Homélie dimanche des Rameaux 2024

Homélie dimanche des Rameaux 2024

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur - Année B

Mc 11,1-10

Is 50,4-7/ Ps 21 (22) / Ph 2,6-11 / Mc 14,1 – 15,47

 

Deux choses me frappent dans tout ce qu’on vient d’entendre…

La première c’est à propos de la foule : entre celle qui acclamait le Christ tel un roi et celle qui se défile – la même, parfois !? – ou celle, en tout cas, qui le condamne.

Ça me frappe parce que dans nos vies c’est un peu pareil, il y a parfois comme ces deux foules en nous : à la fois on est touché, peut-être même bouleversé, par ce que nous savons de Jésus, par ce que nous découvrons de lui, par ce que nous voulons bien entendre et croire de ce qu’il nous révèle de Dieu et du salut ; et pourtant c’est difficile le chemin qu’il nous propose : aimer et nous faire proche – aimer l’autre quel qu’il soit et quoi qu’il ait pu faire –, nous réconcilier et pardonner toujours et encore.

Et puis nous butons sur le mystère du mal, dans nos vies comme dans ce monde. Et alors même que nous voulons bien croire en Dieu – et peut-être même que nous avons déjà expérimenté quelque chose de son salut –, il nous arrive pourtant de douter, notamment à cause de nos représentations ou de nos attentes vis-à-vis de sa toute-puissance ; et il peut nous arriver alors de nous dire : à quoi bon, à quoi bon y croire, et du coup à quoi bon essayer de vivre les appels de l’Évangile ? Et comme le fils prodigue (en Lc 15) nous préférons alors vivre notre vie. Et comme la foule nous préférons alors nous ranger du côté de ceux qui ne veulent pas de ce Fils de Dieu qui bouscule et qui dérange, nous préférons nos sécurités premières et immédiates, nous préférons le confort et les équilibres que nous avons mis en place, et pour le reste on verra. On se dit même : si Dieu existe vraiment, alors il saura bien nous le montrer… et il ferait bien !

C’était mon premier point, la première chose qui me frappe : la foule…

La deuxième chose qui me frappe toujours, chaque année – et cette année encore –, c’est d’entendre que Jésus ne se défile pas. S’il est bien le Fils de Dieu – ce que nous croyons, nous qui savons déjà sa résurrection –, s’il est bien Dieu lui-même qui s’est abaissé jusqu’à nous – comme nous le redisait la 2ème lecture – alors il aurait pu éviter tout ça, il aurait pu sauver sa peau !? Mais non…

Jésus ne se défile pas, il ne sauve pas sa peau. Il se laisse sauver par un Autre, le Père. Personne ne peut se sauver soi-même, pas même lui le Christ. Et il consent pour cela à entrer dans le temps du Père, jusqu’en son silence et jusqu’en l’attente d’un salut qui peut sembler ne pas venir, du moins pas de façon immédiate ; et il consent à s’abaisser jusqu’au plus bas de la souffrance et de la mort qui traversent notre vie à tous.

S’il consent à aller jusque-là, par amour, c’est pour nous ouvrir un passage, pour nous indiquer un chemin, celui du salut et de la résurrection, celui d’une promesse de vie et d’espérance, celle de la vie et du don de soi par amour qui sont vainqueurs de tout mal et de toute mort. De façon ultime, ou plutôt pleine et entière, par la mort et la résurrection de Jésus – ce que nous allons fêter ces jours – mais aussi et déjà, en fait, dans ce que l’Évangile nous appelle à vivre dans l’humble quotidien de nos jours.

On l’entendra jeudi quand Jésus dira au soir du lavement des pieds : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous » (cf. Jn 13)… Or qu’a-t-il fait ? Par lui, Jésus, Dieu s’est fait proche, il s’est abaissé jusqu’à nous ; et dans ce geste étonnant où il va prendre soin des pieds fatigués et abimés par la route et par les sentiers rocailleux, que fait-il si ce n’est apaiser, soigner et guérir, et permettre ainsi à l’autre qui est là de pouvoir se relever et pouvoir alors continuer le chemin ? C’est déjà cela aimer – aimer comme le Christ nous a aimés…

Mais pour l’heure Jésus meurt, par amour. Et ce long récit qu’on réentendra dans la semaine veut nous inviter déjà à avancer pas à pas, au fil des jours ; avancer avec Jésus, pour nous laisser conduire par lui en cet abaissement total qu’il vit pour nous. Avancer pas à pas avec lui, le Christ Jésus, dès aujourd’hui et toute la semaine, et pouvoir ainsi déposer au pied de sa croix nos cris et nos douleurs, déposer aussi la violence qui peut nous traverser et notre péché, mais également nos difficultés ou nos refus à pardonner. Ainsi nous allons pouvoir entrer avec lui, le Christ, dans ce retour au Père qu’il inaugure pour nous. Y entrer avec lui, et là nous laisser sauver, nous laisser sauver par Dieu.

Alors oui nous pouvons nous écrier « Hosanna », c’est-à-dire « Sauve-nous » ! C’est notre prière, c’est-à-dire une demande que nous lui faisons. Mais c’est aussi un acte de foi que nous posons – ce sera même la Bonne nouvelle de la nuit de Pâques – : « Hosanna » – « Sauve-nous » –, Toi qui es bien le Dieu qui sauve ! Amen.

Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :