ce matin, même si, c’est vrai que ces paroles de Jésus, je viens de le dire, ont quelque chose de vraiment radical…

C’est même tellement radical que ça pourrait nous faire hésiter à le choisir comme maître. Or être chrétien, vivre de ce baptême que nous avons reçu ou que Lili-Jeanne et Léana vont recevoir tout à l’heure, être chrétien c’est décider de suivre Jésus parce que nous voulons que sa vie et son message ce soit comme une charte de vie pour nous. Nous osons croire que Jésus et son message ça concerne notre bonheur et que ce qu’il nous révèle de Dieu et qu’il nous propose c’est chemin de bonheur… Vous allez me dire, ok, pourquoi pas, mais ce qu’on vient d’entendre, c’est aussi pour notre bonheur ? Personnellement, je ne suis pas sûr d’avoir envie d’y laisser mes mains, mes pieds ou mon œil !

Demandons-nous ce que cela veut dire… Ce texte d’évangile nous parle de ce que c’est être disciple. Il s’agit de vivre concrètement comme Jésus et à sa suite, il s’agit d’être comme lui et avec lui dans une sorte de combat pour le bien – d’ailleurs, tout à l’heure, juste avant le baptême, nous vivrons ce qu’on appelle la renonciation au mal, vous verrez. Jésus est celui qui chassait les esprits mauvais ; il est celui qui a pris soin du pauvre qui avait soif. Voilà ce que nous sommes appelés à vivre : mettre en pratique la Parole de Dieu, mettre en pratique les appels de l’Evangile. Pour le dire autrement, vivre l’appel à aimer, jusqu’à aimer nos ennemis dira un jour Jésus.

Je suis désolé de vous l’apprendre, mais il y a des gens qui le font mieux que nous, alors même qu’ils ne sont peut-être pas baptisés ou qu’ils ne connaissent ni Dieu ni Jésus. Ça devrait nous choquer, comme les disciples sont choqués. Mais pas nous choquer que des non-chrétiens soient bons, mais que nous, chrétiens, ne vivions pas toujours ce en quoi nous croyons pourtant. Rappelez-vous ce verset de l’évangile de Jean, au moment du Lavement des pieds : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autre que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples »…

De fait, avouons-le, nous n’y arrivons pas toujours. Nous sommes pécheurs, faillibles. Mais Dieu nous aime quand même. Et c’est pour cela qu’il veut sans cesse nous offrir son pardon. Non pas pour nous excuser ou tout effacer comme si de rien était, non, ce serait trop simple, mais pour nous redonner confiance, nous faire entendre que rien n’est jamais perdu, qu’il y a en chacun du bon et du beau à développer, et que lui, Jésus, peut même nous donner la force de sa présence et son Esprit Saint, pour que nous grandissions sur le chemin de la vie.

Alors, oui, parfois nous n’y arrivons pas. Parfois même nous n’avons pas envie d’aimer comme Jésus nous appelle à aimer. Mieux vaudrait alors pour nous, dit Jésus, que ce qui nous entraîne à pécher soit enlevé, pour que nous ne péchions plus… C’est là qu’il parle des mains, des pieds et de l’œil…

Ce n’est pas par hasard qu’il parle des pieds, des mains et de l’œil. Être chrétien c’est marcher, marcher dans ce monde à la recherche de Dieu et à la rencontre de hommes et des femmes qui cherchent un sens à leur vie ; c’est aussi être et à la recherche de toujours plus de justice. Être chrétien c’est vivre concrètement l’appel à aimer qui est déjà appel à prendre soin de l’autre ; pour cela nous avons besoin de nos mains qui vont soigner les blessures ou oser un geste de tendresse qui redonne confiance. Et puis être chrétien c’est apprendre à regarder chacun et chaque situation avec les yeux mêmes de Dieu, c’est-à-dire en regardant l’autre sans le juger, en regardant en l’autre ce qu’il y a de bon et de beau, parfois très enfoui, en lui comme en nous. C’est croire que chacun a en lui cette potentialité et ce talent qui vaut le coup d’être mis au jour.

Voulons-nous vivre cela ? Parce que, excusez-moi de vous le dire, être chrétien, être disciple de Jésus, ce n’est pas seulement un souvenir sur une photo de baptême ou venir pieusement à la messe le dimanche, ce n’est pas non plus savoir des choses sur Jésus et parler de lui, même si nous le faisons peut-être très bien. Être chrétien ce n’est pas non plus être des grands priants enfermés chez eux. Être chrétien c’est agir concrètement au nom de Jésus et de l’Evangile, c’est vivre en paroles mais aussi en actes ce que Jésus nous enseigne dans les évangiles. Non pas qu’il ne faille pas prier ou aller à la messe no annoncer ce en quoi nous croyons, évidemment, mais ce que nous annoncerons sera crédible parce que nous le vivrons concrètement. Et nous arriverons à le vivre concrètement et de façon ajustée parce que dans la prière nous demanderons à Dieu de nous éclairer et que son Esprit d’amour et de vérité vienne nous souffler les chemins à prendre…

Alors, oui, les appels de Jésus, ce matin, comme ceux de Jacques dans la 2ème lecture, ont quelque chose de radical. Tout simplement parce qu’être chrétien ça demande de notre part quelque chose de radical. Ça demande d’accepter de nous laisser bousculer par la Parole de Dieu – et donc de l’écouter – ; ça demande d’oser dénoncer les situations d’injustice où l’homme est bafoué ou exploité. Et ça demande d’apprendre à aimer, déjà entre nous, entre chrétiens mais aussi dans nos familles, pour qu’ensemble nous puissions être de ceux qui vont être les mains et les pieds de Jésus, aujourd’hui, pour qu’il soit présent à notre monde…

Dans quelques instants nous allons vivre le baptême de Lili-Jeanne et de Léana. Nous prenons le temps, maintenant, de la prière pour elles, mais aussi pour chacun de nous qui avons été baptisés un jour. Que leur baptême et le nôtre soit un engagement de vie à la suite de Jésus, et que nous puissions chacun à notre mesure nous y aider ; que ce baptême de Lili-Jeanne et de Léana soit pour nous tous aujourd’hui comme un réveil de notre propre baptême et de cet appel que nous avons reçu à vivre concrètement l’évangile, chaque jour.

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